Discours de Denis Kadima devant les présidentiables : pas un mot sur le déploiement du matériel électoral ni sur le coût du global du scrutin !

De la rencontre de la Ceni à Hilton hôtel avec les candidats à la présidentielle du 20 décembre 2023, le Citoyen lambda pourrait ne retenir que la poignée des mains entre Félix Tshisekedi et Martin Fayulu. La puissance du 4ème Pouvoir (médias) en a voulu ainsi.

Très beau geste, il faut bien l’admettre, car des deux acteurs majeurs, après tout ce qui s’est passé et se dit autour des élections du 30 décembre 2023, on n’en attendait pas plus.
Oui, c’est une première dans l’histoire du Congo que de voir des candidats – dont l’un en fonction – partager un même espace et échanger en toute convivialité.
Toute la journée du lundi 13 novembre, cette image a focalisé l’attention de l’opinion.
C’est en début de soirée qu’au travers des prises de position de Martin Fayulu et de Delly Sessanga qu’on a compris que la partie n’a pas été facile pour Denis Kadima qui, à un moment, a levé le ton lui aussi.
La passe d’armes a été marquée par deux phrases bibliques : « J’aimerais ici paraphraser le Seigneur Jésus-Christ qui sur sa Croix disait : ‘Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font », a déclaré Denis Kadima.
«Père pardonne Kadima d’avoir choisi d’organiser un processus opaque. Il a aussi rappelé que le crime parfait n’existe pas», a déclaré pour sa part Martin Fayulu.
Les critiques ont porté essentiellement sur le fichier électoral que les opposants continuent de qualifier « non-fiable ». Ce qui n’est pas l’avis de la Céni.
Bien que ne partageant pas totalement leur avis, le Président de la République candidat à sa succession s’est plaint du sujet du monnayage du remplacement des cartes défectueuses à FC10.000 FC. «Ma représentante a été victime de cela», a-t-il révélé.
Conséquence : la signature du code de bonne conduite – objectif premier de la rencontre – n’a pas eu lieu.
Du mot de circonstance du président de la Ceni, tout a été dit. Sauf le déploiement du matériel électoral et le coût du financement global des opérations de vote.
Si Denis Kadima a fait allusion à l’acquisition de «28 bateaux dont 9 de grand format de type catamaran et 19 de type whaly», s’il a aussi soutenu que «L’impératif de temps a obligé la CENI à utiliser le transport aérien pour acheminer le matériel des pays de production aux hubs de réception et aux sites des opérations, avec une incidence budgétaire conséquente», c’est par rapport aux opérations d’identification et d’enrôlement des électeurs.
Or, on est maintenant à l’étape non compressible du déploiement du matériel électoral.
Dans la livraison intitulée «Au cas où vous l’auriez oublié, le Gouvernement avait remis le 29 octobre 2018 à la Céni le matériel logistique pour le déploiement des kits électoraux» du 22 octobre 2023, il a été rappelé que le 29 octobre 2018, la Ceni avait exposé sur le Boulevard du 30 juin et à l’aéroport militaire de Ndjili les engins roulants (automobiles Kamaz appartenant aux Fardc) et les engins volants (avions et hélicoptères) mis à sa disposition par le Gouvernement. On était quasiment à 60 jours du 30 décembre, date retenue pour le scrutin.
Aujourd’hui, nous sommes à presque 35 jours de l’échéance, et ce, pour paraphraser le président de la Ceni dans «un pays sous-continent, avec très peu d’infrastructures et des problèmes structurels connus».
En effet, dans son discours, Denis Kadima aligne plutôt des chiffres :
– centres d’inscription passé de 17.783 à 22.284, soit une augmentation de 25,3% ;
– pour l’élection présidentielle, la CENI avait reçu 21 candidatures en 2018, et 26 en 2023 ;
– pour l’élection des députés nationaux, la CENI avait reçu 15.449 candidatures en 2018, et 25.832 en 2023 ;
– pour l’élection des députés provinciaux, la CENI avait reçu 19.634 candidatures en 2018 et 35.104 en 2023 ;
– 150.000 personnes pour mener l’opération d’identification et enrôlement des électeurs à travers les 26 provinces réparties en trois (3) aires opérationnelles ;
– 5 pays pilotes, à savoir l’Afrique du Sud, la Belgique, le Canada, les Etats-Unis et la France ;
– 47 millions d’électeurs en faisant un savant mélange des techniques habituelles avec des innovations telles que l’utilisation par les électeurs d’une application mobile de pré-enregistrement ;
– 43.955.181 électeurs enrôlés dont 22.026.918 femmes et 21.928.263 hommes ;
– pour la députation nationale, 25.832 candidatures dont 21.187 Hommes et 4645.1 Femmes (17%) ;
– pour la députation provinciale, 44.110 candidatures dont 32.897 Hommes et 11.213 (25,4%) Femmes ;
– pour les Conseillers communaux des chefs-lieux des provinces, 31.234 candidatures dont 17.663 Hommes et 13.571 (43,4%) Femmes ;
– pour le Président de la République, 26 candidats dont 24 hommes et 2 (7,7%) femmes.
Pour les scrutins du 20 décembre 2023, la Céni annonce l’ouverture de :
– 22.284 sites de vote ;
– 24.889 centres de vote;
– 75.478 bureaux de vote, dont 22 dans 5 de la diaspora ;
– 176 Centres Locaux de Compilation des Résultats vont fonctionner à travers le pays et il est prévu au maximum 680 électeurs par bureau de vote.
Seulement voilà : le discours ne dit mot du financement global du processus électoral. C’est dans la salle qu’on découvre que la Ceni a déjà encaissé du Gouvernement la somme colossale de USD 800 millions et en attendant le solde de USD 300 millions sur un budget fixé à USD 1, 100 milliard. Se peut-il que ces 300 millions vont servir au déploiement !
Ainsi, à 35 jours du scrutin, on réalise que le Gouvernement doit encore à la Céni cette somme, et que la Céni elle-même n’a encore rien dit sur les engins roulants et flottants devant assurer la logistique du déploiement.
Il appert que l’équipe Denis Kadima au contrôle de tout ! Occasion appropriée pour rappeler la livraison du 18 octobre 2023 intitulée ” Le processus électoral a tout d’une grossesse “. Son premier paragraphe était rendu en ces termes : «Une grossesse peut arriver à terme, et l’enfant naître bien portant, mal portant ou, hélas !, mort-né. Elle peut être aussi interrompue pour une raison ou une autre. Si un ratage retentissant est arrivé aux élections sous Trump aux Etats-Unis, il n’est pas exclu pour la RDC de le vivre. Mieux, de le subir».
Touchons du bois…
Omer Nsongo die Lema