Disparition brutale de José Nawej : Voici le témoignage poignant de Ntantu Meyi  

Très affecté, l’ex-ministre Jean-Marie Ntantu Meyi a fait un témoignage poignant aux obsèques de José Nawej, Editeur du Journal Forum des As. A l’en croire, la mort est un désastre, quelle qu’en soit la cause, et quel que soit l’âge du défunt. Quand elle arrive lentement, comme dans le cas d’une maladie normale, la famille, les proches et les amis sont prévenus et le coup ne porte peut-être pas de la même façon. Mais quand on apprend que la mort s’en est prise à une personne forte, en bonne santé, vacant à ses occupations comme d’habitude, c’est le cas de José, il faut avoir vécu cette expérience pour comprendre à quel point une telle mort est paralysante.

Témoignage aux obsèques de Jose Nawej Editeur du Journal Forum des As

Chers membres de la famille NAWEJ, Chers amis de la presse, Mes Dames et Messieurs, Chers frères et sœurs,

La disparition brutale, inopinée et inexplicable de José Nawej, un camarade, un grand ami depuis plus de 35 ans, un compagnon de lutte, avec qui je partageais les mêmes convictions et les mêmes valeurs de Gauche, un journaliste de grand talent, d’une fécondité de l’esprit hors pair, nous a plongés, m’a plongé dans une grande affliction.

Qui l’eût cru?

Lorsque la funeste nouvelle m’a été rapportée aux premières heures de ce dimanche 05 novembre, j’étais tétanisé, atterré, sonné. J’ai tremblé de la tête aux pieds et je ne savais pas réagir. Mon cœur a soudain semblé cesser de battre et le sang chaud qui coule dans mes veines s’est glacé pendant un long moment. Il ne pouvait pas en être autrement s’agissant de José. Comment pouvais-je empêcher cela? Car comme a dit Confucius: « La mort a toujours été au rendez-vous du destin des hommes… ».

Chers amis,

La mort est un désastre, quelle qu’en soit la cause, et quel que soit l’âge du défunt. Quand elle arrive lentement, comme dans le cas d’une maladie normale, la famille, les proches et les amis sont prévenus et le coup ne porte peut-être pas de la même façon. Mais quand on apprend que la mort s’en est prise à une personne forte, en bonne santé, vacant à ses occupations comme d’habitude, c’est le cas de José, il faut avoir vécu cette expérience pour comprendre à quel point une telle mort est paralysante.

J’ai connu José Nawej dont le corps est inerte devant nous dans le courant des années quatre-vingt par l’entremise d’un de ses parents, Feu Kambol, qui habitait non loin de chez moi à Lemba. Je venais d’être libéré de prison, arrêté pour avoir organisé en pleine dictature le meeting historique du 17 janvier 1988 sur Pont Kasa-Vubu, animé par Etienne Tshisekedi wa Mulumba. Nous avions affermi nos relations lorsque contraint par le combat acharné de l’UDPS, Mobutu finit par mettre fin au régime du Parti unique en introduisant le multipartisme, d’abord à trois, puis intégral le 24 avril 1990.

Avec la fin du despotisme, comme on le sait, nous assistâmes à l’émergence des Journaux Indépendants dont la ligne éditoriale était conforme à l’aspiration profonde de notre peuple libéré du joug de la tyrannie vers plus de liberté, de démocratie, de justice et de bonne gouvernance. Je citerai entre autres Umoja de Léon Mukanda Lunyama et Mike Katambwe ainsi que le Forum des AS du brillant et talentueux José Nawej.

La mise en place de l’Union Sacrée de l’Opposition Radicale (USOR) en Juillet 1990, à l’initiative de l’UDPS, du PDSC et de l’UFERI, donna l’occasion à José Nawej par sa belle plume, ses éditoriaux, de porter haut et fort, sans aucune crainte d’emprisonnement ou d’élimination physique le combat pour la tenue de la Conférence Nationale Souveraine et pour le changement.

Pendant et après la Conférence, nous avions cheminé ensemble avec José, lui dans la Presse et moi-même avec l’UDPS, jusqu’à l’arrivée de l’AFDL et la tenue du Dialogue Inter-Congolais.

José a été un défenseur de bonnes causes, de la justice et de la vérité. Cette vérité était instillée dans ses différents et réguliers éditoriaux. Ceux-ci qui ont émerveillé l’élite, la classe politique et toute la Nation, ont fini par faire de lui un des meilleurs, sinon le meilleur journaliste de la Presse écrite dans notre pays. Je signale que ces éditoriaux m’étaient transférés par lui-même régulièrement entre quatre heures et cinq heures du matin à chaque parution du Journal Forum des AS. Bien que notre pays soit un vivier des compétences, il nous faut reconnaitre qu’avec la perte de José Nawej vient de se créer un trou qui ne sera probablement pas comblé de sitôt.

A José je dis: Cher ami, Tu as été un héros, un héros de la Presse. Tu n’es pas mort, tu es vivant et vivant pour toujours car les héros du peuple sont immortels.