Dossier brûlant: Pourquoi la journée nationale des sports (23 janvier 2024) est passée dans l’anonymat ?
Le 23 janvier de chaque année, la République Démocratique du Congo célèbre la journée nationale du sport. Nombreux sont les sportifs congolais qui ignorent comment on est arrivé là (NDLR célébrer cette journée historique).
Origine de la journée nationale du sport ce 23 janvier 2023
En 1968, Les Léopards de la RDC ont participé à la 8è Coupe d’Afrique des Nations de football à Addis-Abeba, en Ethiopie. Ces derniers battaient en finale les blacks stars du Ghana 1-0. L’unique but était marqué par feu Kalala Mukendi alias bombardier. Grâce à cette éclatante victoire, les Léopards remportaient là leur premier titre continental.
A leur retour au pays le 28 janvier 1968, ils étaient accueillis en héros par la population kinoise qui leur avait réservé un accueil délirant. Feu président Mobutu Sese Seko leur décerna des médailles de mérite sportif. Pour couronner le tout, le président Mobutu prit la décision de consacrer la date du 23 janvier de chaque année ‘’Journée nationale du sport en RDC’’. Ces Léopards avaient pour noms : Kalala Mukendi (+), Ebengo ‘’Souplesse’’ (+), Kibonge Mafu, Mungamuni alias l’homme d’Asmara (+), Kabamba Nicodème (+) et autres. Nos pensées pieuses à tous les disparus.
A ce jour, on ne compte plus le nombre de fois où cette journée passe inaperçue
Aussi curieux que ça puisse paraître, la journée du 23 janvier de chaque année n’est toujours pas célébrée à sa juste valeur en RDC. On ne compte plus le nombre de fois où elle passe inaperçue comme ce fut le cas en 2024. Et pire, les héros continuent à être l’objet d’un dénigrement sans pareil. Les vivants continuent à vivre des pas mûrs. La rente mensuelle qui leur était due n’est qu’un lointain souvenir. Ils ont même fait dernièrement un sit-in devant le ministère des finances. Sans suite à ce jour.
Des choses inimaginables à bannir à jamais
Par un communiqué de Presse daté du 14 janvier 2023 et signé par M. Bertin Mawaka Lukembo, Directeur de cabinet du ministère des finances, il était précisé le montant des primes de Léopards/football pour le match amical contre la Libye et les matchs de la phase des groupes à la 7è édition du CHAN 2023. Montant respectif alloué 235.000 USD et 910.500 USD logés à la Rawbank.
Par ailleurs, dans le communiqué de presse sus évoqué, le ministère des finances informait en même temps l’opinion nationale que son objectif n’était nullement de tuer le sport congolais comme le prétendent certains calomniateurs (sic). Il s’agissait tout simplement de se conformer aux principes modernes de gestion des finances publiques et mettre de l’ordre dans ce secteur, dans l’intérêt de tous.
Et en son temps, nous nous sommes interrogés sur ce qu’attendait le ministère des finances lorsqu’il soulignait il s’agit tout simplement de se conformer aux principes modernes de gestion des finances publiques et mettre de l’ordre dans ce secteur, dans l’intérêt de tous (resic).
Comment peut-on parler des principes modernes de gestion des finances publiques et mettre de l’ordre dans ce secteur du sport lorsque les Léopards/football n’avaient pas encore fini leur mission mais ils avaient 910.500 USD logés à la Rawbank ? Cette manière de faire et d’agir nous a réconfortés sur les privilèges exagérés que ne cesse de bénéficier le football par rapport aux autres disciplines sportives.
La gente féminine quantité négligeable en RDC ?
La question mérite d’être posée car la gente féminine est négligée, marginalisée et l’on lui accorde que peu d’attention. Nombreux compatriotes ignorent qu’à ce jour, la RDC compte déjà deux qualifiées dames pour les Jeux Olympiques Paris 2024. Il s’agit de la boxeuse Marcelat Sakobi et la judokate Sona Chanceline -78 kg dames. Aucune prise en charge n’est assurée à ces deux braves filles pour leur permettre une participation efficiente à ce grand rendez-vous planétaire.
Ce n’est pas tout. Les Léopards/dames football U20 pour les Eliminatoires Coupe du monde Colombie 2024 étaient restées à l’hôtel comme des clochards. Elles s’entassaient dans quelques deux chambres dans des conditions déplorables. Elles ne mangeaient pas. La débrouillardise battait son plein. Et au finish pour toute la campagne des éliminatoires, elles n’ont pu percevoir qu’une modique somme de 500 $/chacune pour les calmer.
Et que dire des braves Léopards/filles cyclisme qui avaient brillé de mille feux à la 1ère et 2è édition du Tour cycliste international féminin du Burundi en 2021 et 2022 et qui ont été moins brillantes à la 3è édition 2023 faute d’une préparation sérieuse ? L’état congolais ne donne plus rien à la FECOCY alors que le cyclisme est la discipline par excellence pour mieux vendre l’image du pays.
A titre de rappel, par équipe, les cyclistes filles avaient terminé respectivement 4è et 2è aux deux 1ères éditions du Tour cycliste International féminin du Burundi. En individuel, Okito Hélène termina 3è et 2è. Ce qui est vraiment dommage et incompréhensible, ces braves filles n’ont rien perçu à ce jour du trésor public. Pourtant, elles ont représenté le pays en bonne et due forme pendant ces trois éditions du Tour cycliste international féminin du Burundi. Les ordres de mission signés par le ministère des sports et loisirs existent.
Les cyclistes filles et les autres sportifs qui réalisent des performances ont droit à leur prime voici les raisons
Comment alors imaginer que ces filles aient participé à deux éditions et après avoir réalisé les exploits précités, elles n’aient reçu aucun franc congolais ? Nous devons souligner que c’est une nouvelle compétition et les nôtres ont été parmi les meilleures. C’est un honneur et grand prestige pour la RDC. Ces braves cyclistes dames, la boxeuse Marcelat Sakobi et surtout la judokate Sona Chanceline (NDLR cette dernière n’a bénéficié d’aucun rond du trésor public parce que tous les déplacements étaient assurés par la Conaju ‘’Coordination Nationale des Activités du Judo en RDC’’ et les judokas n’ont bénéficié d’aucune prime de l’état congolais) y notre compatriote Mputu avait glané la ceinture de champion du monde en ju-Jitsu mais n’a rien reçu, tous ont vraiment droit à leur prime à la hauteur des exploits réalisés.
Para badminton, la RDC avait fait sensation au championnat d’Afrique à Kampala
Les athlètes congolais avaient réalisé des exploits au championnat d’Afrique des Nations de Para badminton du 18 au 24 septembre 2022 à Kampala, en Ouganda.
A cette compétition, la RDC devait aligner 7 athlètes. Fautes des moyens, elle n’a pu amener que 4 athlètes (2 garçons et 2 filles). Il s’agit de :
1. Prince Mamvumvu
2. Bob Kanga
3. Wivine Moyo
4. Frida Ditu
La RDC était alignée en simple messieurs, simple dame, Double messieurs, double dames et double mixte. 14 pays avaient pris part à la compétition. La RDC avait glané 6 médailles (3 or et 3 argent).
Prince avait glané 2 or + 1 argent, Bob Kanga 1 argent, Wivine Moyo 1 argent et Frida une or. Eu égard à la meilleure prestation de Prince, la confédération Africaine lui a octroyé une bourse du 15 décembre au 12 janvier 2023 à KualaLoumpur, en Malaisie au centre New Vision. C’est dans ce centre que Prince devait préparer les prochaines échéances et paralympiques Paris 2024. A ce jour, l’on ne sait si ce brillant jeune a effectué le déplacement.
D’autre part, les badistes de la RDC qui étaient attendus au Tournoi international de Badminton du 17 au 20 novembre 2022 avaient brillé par leur absence. Ils avaient également brillé par leur absence au championnat d’Afrique U19 du 11 au 18 décembre 2022 à Port Louis (Ile Maurice).
Qualifié au championnat du monde prévu au mois de février 2024 en Thaïlande, le congolais Prince Mamvumvu mérite une attention particulière. Malheureusement, jusque-là, rien n’est sûr que ce brillant jeune va effectuer le déplacement.
Que dire de plus ?
Au regard de tout ce que nous venons de relever pour ne prendre que les quelques cas, d’aucuns peuvent se poser la question où est vraiment la justice ? N’est-ce pas là une bonne manière de tuer le sport ?
La question fondamentale que nous ne cesserons jamais de la poser au Ministère des finances demeure celle-ci : D’habitude les footballeurs, avant même d’effectuer leur mission, ils ont déjà leur prime faramineuse. Mais pourquoi ceux qui ont déjà réalisé des exploits et hissé haut le drapeau congolais demeurent sans prime ?
En termes clairs, nous continuerons à le souligner haut et fort que résoudre les problèmes des sportifs de manière sélective, ne sera jamais une bonne chose pour le ministère des finances censé être le parent de toutes les disciplines sportives.
Et d’ailleurs, au terme de la loi sportive depuis sa promulgation, toutes les disciplines sont mises sur le même pied d’égalité. Il ne peut plus avoir d’un côté les privilégiés et de l’autre côté, des laisser pour compte. Le Ministère des finances à dire vrai, devra bannir à jamais la discrimination, le favoritisme et l’injustice. Si aujourd’hui, 25 disciplines sportives ont la délégation de pouvoir, il faudra que toutes signent des contrats d’objectif. Le financement pourra dépendre des performances. C’est une option que l’on peut prendre dans un premier temps. La République Démocratique du Congo n’est pas qu’un scandale géologique mais elle est également un scandale en talents sportifs. Mis dans des meilleures conditions, les athlètes congolais sont capables de réaliser des exploits inouïs. En d’autres termes, au jour d’aujourd’hui, le sport congolais n’a pas besoin de la discrimination.
Dans l’avenir, la journée nationale du sport faute d’être une journée festive, devra être une journée de méditation pour repenser à tous ces problèmes qui se pose dans le sport congolais. Et nous sommes surs et certai
ns que le sport congolais ira mieux.
Antoine Bolia