Draguer le fleuve Congo pour assurer l’indépendance logistique de la Rdc

A un moment où l’attention de l’opinion est focalisée sur le débat sur la priorité entre la construction du port en eaux profondes de Banana et celle du Pont route-rail Kinshasa-Brazzaville, un défi majeur pour le développement semble passer inaperçu. Il s’agit du dragage du fleuve Congo, épine dorsale du commerce du transport en République Démocratique du Congo (RDC). En effet, en attendant de disposer de ce port en eaux profondes très attendu et bien plus pour tirer largement profit de ces imposantes infrastructures, le dragage du fleuve Congo est une solution urgente et nécessaire permettant d’améliorer la profondeur du fleuve pour espérer atteindre la véritable indépendance logistique des ports de la RDC.

Les difficultés de navigation dues à la profondeur insuffisante du fleuve, particulièrement sur la partie divagante du bief maritime, ont un impact significatif sur le trafic maritime et donc sur le commerce. Comme on le sait, le tirant d’eau naturel du fleuve Congo est de 18 pieds (5,5 mètres), trop insuffisant pour accueillir les grands navires de ligne, limitant ainsi les capacités d’importation et d’exportation. Et depuis quelques semaines, le port en mer profonde de Pointe Noire (Congo-Brazzaville), avec ses 16 m de tirant d’eau ouvert sur l’océan Atlantique, rencontre des problèmes techniques avec ses équipements portuaires. Ce qui aggrave les difficultés déjà existantes liées à la profondeur du fleuve Congo, réduisant considérablement les volumes d’importations de marchandises devant arriver aux ports de Matadi.

On se souviendra des perturbations observées pendant la pandémie de Covid-19, lorsque les réductions d’effectifs et les mesures sanitaires strictes avaient paralysé les opérations portuaires à Pointe-Noire, impactant directement les ports de Matadi. La réduction de la main-d’œuvre et les restrictions sur les activités portuaires avaient entraîné une baisse drastique des volumes de fret, affectant l’approvisionnement en marchandises essentielles pour la RDC.

Face à cette situation, le dragage du fleuve Congo apparaît comme une solution urgente et indispensable pour atteindre l’indépendance logistique des ports de la RDC. Ce chantier, pour lequel devraient s’associer l’Etat congolais, les opérateurs du secteur privé et les partenaires internationaux présente des avantages incommensurables, notamment en termes d’indépendance logistique. Le dragage du fleuve Congo permettra à la RDC de réduire sa dépendance vis-à-vis des ports de la sous-région, en attendant la construction du port de Banana, qui nécessite des coûts plus importants. Cette indépendance logistique renforcera la souveraineté économique du pays et améliorera la compétitivité de ses ports.

Un autre avantage est celui d’une augmentation significative des volumes de marchandises. En permettant l’accostage de navires plus grands, le dragage augmentera les volumes de marchandises containerisées à l’import et à l’export, stimulant ainsi l’économie locale et nationale. Et enfin la réduction des coûts et délais. Car, les importateurs, les lignes maritimes et les armateurs bénéficieront d’un gain de temps et d’une réduction des coûts par unité équivalente vingt pieds (EVP), rendant le commerce plus efficace et compétitif. Tout ceci permettra à la RDC d’exploiter efficacement son potentiel, avec un impact réel sur les capacités du pays à drainer les gros bateaux dans ses ports et ainsi s’assurer une croissance économique grâce au développement du commerce. Il y a urgence.