Drame de Kalehe : Bintou Keita appelle la communauté internationale, les bailleurs de fonds, les amis de la Rdc et toutes les bonnes volontés à mobiliser les fonds nécessaires pour cette urgence humanitaire
Mme Bintou Keita, Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies en RDC était en conférence de presse, le 19 mai 2023 à Kinshasa. « Je reviens fraichement de Kalehe, dans la province du Sud-Kivu où des pluies diluviennes ont frappé plusieurs localités, causant la mort d’au moins 423 personnes, des milliers de personnes portées disparues et laissant sans toits, dans un désarroi total plusieurs autres », explique-t-elle, avant d’ajouter qu’elle a exprimé les condoléances du système des Nations Unies et sa solidarité face à ce drame aux autorités congolaises, aux familles des victimes et aux populations affectées.
Les agences, fonds et programmes du Système des Nations Unies travaillent étroitement avec les autorités provinciales pour apporter l’assistance nécessaire aux personnes affectées. « J’appelle la communauté internationale, les bailleurs de fonds, les amis de la RDC et toutes les bonnes volontés à mobiliser les fonds nécessaires pour cette urgence humanitaire. Le coordonnateur humanitaire, M. Bruno Lemarquis, a déjà alloué 3 millions de dollars du Fonds humanitaire en RDC en assistance aux victimes, mais cela est loin d’être suffisant devant l’ampleur des besoins. Les autorités nationales et provinciales, les agences, fonds et programmes du système des Nations Unies, les ONG locales et internationales sont présentes sur place pour apporter assistance aux victimes et ont besoin d’appui, indique-t-elle.
Pour sa part, martèle-t-elle, la MONUSCO va construire un pont temporaire sur la rivière Luzira pour faciliter l’accès des acteurs humanitaires nationaux et internationaux ainsi que celui de la population locale aux zones sinistrées. La Mission est disposée à relayer le plaidoyer auprès des partenaires et à appuyer, dans la limite de ses moyens, les autorités nationales pour alléger les souffrances des populations éprouvées.
A l’en croire, le drame de Kalehe survient dans un contexte difficile marqué par un cycle de violences continues et d’abus des droits de l’homme dans la province de l’Ituri. C’est ici qu’elle a condamné, avec la plus grande fermeté, ces attaques ignobles et inacceptables contre la population civile dont la responsabilité est en grande partie imputée aux milices armées CODECO et dans une moindre mesure au groupe Zaïre.
« De décembre 2022 à ce jour, nos équipes ont pu confirmer qu’au moins 518 civils ont été tués, 170 blessés et 1 million de personnes déplacées (700.000 provenant du territoire de Djugu et 300.000 de Mahagi). Je tiens également à souligner que l’éruption de cette spirale de violences dans l’Ituri intervient quelques mois seulement après l’offensive du M23 dans le Nord-Kivu, ayant eu pour effet de concentrer les efforts militaires dans cette province pour faire face au M23. Cette situation a créé un vide sécuritaire dans la Province de l’Ituri dont ont immédiatement tiré profit les groupes armés, notamment CODECO, pour intensifier leurs activismes », renseigne Bintou Keita.
Pour ce faire, elle a dit avoir autorisé la publication d’un rapport sur la situation des droits de l’homme dans la province de l’Ituri en 2022. Ce rapport dresse un tableau grave qui nécessite un engagement immédiat et un effort collectif pour mettre fin à ce cycle de violences dont les populations civiles sont les premières victimes. En effet, en dépit des efforts fournis par les autorités, avec l’appui de la MONUSCO, nous avons noté avec inquiétude qu’entre janvier et décembre 2022, plus de 1.100 personnes ont perdu la vie dans la province de l’Ituri à la suite de l’activisme des groupes armés, notamment CODECO et Zaïre. Ces groupes s’en prennent impunément aux plus vulnérables, y compris ceux qui ont trouvé refuge dans les sites de déplacés.
« Je réitère mon appel au calme et invite les différentes parties à cesser immédiatement les violences contre les populations civiles et à poursuivre le dialogue pour un retour définitif de la paix et de la cohésion entre les communautés », soutient-elle, avant de manifester également son inquiétude face à la vague de violences communautaires dans le territoire de Kwamouth dans la province du Mai-Ndombe, son débordement dans les autres provinces ainsi que les risques que cela pose sur la sécurité, y compris alimentaire, dans la ville de Kinshasa à l’approche des élections.
Dans le Grand Nord, pour contrer la politique de terreur du groupe armé Forces démocratiques Alliées (ADF), les Forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) et la MONUSCO ont lancé l’opération Apetina-Sana (à 50 km de Beni). Cette action conjointe a permis de démanteler les camps des rebelles ADF et d’améliorer la protection des civils. L’opération a aussi permis de restaurer l’autorité de l’Etat dans la zone et de faciliter le retour des populations déplacées.
« Du 5 au 7 mai, j’ai assisté, en tant que membre de la délégation du Secrétaire Général des Nations Unies et aux côtés de son Envoyé spécial pour la région des Grands Lacs, à la 11ème réunion de haut niveau du mécanisme régional de suivi de l’Accord cadre d’Addis-Abeba. Le sommet a fortement encouragé une évaluation indépendante, franche et sincère de la mise en œuvre de l’Accord cadre avant sa revitalisation pour renforcer la coopération entre les pays de la sous-région et appuyer les efforts régionaux de stabilisation de l’Est de la RDC », révèle-t-elle.