Echange d’expériences sur « les enquêtes sociales au CEPEF »

Dans le souci de renforcer les capacités des éducateurs des structures  de prise en charge des enfants en situation de vulnérabilité, le Cercle d’études pour la protection de l’enfant et la famille (CEPEF)  a organisé une journée d’échange d’expériences sur les enquêtes sociales, le 08 Février  2024 à son siège, avec la participation des 20 éducateurs dont 7 femmes.

Une séance d’échange d’expériences entre les acteurs sociaux

Si le placement de l’enfant dans un centre d’hébergement reste le dernier recours, mais il faut savoir que la réunification familiale doit demeurer auprès de tous les acteurs de prise en charge de l’enfant.  La CDE, la LPPPE et les Normes et Standards de prise en charge des enfants en situation difficile en RDC sont les bases légales pour les enquêtes sociales.  D’ailleurs la norme 24 précise : « L’agent ou l’assistant social ne peut soumettre au juge toute proposition de placement ou de prise en charge de l’enfant pour requérir la décision ou l’homologation de ce dernier(juge), que si et seulement si, après des enquêtes sociales fouillées, les conditions de réunification familiale rapide ne sont pas réunies.

La structure sollicitée pour la prise en charge doit collaborer à la procédure de recherche de la famille d’origine ou la recherche des facilités de réunification familiale ». Donc un travail fouillé n’est possible qu’avec des personnes bien formées et souvent avec une bonne expérience.   Les échecs dans ce domaine d’enquêtes se révèlent plus par manque de formation des acteurs. Voilà pourquoi tout le monde n’est pas enquêteur.

Le déroulement de la journée a commencé par l’introduction du  Président Humanitaire du CEPEF, Mr Zagor Mukoko-Sanda ,expert en travail social qui  a mis un accent particulier sur les échanges des expériences vécues par les participants dans leurs structures.

Tous sont partis par la compréhension de l’enquête sociale comme le recueil d’informations nécessaires sur l’enfant dans la communauté voir jusqu’à sa famille si cela est possible pour une bonne connaissance de l’enfant et son problème.

Mais comment se fait une enquête sociale ?

Malgré les multiples méthodes, tous jugent comme obligatoirement une programmation à réaliser au bureau qui nécessite une attention particulière : Préparation des fiches nécessaire pour l’enquête ; Obtenir un ordre de mission et les frais de transport ; Prendre les précautions pour informer l’enfant du début des enquêtes après les premières informations reçues auprès de lui.

La descente sur terrain soit au point d’eau (point d’écoute) où soit dans la communauté ou dans la famille de l’enfant et cela dépend des informations reçues auprès de l’enfant.

Pour entrer en contact avec le lieu de l’enquête, il est souhaitable de faire attention à l’autorité administrative du lieu qui peut viser l’ordre de mission. Si je suis dans un quartier, voir même le chef de quartier pour l’informer du sujet.

Les lieux des enquêtes peuvent être dans la rue, au marché, dans le service étatique, dans la famille ou encore dans les autres structures d’hébergement dans la ville.

Attention au premier contact avec la famille de l’enfant. Cela peut aider l’enquête ou même bloquer tout le processus, sachant bien qu’avec la crise et cette pauvreté extrême, les familles préfèrent voir l’enfant pris en charge dans un centre d’hébergement surtout ceux supervisés par les missionnaires.

Voilà une des propositions pour une présentation dans le premier contact :

« Je m’appelle Mr xxx, je suis un éducateur qui travaille dans la rue et je suis en contact avec un enfant xxx depuis xxx temps, pour lequel j’aimerais vous en parler si vous me le permettez.  S’il y a un accord, alors on demande une chaise et souvent entouré de toute la famille voir même les curieux. Ne rien dire de plus sur l’enfant  avant de demander à chacun présent de se présenter et en indiquant le rapport direct avec l’enfant xxx. (Oncle, grand frère, petite sœur, cousin, père, mère, ….) Jusqu’à ce niveau, ne rien dire sur l’enfant, quel que soit la pression.  A ce niveau tu as le contrôle de la situation.  Et tu peux alors avec douceur demander à tous de te laisser avec la personne que tu as repéré  pendant la présentation, personne influente et qui peut être favorable  à l’entretien.  Attention ne pas commencer l’entretien avec la foule. »

Pourquoi faire ces enquêtes ? Comme cela est dit dans les normes standards et d’ailleurs selon les objectifs des structures, tous sont conscients que la place de vie de l’enfant est dans sa famille. Pour ce, les enquêtes ont comme objectif principal la réunification familiale.  Or pour y arriver, il est bon d’aplanir le conflit et de permettre que l’enfant accepte de rentrer en famille et que la famille accepte de recevoir l’enfant. Cela passe par la connaissance exacte de la situation qui a créé le départ de l’enfant dans la rue.

Dans le cas où la réunification familiale est impossible, les enquêtes peuvent aussi aider à trouver des solutions alternatives ; telles que la famille élargie, la famille d’accueil, ou même la réinsertion socio-professionnelle.

En ce qui concerne les techniques, les éducateurs ont prouvé leur spécialité en démontrant les succès là où il n’y avait aucun espoir de retrouver les adresses.

Après écoute et l’observation sur l’enfant, par les cicatrices ; où as-tu été soigné de cette plaie grave ?  Tu as été dans quelle école ? Où tu priais avec tes parents ?  As-tu déjà été hospitalisé ?  Quel est le nom du marché que tu fréquentais ? Où jouais-tu au football ? Une promenade de santé dans la communauté ; Les amis du quartier et de l’école pour lesquels tu as encore un souvenir ? Les amis probable de Papa ou maman que tu as encore souvenir ?

Le téléphone pris entre les mains de l’enfant a servi de faire des appels sur le répertoire et arriver à retrouver une connaissance qui a débloqué la situation. Par WhatsApp, les images envoyées ont permis de retrouver la famille dans la communauté.  Ne pas oublier la télévision et la radio comme moyens aussi utilisables, mais avec beaucoup de prudence.

Quelles sont les qualités d’un enquêteur qui peuvent faciliter les enquêtes ?

Savoir être attentif à toute situation qui se présente.  Le langage a une influence capitale pendant les enquêtes.

Le manque de confiance de l’enfant envers la structure ou l’enquêteur peut être un véritable obstacle.  Si l’enfant a l’âge de moins de cinq ans, ou il vit avec handicap, surtout handicap moteur, les enquêtes sont pénibles. Là où la situation est impossible, savoir se remettre au service de l’état congolais par exemple les affaires sociales ou la PNC.

Attention aujourd’hui aux acteurs qui sont souvent un obstacle aux enquêtes.

Il y a les églises dites de réveil, l’ignorance de la loi par les tuteurs des enfants ; et la communauté qui vit dans une pauvreté extrême. Le coût d’une descente sur terrain pour une enquête est estimé à cinq dollars. Les enquêtes sociales exigent une patience et surtout une grande volonté de chercher avant tout l’intérêt supérieur de l’enfant. Donc bref, il faut de l’enquêteur un savoir, un savoir-faire et un savoir être.

Signalons que cette échange d’expérience a été animée par le chargé éducatif de la structure OSEPER, structure membre du REEJER et le secrétariat a été assuré par l’éducateur de la structure HOPE Internationale et cela sous la supervision du chargé de pôle Hébergement du REEJER.

Franck Ambangito