Election et investiture de Félix Tshisekedi : les choses auraient dû être faites correctement !

Sauf imprévu, l’investiture du Président de la République élu est pour ce samedi 20 janvier 2024 au stade des Martyrs de la Pentecôte. Dans une ville incapable de loger plus d’une vingtaine de chefs d’Etat faute de suites présidentielles dans le parc hôtelier, certains porte-voix annoncent la participation d’une vingtaine de têtes couronnées ; d’autres une cinquantaine !

Qu’à cela ne tienne !

Pour l’histoire, c’est la deuxième fois que ce stade abrite ce genre de cérémonie. La première fois, c’était en 1997, à l’investiture de Laurent-Désiré Kabila.

Aujourd’hui, après les élections des 20, 21, 22, 23, 24, 25 et 26 décembre 2023, on réalise bien que le Bureau Kadima aurait pu maintenir la date du 30 décembre 2023 pour organiser le vote en une journée (comme ce fut le cas en 2018), ce qui lui aurait permis de gagner au moins une dizaine de jours pour assurer convenablement la logistique.

Ainsi, la proclamation des résultats provisoires serait intervenue au plus tard le 10 janvier 2024, celle des résultats définitifs au plus tard le 14 janvier pour organiser la cérémonie d’investiture le 24 janvier.

Vraisemblablement, la préoccupation première des planificateurs aura été d’éviter toute ressemblance ou tout souvenir avec le processus électoral de 2018.

Leitmotiv trouvé : avançons !

Avançons en relevant que les choses auraient dû être faites autrement par rapport à l’épreuve infligée à la Nation par Denis Kadima.

Tenez !

De quoi félicite-t-on le ” patron ” de la Céni au regard de toute la fronde en observation même au sein de l’Union sacrée de la nation, particulièrement dans l’Udps ? Est-ce de la tenue correcte des élections en donnant au pays des dirigeants élus dans le désordre ou plutôt de la fraude mise à nu !

Vraisemblablement, c’est pour celle-ci que de celle-là.

En d’autres termes, si on n’avait pas découvert des cas de “*fraude, corruption, bourrage d’urnes et détention illégale des DEV”, cas dont les effets n’ont significativement eu aucun impact sur les résultats électoraux provisoires pour les candidats à la présidentielle (sic) – la Céni s’en serait tirée sans baroud d’honneur !

Quand on vous dit qu’il n’est pas facile d’être congolais, c’est aussi pour cette capacité inouïe de retournement, de détournement, de contournement…

Pourtant, Félix Tshisekedi méritait mieux.

En effet, les premières élections organisées sous son mandat devraient être exemplaires.

Certes, dans la vie, personne de sensé ne s’attend à une organisation qui soit parfaite, car le parfait est du divin.

Toutefois, tout le monde croit dans la perfectibilité qui, elle, est de l’humain.

Ainsi, après les difficultés connues avec les cycles électoraux antérieurs organisés sous Joseph Kabila – cycles systématiquement contestés, dénoncés et combattus par l’Udps au nom de l’article 64 – le changement apporté par ce parti à la faveur du premier mandat de Félix Tshisekedi devrait se traduire au travers d’un cycle meilleur.

Et c’est quoi, être meilleur ?

Denis Kadima le résume dans l’ inclusivité (aucun candidat n’ayant été invalidé) et dans l’ absence d’incidents majeurs les jours du vote.

Le président de la Céni n’est pourtant pas sans savoir que la qualité des élections se mesure à la fiabilité du fichier électoral (avec carte d’électeur solide et lisible pour la RDC), au déploiement du matériel et accessoires électoraux dans le timing fixé, au respect de la date et des heures du vote, à la transparence dans le dépouillement des bulletins et dans la publication des résultats électoraux, d’abord provisoires (Céni), ensuite définitifs (Cour constitutionnelle).

Au sujet des incidents, il est bon de rappeler à l’Equipe Kadima que les trois cycles électoraux de 2006, 2011 et 2018 ainsi que le référendum de 2005 se caractérisaient par des journées de vote calmes. Les incidents se produisaient soit en période de campagne électorale, soit autour de la proclamation des résultats électoraux provisoires ou définitifs. Et encore que ces incidents, à l’exception de ceux de 2006 créés par le Mlc de Jean-Pierre Bemba, étaient l’œuvre de l’Opposition pilotée par l’Udps.

Les incidents qui se sont produits pendant une semaine – dont l’unique jour légal du 20 décembre et les six jours illégaux du 21 au 26 du même mois – ne sont pas à imputer à l’Opposition, ni même au Pouvoir : ils sont le fait de la Céni qui n’a pas su dispatcher la logistique dans les délais nécessaires, suscitant ainsi l’ire de la population.

Les DEV et les bulletins de vote qui se sont retrouvés entre les mains des fraudeurs sont aussi de la responsabilité unique de la Céni. C’est d’ailleurs la population qui s’est chargée de constater et de dénoncer la fraude électorale.

En plus, la thèse du piège développée par la Céni après coup ne tient pas la route. Car dès l’instant où la Céni a doté ces DEV d’une puce de sécurité comme elle le déclare, c’est la preuve qu’elle s’attendait à la tricherie et savait la fraude détectable.

Or, consciente que la majorité des candidats aux législatives, aux provinciales et aux communales était de l’USN, elle ne pouvait pas ne pas savoir qu’en les piégeant, la victime première devait absolument être le candidat n°20.

Donc – n’ayons pas peur de l’évidence – Denis Kadima a visé en réalité et en priorité Félix Tshisekedi.

Elle n’aura pas eu tort, la Cenco, en engageant carrément la responsabilité de la Céni dans la confusion. Dans sa déclaration du 19 janvier 2024 intitulée « LES ÉLECTIONS DU 20 DÉCEMBRE 2023, UNE CATASTROPHE ÉLECTORALE », elle relève ceci : “Il s’avère que le chaos enregistré lors de cette 4ème édition des élections relève en partie de l’obstination de la CENI qui, au regard des contraintes dont elle était pourtant consciente, a organisé les élections par défi, en violation du cadre juridique national et de l’administration électorale».

Il n’y a pas que la Céni.

Il y a aussi la Cour constitutionnelle.

Rien n’explique le fait que, avertie par avance de la suppression des suffrages exprimés dans les circonscriptions de Masimanimba et de Yakoma, elle ait majoré les résultats provisoires du candidat Félix Tshisekedi là où on devait s’attendre plutôt à la baisse !

D’où la préoccupation effectivement fondée de savoir pourquoi la Céni et la Cour constitutionnelle ont agi comme si elles voulaient affecter de façon concertée et délibérée la personne de Félix Tshisekedi, chef d’Etat réélu et, en toute logique, en second et dernier mandat ! C’est-à-dire placer sa mandature dans la contestation permanente.

Au moment où il s’apprête à son investiture en qualité de Président de la République élu, Félix Tshisekedi doit bien se poser cette question : pourquoi Kadima et Kamuleta l’ont-ils expressément opposé au fameux article 64 de la Constitution ?

Car, favorable à l’Opposition, l’alinéa 1 dispose : “Tout Congolais a le devoir de faire échec à tout individu ou groupe d’individus qui prend le pouvoir par la force ou qui l’exerce en violation des dispositions de la présente Constitution”.

L’alinéa 2, qui aurait dû être favorable au Pouvoir, dispose : “Toute tentative de renversement du régime constitutionnel constitue une infraction prescriptible contre la nation et l’Etat. Elle est punie conformément à la loi”.

Or, de la manière dont la Céni de Kadima et la Cour constitutionnelle de Kamuleta ont organisé son “encerclement “, le Pouvoir en place serait naïf de s’estimer légalement sécurisé.

Il y a du Ponce Pilate dans cette connexion…

Omer Nsongo die Lema