Election présidentielle en Rdc : Une campagne sur fond tribal

Y a plus l’ombre de doute pour la présidentielle de décembre 2023. Félix Antoine Tshilombo Tshisekedi vient de mettre en place une équipe de campagne au nombre dont 11 personnes vont se jeter dans l’eau pour convaincre les Congolais à réélire le Chef de l’Etat sortant.

Cependant, 9 de 11 membres sont ressortissants de la même communauté linguistique que le Chef de l’Etat. Il s’agit de François Muamba Tshishimbi, Augustin Kabuya Mwana Bute, Nicolas Kazadi, Eberande Kolongele (Kwilu), André Wameso (Kongo Central), André Kabanda, Guy Muadianvita, Taupin Kabongo, Taylor Lubanga et Jean-Claude Kabongo.

Sur cette liste qui sent déjà la tribalisation de la campagne, une autre était précédée des membres des institutions sur lesquels les élections vont tourner.

L’organisateur desdites élections Dénis Kadima est du Kasaï, l’ordonnancement et financement desdites élections Nicolas Kazadi et Malangu Kabedi Mbuyi sont du Kasaï comme le Chef de l’Etat; la sécurisation desdites élections par le ministre de l’Intérieur Peter Kazadi, les contentieux et la proclamation définitive des élections par Dieudonné Kamuleta de la Cour Constitutionnelle et Rose Mutombo Kiese de la Justice et Garde sceaux sont tous du Kasaï et enfin les sites susceptibles d’abriter les bureaux de vote à savoir les écoles seront disponibilisés par un autre Kasaien de l’Enseignement Primaire Secondaire et Professionnel, à savoir Tony Mwaba Kazadi.

Tous ses acteurs ne sont pas seulement ressortissants d’une même communauté tribalo-clanique que le Chef de l’Etat, mais sont membres de l’UDPS, parti au pouvoir.

Que peut-on attendre de ces élections dont le décor non seulement tribal est planté, mais une victoire préméditée déjà plantée en faveur de Félix Antoine Tshilombo Tshisekedi et surtout que tous lui doivent sa signature pour être là où ils sont.

Disons-le, avec cette équipe qui présage le tribalisme, nos mémoires sont encore fraîches de se rappeler qu’un autre membre de cette même communauté kasaienne avait fait taire tout le monde avec ses propos : vous le Baswahili taisez-vous, vous le Bangala taisez-vous, vous le Bakongo taisez-vous, c’est notre pouvoir nous Baluba. Comment cette équipe de campagne à représentation tribale peut-elle convaincre pendant la campagne cet affront d’accompagner un pouvoir fortement tribalisé dans un environnement cosmopolite telle de la République Démocratique du Congo avec ses 450 tribus et ethnies ?

Dans un passé récent, l’actuel bourgmestre de la commune de Kalamu n’a pas hésité un instant de faire entendre sa voix que le Baluba n’ont pas le pouvoir, mais ils sont le pouvoir et qu’ils vont régner par défi.

Les exemples sont légions. Pour devoir de mémoire, un autre communicateur du Chef de l’Etat à savoir Jules Munyere n’a pas hésité de clamer haut et fort que Dénis Kadima va proclamer les résultats en Tshiluba.

Somme toute, les élections qui se profilent à l’horizon en décembre 2023 ont planté déjà un décor qui ne rassure pas et dont les conséquences ne sont pas encore prises en compte par tous ses acteurs dans la chaîne d’organisation desdites élections.

Nous tirons la sonnette d’alarme sur le danger que guette la République Démocratique du Congo si jamais cette architecture organisationnelle des élections est maintenue juste par défi.

Nous attendons avec impatience que ces 11 joueurs de l’équipe de Félix Antoine Tshilombo Tshisekedi puissent nous dire : si le Congo est devenu l’Allemagne de l’Afrique, nous dire la destination de RAM et six millions de Thompson, nous dire qui est l’assassin de Chérubin Okende Senga, nous dire qui a donné l’ordre de massacrer nos frères et sœurs de Goma, nous prouver l’installation du QG du Chef de l’Etat à Goma jusqu’à la fin de la guerre, nous dire comment le Chef de l’Etat ne connaît pas son salaire, nous dire comment Delphin Kahimbi, Munkutu, Olivier Mpunga sont morts? Nous dire qui a ordonné l’hébergement de M23 pendant 14 jours à Kinshasa, nous dire comment de quatre avions de Congo Airways nous sommes arrivés à une megestion sans avion. Cette équipe doit nous dire si la promesse du Chef de l’Etat de doter chaque policier et militaire un véhicule et une maison s’est réalisée, au-delà de l’amélioration de leur condition de vie au quotidien. La liste est non exhaustive.

Pius Romain Rolland