Enfin, Tshisekedi en Chine
Attendu en Chine depuis 2020, la visite du président de la République, Félix Tshisekedi a été repoussé à cause de la Covid-19 qui avait obligé les autorités chinoises à fermer leurs frontières pour mieux se protéger. C’est seulement lorsque les frontières ont été ouvertes, que les deux parties ont organisé ce voyage attendu par les Congolais. C’est dans ce contexte que le président congolais a quitté Kinshasa, ce mardi 23 mai 2923, en fin de matinée pour, une visite d’Etat de 4 jours en République Populaire de Chine. Il nous revient que pour cette première visite d’Etat du Président Tshisekedi accompagnée de la Distinguée Première Dame Denise Nyakeru, sera marquée par la rencontre en tête-à-tête, le 26 mai à Pékin avec son homologue Chinois Xin Jinping.
Comme on peut bien le constater, cette visite du président de la République est d’une importance capitale pour plusieurs raisons. Le chef de l’Etat, fort du rapport de l’Inspection générale des finances (IGF) qui a tablé sur le déséquilibre de la convention sino-congolaise, a des arguments pour mieux négocier avec la partie chinoise, qui n’attendait que ce moment pour solidifier leur partenariat.
L’on se souviendra que lors de la quatre-vingt-dix-neuvième réunion du Conseil des ministres du Gouvernement de la République, qu’il a présidé à la Cité de l’Union Africaine, ce vendredi 19 mai 2023, le Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo a rappelé que lors de ses précédentes communications, il avait fait part aux membres du Conseil des conclusions alarmantes des rapports de plusieurs structures étatiques sur la mise en œuvre de la Convention de collaboration signée entre le Groupement d’Entreprises Chinoises et notre pays, le 17 septembre 2007.
Face à ces conclusions, il avait instruit les membres du Gouvernement directement concernés par ce dossier, de travailler conjointement avec son Cabinet ainsi que la société civile, sur les points spécifiques devant faire l’objet des discussions avec la partie chinoise, en vue du rééquilibrage de cet accord pour le rendre véritablement gagnant-gagnant.
Le Président de la République a informé les membres du Conseil que cette équipe de travail a déposé ses conclusions, ce qui permet de lancer dans les prochains jours, des discussions avec nos partenaires chinois.
L’objectif visé est de consolider et d’élargir davantage la coopération Sino-Congolaise en s’appuyant sur des bases saines garantissant les principes de respect mutuel, d’équité et de transparence, profitable à la fois au peuple congolais et au peuple chinois.
C’est pourquoi, le Président de la République a instruit les Ministres concernés pour les négociations prochaines de l’Avenant à la Convention de Collaboration, en l’occurrence le Ministre d’Etat, Ministre des Infrastructures et Travaux Publics, le Ministre d’Etat, Ministre du Budget, le Ministre des Finances et la Ministre des Mines, ainsi que son Cabinet, tous membres du Comité Stratégique constitué à cet effet, de convenir et d’organiser avec la partie chinoise, dans un bref délai, l’agenda des discussions et de la signature finale du futur Avenant.
Le Comité Stratégique sera appuyé par l’expertise technique de la Gécamines, de l’Inspection Générale des Finances (IGF), et de l’Agence de Pilotage, de Coordination et de Suivi des Conventions de Collaboration signées entre la République Démocratique du Congo et les partenaires privés (APCSC), et l’Initiative pour la Transparence des Industries Extractives (ITIE-RDC).
Comme pour dire que lors de son séjour chinois, la question des contrats chinois sera sur toutes les lèvres, le souhait étant de l’améliorer pour la bonne concrétisation du principe gagnant-gagnant dans les affaires entre la Rdc et la Chine.
Redynamiser la coopération
Invité par les officiels chinois, le Président Félix Tshisekedi entend échanger avec son homologue sur la redynamisation des relations bilatérales sino-congolaises. “Nous voulons un partenariat d’Etat à État, nous souhaitons retrouver cette Chine qui a laissé ses traces indéniables au Congo avec le Palais du Peuple, le Stade des Martyrs, etc.”, a lancé un membre de la délégation présidentielle congolaise au moment de quitter Kinshasa.
A l’occasion du 50eme anniversaire de la normalisation des relations diplomatiques sino-congolaises en novembre 2022, le Président Tshisekedi a, dans un entretien téléphonique avec le président Xin Jinping, “salué les relations bilatérales tout en évoquant sa détermination d’approfondir sans cesse l’amitié traditionnelle entre les deux pays et à promouvoir le partenariat stratégique RDC-Chine pour obtenir des nouveaux résultats dans l’intérêt des deux peuples “.
Pour sa première visite d’Etat en Chine, le Président Tshisekedi a un agenda très chargé. Outre les hauts dirigeants chinois, le Président Félix Tshisekedi va consacrer un peu plus de temps pour des échanges économiques avec le monde des affaires.
Après Pékin/Beijing, le président Félix Tshisekedi est attendu à Shanghai, Hong-Kong et Shenzhen. A cette dernière étape, le Président de la Rdc devrait rencontrer des entrepreneurs chinois dont le géant de la téléphonie Huawei.
Il est prévu la signature d’un accord de coopération entre la RDC à travers le ministère du Numérique et la chinoise Huawei. La présence des membres du cabinet du Chef de l’Etat et de près de dix membres du gouvernement central présage de la diversité des dossiers à traiter en Chine.
Le Vice-Premier ministre de la Défense, Jean-Pierre Bemba, le VPM des Affaires Étrangères Christophe Lutundula, la ministre d’Etat à l’Environnement Ève Bazaiba, le ministre des Finances Nicolas Kazadi, la ministre des Mines Antoinette N’samba, le ministre du Numérique Eberande Kolongele et le ministre de Communication et Médias Patrick Muyaya sont dans la suite du président Tshisekedi.
En 2008, la RDC a signé un partenariat économique avec un groupe des entreprises chinoises pour une exploitation des minerais contre les infrastructures. Qualifié de contrat léonin, ce contrat chinois n’a pas produit les résultats attendus. Sur base d’un rapport parlementaire et celui de l’IGF, il a été recommandé une renégociation de ce contrat.
Renforcer la coopération militaire
C’est une Rdc dont une partie de son territoire est occupée par le Rwanda, qui se rend en Chine, principale soutient de ce pays en guerre au Conseil de sécurité. Nombreux sont les Congolais qui estiment que l’occasion sera indiquée pour la Rdc et la Chine de renforcer leur coopération militaire, avec un soutien très poussé et conséquent du partenaire chinois. La Chine, chez qui tout le monde va non seulement pour s’endetter, mais aussi pour solliciter les armes de la dernière technologie, est bien indiquée pour aider la Rdc à s’affirmer comme une vraie puissance moderne, et restaurer son intégrité territoriale. Pour ce faire, il va falloir, au niveau de la Rdc, de s’affirmer au niveau de la coopération et d’éviter le tâtonnement. La Rdc qui a toujours été au centre des intérêts entre les deux blocs, doit enfin se définir et se décider d’enclencher le développement de son pays, pour le bonheur du peuple congolais. Sinon, l’époque des discours est révolu, à l’exemple des conditionnalités pour bénéficier l’aide au développement, le temps est de nouer des partenariats qui vont permettre l’exploitation des potentialités énormes, développer le pays et trouver des débouchés pour une amélioration des conditions de vie de la population. Si diversifier les partenaires n’est pas tellement un péché dans les relations internationales, la Rdc doit se pencher sur le partenaire qui lui est resté fidèle et qui n’a pas fui le pays malgré les défis énormes liés à l’insécurité ou au sous-développement. La Chine demeure ce partenaire qui comprend mieux la Rdc et ses problèmes, et qui peut faire plus pour améliorer les choses.
Jean-Marie Nkambua