Et soudain, la Constitution ayant permis au régime Udps/Usn de réaliser un premier mandat positif devint… mauvaise !

Dire que c’est à la même loi fondamentale que Félix Tshisekedi doit son accession à la magistrature suprême…

 

Ça vole vraiment bas, mais alors trop bas

L’auriez-vous remarqué ? Ces temps derniers, la communication politique des Tshisekedistes est focalisée sur la révision ou le changement de la Constitution. Des jeunes préparés à la va-vite sont largués sur le terrain médiatique, principalement les réseaux sociaux via YouTube à invité (e) unique, avec pour mission première de diaboliser ce texte présenté comme un produit de l’étranger. Pour être précis, des Rwandais. Pour être plus précis, des Tutsis. Sa vocation, à les croire, est d’empêcher la paix et le développement en RDC du fait du pillage systématique des ressources naturelles. Plusieurs articles sont ciblés. Cas des 96 et 217. Evoqué aussi l’article 218 pour justifier l’initiative présidentielle de préconiser la re-visitation de la Constitution. Seulement voilà, ça vole bas, mais vraiment trop bas. Et voici comment !*

Resté rivé au Parti-Etat

Première précision à s’imposer : toute Constitution est révisable, changeable. C’est clairement indiqué aux articles 218 et 219. S’il n’y a rien à redire au sujet de l’initiative reconnue concurremment au Président de la République, au Gouvernement, à l’Assemblée nationale, au Sénat et à une fraction du peuple, il y a toutefois une exception formulée à l’article 219 : la révision ne se fait pas pendant l’état de guerre, l’état d’urgence ou l’état de siège.

Les interventions des communicateurs de l’Udps sur les chaînes YouTube donnent froid au dos. C’est le cas de celui qui en appelle à la révision de l’alinéa 2 de l’article 96 selon lequel _«Le mandat du Président de la République est également incompatible avec toute responsabilité au sein d’un parti politique_». Il justifie cette révision par le fait d’avoir entendu les parties en crise au sein de l’Udps en appeler à l’arbitrage de la Haute Autorité de Référence. Évidemment, ce combattant est resté rivé au Parti-Etat !

C’est le même communicateur qui réclame la suppression de l’article 217 ainsi libellé _«La République Démocratique du Congo peut conclure des traités ou des accords d’association ou de communauté comportant un abandon partiel de souveraineté en vue de promouvoir l’unité africaine_». Bien entendu, il ne sait même pas que le législateur n’a pas utilisé le verbe «devoir» mais «pouvoir». Du reste, cette disposition figurait déjà dans l’article 69 de la première Constitution de la 2ème République promulguée le 24 juin 1967. Son énoncé est : _«En vue de promouvoir l’unité africaine, la République peut conclure des traités et accords d’association comportant abandon partiel de sa souveraineté_». Parmi les rédacteurs de cette Constitution, Dr Étienne Tshisekedi !

Et là, ce n’est pas honnête

Le nec plus ultra, c’est Augustin Kabuya qui va se l’offrir. A l’occasion de sa matinée politique du 1er octobre 2024, il a déclaré ceci : _«En 2006 nous, l’UDPS, n’étions pas d’accord avec cette constitution. On avait même fait une promesse à notre peuple, qu’une fois arrivé au pouvoir, nous reviendrons sur la constitution. La population nous a fait confiance, elle nous a amenés au pouvoir, qu’est-ce que nous allons faire ? Nous allons aussi respecter notre parole !_». Il a fait exprès d’oublier que jusqu’en 2018, l’Udps s’opposait à toute tentative de révision de la même Constitution. Pas plus tard qu’en août 2023, il a fait rabattre le caquet au Pr Isidore Ndaywel pour avoir préconisé cette révision !

Le premier argument évoqué par Augustin Kabuya a de quoi provoquer l’hilarité. Il considère que des 5 ans prévus dans la Constitution pour un mandat, 3 seulement sont consacrés à la gestion de la Chose publique. Dans son entendement, on perd la première année à mettre en place des institutions ainsi qu’à explorer le terrain (preuve qu’on critique le Pouvoir en place sans solution de rechange) et on perd aussi la cinquième année à préparer les élections à venir.

Pourtant, il est censé savoir que la Constitution ne fixe aucune date pour la programmation, ni pour la tenue des élections. Cette responsabilité relève exclusivement de la Ceni obligée de se conformer à la loi électorale.

Ainsi, on ne peut pas s’en prendre à la Constitution lorsque les élus du 20 au 26 décembre ont été investis le premier un mois après (Président de la République), les autres trois mois ou six mois après pour cause de contentieux électoraux.

Pour bon nombre, l’installation a été retardée pour cause de manque de financement assuré le Gouvernement. Encore qu’en l’espèce, à plus de 90 %, les candidats – élus et non élus – étaient de l’Usn sous pilotage de l’Udps.

En clair, s’il voulait vraiment réduire au minimum le temps de la mise en place du nouvel ordre institutionnel, le leadership se serait pris autrement. On pourrait déduire du retard enregistré qu’il a été plutôt consciemment planifié pour préparer l’homme de la rue à soutenir la révision ou le changement de la Constitution. Et là, ce n’est pas honnête. Pas du tout honnête.

On ne peut tout de même pas indexé la Constitution

La gestion du temps dans un mandat est une question de volonté. Rien n’indique que plus on a du temps, plus on est en mesure de réaliser les promesses. En une minute, on peut prendre une décision qui peut sauver ou détruire un État, une entreprise, une famille, un corps.

Dans cette logique, on ne peut pas attribuer à la Constitution les difficultés de fourniture en eau et en électricité, encore moins l’accès hypothétique à l’école ou à la santé, On ne peut pas indexer la Constitution quand on ne sait pas organiser la voirie urbaine et le transport public pendant que les autorités provinciales (cas de Kinshasa) et les responsables de Transco sont tous de la coalition présidentielle, situation caractérisant le quotidien des Congolais.

L’hilarité, c’est encore lorsque Augustin Kabuya exclut du mandat quinquennal la 5ème année au motif d’être électorale. C’est comme si, selon sa compréhension des choses, la 5ème année les institutions se mettent en congé. C’est l’occasion de lui rappeler qu’en 2023, Félix Tshisekedi avait travaillé pleinement en tant que Chef de l’État du mois de janvier au mois de décembre. C’est seulement pendant la campagne électorale d’un mois (19 novembre au 18 décembre) qu’il n’a pas convoqué un conseil des ministres, ni promulgué une loi ou une ordonnance, ni même effectué un voyage à l’étranger.

C’est curieux qu’au cours de ce débat, les communicateurs du régime Udps/Usn ne mettent pas l’accent sur articles décisifs comme le 70 (rétablissement du second tour évoqué par Félix Tshisekedi dans son premier discours sur l’état de la Nation en décembre 2019) et le 175 relatif à la rétention à la source des 40 % des recettes budgétaires à caractère national.

Façon de prophétiser sur lui-même !

Pendant qu’on y est, on est en droit de se demander à quoi rime cette précipitation soudaine de réviser ou de changer la Constitution.

Après les 10 ans du double quinquennat de Félix Tshisekedi obligé de devenir sénateur à vie, l’Udps – laisse-t-on entendre – se pencherait pour le septennat (7 ans). Soit 14 ans en cas de double mandat. Plus en cas de nombre de mandats illimités.

Là aussi, c’est à croire que pour ce parti, la préoccupation première est de se rapprocher des 32 ans de Mobutu ou de dépasser les 22 ans des Kabila ; les 10 ans de Félix Tshisekedi se révélant insignifiants pour une lutte politique de 37 ans…

On ne peut pas ne pas terminer cette chronique sans rappeler les propos de Félix Tshisekedi en rapport avec les mandats. Il s’était une fois demandé comment une personne normale peut chercher à exercer un troisième mandat pendant que la charge des deux premiers est susceptible de le rapprocher des maladies cardiovasculaires.

Au fait, ce qu’on va devoir retenir de lui, c’est qu’il a une faculté inouïe de faire des projections sur les autres, mais en réalité pour sa propre personne.

Ainsi, toutes ses vidéos actuellement en rediffusion pour justifier son “Touch’Pas à la Constitution” d’hier reposent sur les mêmes arguments qui le rattrapent !

Son tour de force, c’est cette impression qu’il donne de ne pas se sentir concerné…

Prochainement :

Référendum : tout rejet par les urnes signifierait fin automatique du mandat du régime Udps/Usn !

Omer Nsongo die Lema