Félix Tshisekedi–Paul Kagame: Le désamour entre « deux ex-frères et amis »
C’est désormais le désamour entre Felix Tshisekedi, Président de la République démocratique du Congo et son homologue rwandais Paul Kagame. Les deux chefs d’Etat dont les pays sont en « guerre » dans l’Est de la RDC et qui autrefois s’appelaient « Frères et Amis « sont désormais dans la logique de « Moi je t’aime non plus ». Ils ne cachent plus leur inimitié et antagonisme.
D’un côté Félix Tshisekedi, partout où il passe à l’intérieur de son pays comme à l’extérieur, ne rate pas sa cible en pointant du doigt accusateur contre Paul Kagame comme l’artisan principal de la déstabilisation de l’Est de la RDC. Et il est allé même plus loin en déclarant au cours de sa tournée en province en décembre dernier que : « Kagame a peur de moi. Il est incapable de me fixer dans les yeux lorsque nous nous rencontrons ».
Et de l’autre côté, Paul Kagame ne cesse de s’attaquer vertement contre Félix Tshisekedi qu’il accuse à son tour de la mauvaise gouvernance de son pays, ce qui fait qu’il cherche toujours des boucs émissaires pour justifier son incapacité à gérer son pays. Les dernières sorties médiatiques de deux » ex-frères et amis « marquées par les escalades verbales lors de la cérémonie d’échanges de vœux avec les ambassadeurs et chefs de missions diplomatiques de leurs pays respectifs ont démontré le niveau atteint par cet antagonisme.
D’abord, c’est le Président rwandais Paul Kagame, en s’adressant aux diplomates accrédités dans son pays, qui s’est attaqué vertement à son homologue congolais, Félix Tshisekedi. Selon Paul Kagame, n’a jamais été élu dans son pays au terme de deux cycles électoraux de 2018 et de 2023. Il est à la tête de la RDC par la fraude. Il n’a pas manqué d’accuser Tshisekedi de la mauvaise gouvernance de son pays, ce qui est à la base de frustrations de certains de ses compatriotes qui ont décidé de prendre les armes à l’instar de la rébellion de M23 dans l’Est de la RDC.
Et la réaction de Félix Tshisekedi n’a pas tardé. Le chef de l’Etat congolais a aussi choisi le même cadre que son « adversaire » pour critiquer la dictature qui s’est installée au Rwanda, même s’il ne l’a pas cité nommément, contrairement à la RDC qui a fait le choix de construire la démocratie dans sa gouvernance.
« En RDC, nous avons fait le choix irréversible de bannir la dictature et de construire une démocratie véritablement inclusive. Contrairement à d’autres pays où les élections s’apparentent à des répétitions d’un scénario pré-écrit avec des adversaires soigneusement choisis d’avance pour garantir un résultat inchangé, le processus électoral congolais est un espace ouvert où chaque voix compte ou chaque citoyen peut concourir et où l’opposition à sa place. Ce modèle certainement perfectible représente aujourd’hui une source d’inspiration pour de nombreuses démocraties émergentes en Afrique et dans le monde », a fait savoir Félix Tshisekedi aux ambassadeurs et chefs de missions diplomatiques accrédités en RDC.
Et d’ajouter « L’année 2024 a commencé avec la confirmation de ma victoire et celle de la coalition de l’Union sacrée lors des élections générales de décembre 2023. Ce scrutin libre et transparent a reflété la confiance renouvelée du peuple congolais en notre vision et projet de société. Cette confiance appelle à ancrer justice, paix et développement dans notre gouvernance. Fort de ce plébiscite, j’ai prêté serment le 20 janvier 2024 pour un second mandat, un moment symbolisant la vitalité démocratique de notre pays, où la légitimité découle des urnes et l’équilibre des institutions est garanti ».
Pour rappel, les relations entre Félix Tshisekedi et son homologue rwandais Paul Kagame se sont détériorées lorsque Kinshasa a compris que malgré sa bonne foi de préserver les relations diplomatiques avec son voisin, ce dernier s’est par contre caractérisé par son soutien au mouvement rebelle de M23 derrière lequel il profite pour s’adonner à cœur joie au pillage des ressources naturelles de la RDC.
RSK