Fort des images captées par les drones de la MONUSCO : Zénon Mukongo affirme que le Rwanda n’est pas dans la logique de la paix
Dans son intervention à l’Assemblée générale des Nations unies, M. Zénon Mukongo Ngay, Ambassadeur Extraordinaire et Plénipotentiaire (Représentant Permanent) pense qu’il y a donc lieu de considérer en définitive que le Rwanda n’est pas dans la logique de la paix, à en croire, les images captées la semaine dernière par les drones de la MONUSCO entre le 18 et le 24 octobre 2023, montrant des colonnes des troupes rwandaises, ayant franchi les frontières de la République Démocratique du Congo, à Kapwe, Runyoni, Kibumba et Tshianzu pour semer la mort et la désolation au sein des populations congolaises.
Dans son discours, il a indiqué que le concept de maintien de la paix a évolué au fil des ans, passant des opérations de la première génération ou missions d’observation de paix, aux missions de consolidation de la paix avec pour tâches, l’organisation des élections, le désarmement et l’assistance humanitaire pour déboucher sur les opérations de la troisième génération qui incluent le recours à la force sur la base du Chapitre VII.
C’est dans cette dernière catégorie qu’on peut situer la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en République Démocratique du Congo (MONUSCO). Initialement conçue comme Mission de l’Organisation des Nations Unies au Congo (MONUC), dont le mandat était essentiellement d’élaborer des plans en vue de l’observation du cessez-le-feu et du désengagement des forces, de maintenir la liaison avec toutes les parties à l’accord de cessez-le-feu de Lusaka, ainsi la présence des forces des Nations Unies en RDC s’est transformée en mai 2010 pour devenir la MONUSCO, une force de 16.000 militaires et policiers pour appuyer les efforts du Gouvernement et dont le mandat a été de contribuer pendant une période de transition bien définie, à la stabilisation de la RDC, pays post-conflit, particulièrement, par la protection des populations civiles et l’appui aux principales réformes en matière de gouvernance et de sécurité.
A l’en croire, la MONUSCO a certes apporté une contribution acceptable notamment au processus électoral, aux FARDC, à la Police Nationale Congolaise, PNC, et à l’action humanitaire, mais on ne peut s’empêcher de relever qu’en 14 ans de présence au Congo, son bilan est mitigé et son efficacité de plus en plus mise en cause.
Bref, sa présence n’a pas aidé à mettre un terme au cycle infernal des massacres des populations civiles, des violations massives des droits de l’homme, des crimes contre l’humanité ainsi que d’exploitation illégale au grand jour des ressources naturelles de la RDC par des groupes armés nationaux et étrangers, dont le mouvement terroriste du M23 qui opère dans l’ombre de l’Armée régulière du Rwanda, comme l’attestent les différents rapports assez documentés du Groupe d’experts de l’ONU, des organisations non gouvernementales internationales comme Human Rights Watch et du Livre Blanc publié par le Gouvernement de la RDC en décembre 2022.
Comme le soulignait M. Christophe Lutundula, Vice-Premier Ministre, Ministre des Affaires étrangères de la RDC, dans sa dernière lettre au Conseil de sécurité, « les massacres perpétrés en territoire de Rutshuru par le M 23, mouvement terroriste soutenu par les soldats de la Rwanda Defense Force (RDF), le 28 novembre 2022 à Kishishe et en mars 2023, à Kizimba, en mai 2023 à Tongo et en juillet 2023 , à Bukombo ont porté, une fois de plus, l’horreur à son comble à l’Est de notre pays…. ».
Face à cette énième tragédie, poursuit-il, la MONUSCO a été impuissante et n’a pas pu assurer la protection de la population civile. Aussi, le mécontentement et les frustrations accumulés par les populations de l’Ituri et du Nord-Kivu ont-ils explosés par des manifestations populaires violentes de juin-juillet 2022, à Goma, Beni, Butembo et Kasindi, exigeant le départ de la MONUSCO de la RDC et qui ont causé la mort déplorable de 30 civiles et 5 casques bleus. Comme quoi, la réforme de toute la question des opérations de maintien de la paix s’impose 75 ans après leur création.
Pour conclure, M. Zénon Mukongo Ngay, Ambassadeur Extraordinaire et Plénipotentiaire (Représentant Permanent), paraphrasant son ministre des Affaires étrangères, souligne que « le rejet de la mission onusienne par les congolais est d’autant plus fort que les processus de paix de Nairobi et de Luanda sont bloqués par le Rwanda et le M 23 qui refusent d’obéir aux demandes de la Communauté internationale et d’appliquer le plan de paix issu de ces deux processus sans que ni les casques bleus de l’ONU, ni la Force régionale de l’Afrique de l’Est présents au Nord-Kivu ne les y contraignent ».