France-Algérie: Un rapport parlementaire préconise de contourner le gouvernement algérien

La relation en dents de scie entre la France et l’Algérie refait l’actualité dans l’Hexagone. Dans un rapport diplomatique, qualifié d’explosif, et consacré aux relations France-Algérie, un député français préconise une « diplomatie non gouvernementale » à cause des freins posés par le pouvoir algérien. Son rapport risque de faire grincer les dents des dirigeants algériens.

Dans ce document de 70 pages, Frédéric Petit (MoDem), député de la 7e circonscription des Français établis hors de France, et rapporteur du budget de la diplomatie culturelle ou d’influence, a conseillé au gouvernement français de s’appuyer sur la société civile algérienne au lieu du gouvernement algérien.

Le député s’intéresse chaque année aux relations de la France avec un pays choisi. Après l’Egypte, le Liban, la Géorgie, Israël et la Palestine, le curseur de Frédéric Petit s’est dirigé vers l’Algérie avec qui les relations sont troubles, teintées d’incompréhensions, d’attentes, de susceptibilités, d’hypocrisies malsaines et surtout sont complètement entremêlées.

Ni fiabilité, ni stabilité

Le problème ne réside pas uniquement dans le passé colonial entre les deux pays et des relations tumultueuses entretenues, mais au-delà de cela, l’Algérie n’est pas un pays fiable quel que soit le président en place. Le régime politico-militaire tel qu’il est fait, la lutte des pouvoirs, le clanisme à tous les niveaux, les institutions faibles, font que l’Algérie est de facto un interlocuteur avec qui la discussion est compliquée pour n’importe quel autre pays.

Le député explique ainsi dans des mots limpides, les raisons de la discussion et la confiance mutuelle impossibles entre Alger et Paris. Il parle de « l’instabilité, l’illisibilité et la précarité de l’administration (algérienne), y compris aux plus hauts niveaux hiérarchiques », qui fait qu’il est difficile de connaitre les interlocuteurs qu’il faut et ceux qui ont un pouvoir.

Frédéric Petit explique qu’en Algérie tous les responsables, y compris les ministres ne peuvent pas prendre de décisions par « crainte de règlements de comptes » et de représailles.

Le parlementaire s’est rendu à Alger et à Oran, du 18 au 20 septembre et a rencontré des diplomates français et des membres de la société civile algérienne. Il y a pu conclure à « la permanence des blocages de la relation bilatérale » et constate une relation « qui paraît toute aussi foisonnante au plan humain que dysfonctionnelle au plan politique ».

Selon lui, « toute approche strictement institutionnelle semble en effet buter irrémédiablement, en Algérie, sur des obstacles sans cesse renouvelés qui trouvent leur origine dans l’organisation même de l’Etat algérien ».

Diplomatie non gouvernementale

De ce fait, il préconise que les efforts diplomatiques français soient concentrés plutôt sur une diplomatie « non gouvernementale », pour permettre à la France de continuer à avoir une influence en Algérie. Il cite en particulier la jeunesse algérienne, les entrepreneurs et la diaspora qui sont des leviers d’influence aux mains des diplomates français.

Il a constaté aussi que des projets de coopérations initiés par la France ont été refusés par l’Algérie, mais ont été favorablement accueillis lorsqu’ils ont été initiés par l’Union européenne. Ainsi, le député recommande que l’ambassadeur de France à Alger ait pour mission de « mobiliser prioritairement les processus de coopération européenne », de manière à utiliser la couverture de l’Union européenne pour faire passer des moyens d’influence en Algérie.