Frictions et fractures : l’Algérie et l’épreuve de l’unité africaine 

Au cœur de l’arène africaine, l’Algérie se retrouve aujourd’hui au centre de turbulences diplomatiques qui ébranlent son image sur le continent. Un vent de fronde souffle depuis Alger jusqu’aux confins de l’Afrique, laissant derrière lui une traînée de déceptions et d’interrogations quant à la fraternité africaine tant prônée.

L’irruption du régime militaire d’Alger y a joué avec un zèle excessif, déclenchant une crise avec son voisin malien qui ne voit pas de son plus bel œil, la proximité de l’Algérie avec certains mouvements armés du Nord du Mali. Et ce n’est pas tout, les entremêlements peu orthodoxes dans les affaires d’autrui, les liaisons dangereuses avec des personnages aux desseins douteux, ont laissé les spectateurs du continent perplexe et dubitatif.

Le pantin préféré du régime des capos d’Alger, en chef d’orchestre imprévu de cette cacophonie, semble avoir mal accordé ses instruments, frôlant les dissonances au lieu des harmonies. Dans cette partition improvisée, la réputation algérienne pourrait bien nécessiter une cure de jouvence, pour ne pas dire une révolution, afin de reconquérir les faveurs des mélomanes africains et redorer son blason économique et diplomatique.

Du coup, l’image de l’Algérie sur la scène africaine s’est ternie, affectée par les récents événements politiques et les comportements discriminatoires, notamment lors de la CAN 2024. Cette situation pose un défi pour l’Algérie, qui doit naviguer entre les répercussions de ses actions et la nécessité de maintenir le restant de ses relations avec le reste de l’Afrique.

La toile de fraternité qui unissait autrefois les nations africaines, paraît se déchirer, tiraillée en cela par une crise politique aux répercussions inattendues. Le régime des capos d’Alger, par ses décisions qui résonnent avec la fermeté des échos dans le désert du Sahara, semble avoir creusé un fossé avec le Mali, son voisin historiquement lié par plus que de simples frontières terrestres.

Cette discorde diplomatique a trouvé un écho particulièrement dissonant lors de la grand-messe du football africain : la Coupe d’Afrique des Nations de 2024 en Côte d’Ivoire. Là, dans les gradins vibrants d’émotion et de passion, un tout autre jeu se jouait. Des comportements que l’on qualifierait de déviances raciales ont terni la fête continentale. Des supporters, porteurs d’un maillot national qui se voulait symbole d’unité, ont affiché des attitudes contraires aux valeurs de solidarité et de respect, valeurs fondamentales du sport.

Ces incidents ne sont pas sans rappeler que le sport, miroir de la société, reflète aussi ses failles et ses fractures. Comment un pays, berceau de figures historiques qui ont prôné l’égalité et la lutte contre l’oppression, se retrouve-t-il aujourd’hui au ban de l’opinion publique africaine ? La question mérite d’être posée et, plus encore, d’être méditée.

L’image de l’Algérie, autrefois auréolée de son rôle dans les mouvements de libération et de son influence au sein de l’Union africaine, se trouve à présent ternie. Les dirigeants algériens, conscients ou plutôt inconscients des enjeux, se doivent de réagir pour rapiécer le tissu déchiré des relations panafricaines. Mais comment faire quand on se met à dos des pays comme le Mali, le Niger, voire le lointain Congo. La diplomatie, tout comme le sport, a plutôt cette capacité de rapprocher les peuples et de panser les plaies, mais encore faut-il saisir cette balle au bond.

Alors que les projecteurs de la CAN se sont éteints, laissant derrière eux une traînée de rumeurs et de malentendus, l’Algérie se doit de reconstruire son image, de rebâtir les ponts et de rappeler au monde les valeurs qui ont jadis guidé sa marche vers l’indépendance. Il lui faudra, pour cela, jouer un match dont les enjeux dépassent largement le cadre des stades : celui de la réconciliation et du respect mutuel.

Mohamed Jaouad El Kanabi