Goma, une ville mouroir ?

Autrefois qualifiée de havre de paix et une ville où il fait beau de vivre grâce à ses activités économiques florissantes, à son climat semi tempéré et à son environnement salubre, la ville de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu présente ce jour l’image d’une ville où règne l’insécurité. Il ne se passe pas un jour sans que la ville n’enregistre des cas d’assassinats par balle et autres meurtres. Au-delà de la menace des rebelles de M23 et de l’AFC de Corneille Nangaa qui a d’ailleurs coupé presque toutes les voies d’approvisionnement de Goma, la circulation incontrôlée d’armes à feu pousse les habitants à vivre dans la peur au ventre.

En effet, les journées de lundi, mardi et mercredi de cette semaine auront été cauchemardesques pour les habitants de la ville de Goma. Lundi dernier, c’est un homme en tenue militaire qui a tué trois personnes au quartier Majengo pour des raisons non encore connues. Comme si cela ne suffisait pas, le jour suivant, c’est-à-dire dans la soirée de mercredi, cinq autres personnes qui ont été fusillées à la suite d’un braquage. Les faits se sont passés au carrefour populaire qui donne sur l’avenue Félix Tshisekedi communément appelée entrée Président, sur la route Sake. Selon les témoins, il s’est agi d’un braquage ciblé car les assaillants filaient une voiture qui provenait de la banque et à bord duquel se trouvaient le fils et la caissière d’un homme d’affaires de la ville. Bien avant les assassinats de cette semaine, c’est un chauffeur de CICR qui a payé les frais dans un embouteillage et tué par des personnes présentées comme membres de groupe des patriotes d’auto défense dit les Wazalendo. Les changeurs de monnaie communément appelés cambistes ont été aussi à une période la cible des professionnels de chaos dans la ville de Goma.

Des présumés auteurs de braquage arrêtés

C’est un joli coup de filet de la police nationale congolaise qui a été enregistré au lendemain du braquage survenu à l’entrée de l’avenue Président qui a coûté la vie à cinq personnes. Le Maire policier de la ville de Goma a présenté à la presse hier un groupe de présumés auteurs de ce meurtre. Le commissaire principal Faustin Kamand, a annoncé un procès public et en flagrance contre ce groupe des présumés malfrats avant de demander à la population de collaborer avec la police en dénonçant toute personne suspecte dans la ville.

« La justice va, selon notre souhait, faire une audience publique pour que chacun sache l’évolution du dossier. Actuellement à Goma, nous avons le phénomène Wazalendu, nous avons des déserteurs, nous avons aussi des gangs. Nous demandons aux dirigeants de Wazalendu de veiller à la bonne gestion de leurs éléments. Ils doivent être mieux encadrés, et leurs munitions doivent être contrôlées », a déclaré le maire policier de la ville de Goma à la presse.

Inquiétudes de la population

Toutes les tueries que la ville de Goma enregistre depuis un certain temps inquiètent au plus haut point la population qui se voit abandonnée à son triste sort. » Comment comprendre qu’une ville aussi sur-militarisée comme la ville de Goma à cause de l’état de siège depuis deux ans puisse enregistrer ces assassinats en cascade ? s’est interrogé un notable de la région et vice- président honoraire de l’assemblée provinciale du Nord Kivu, Jean-Paul Lumbu Lumbu. D’autres personnes vont plus loin jusqu’à conclure que c’est l’échec de l’état de siège qu’il faut lever immédiatement. «  Alors que l’on pensait que nous serons à l’abri des assassinats et la paix sera rétablie dans la province pendant l’état de siège, c’est le contraire que nous vivons. On tue plus à Goma pendant l’état de siège qu’avant l’état de siège », s’est exclamé un autre notable de la région qui a requis l’anonymat. Ainsi, des voix s’élèvent de plus en plus dans la ville de Goma pour appeler les autorités pour la sécurisation des personnes et de leurs biens.

Richard Shako Kanyengele