Jean-Pierre Bemba et les défis de la pacification de l’Est (Belhar Mbuyi, Journaliste)

C’est bien à Jean-Pierre Bemba Gombo que le chef de l’État a confié le ministère de la Défense nationale en ces temps de guerre. Depuis lors, cette nomination suscite la joie chez les uns, alors que d’autres entonnent un hallali pour crier leur désapprobation. C’est à ces derniers que j’aimerais m’adresser ce jour. Rebelle ? Eh bien, Nelson Mandela, Joao Lourenço, Mao Tsé-Toung, Ho-Chi-Min, Aby Ahmed, Samoa Machel, Castro etc. l’ont tous été ! Le plus important étant le mobile étant le mobile à la base de la révolte. Depuis la Conférence nationale souveraine d’heureuse mémoire fut édictée ce principe sacro-saint pour la sauvegarde de l’espérance démocratique congolaise : chaque congolais le droit de combattre par TOUS LES MOYENS tout celui ou tous ceux qui voudront imposer une nouvelle dictature au pays.

Chape de plomb

Un petit rappel rafraichira sans doute la mémoire à ceux qui l’aurait oublié : en 1998, le pays croupissait sous une dictature d’un autre âge. Les partis étaient interdits, seuls avaient droit d’exister les fameux CPP – Comités du pouvoir populaire – sortes des soviets de l’époque bolchevique. Tous ceux qui élevaient la voix étaient réprimés sévèrement : Étienne Tshisekedi fut relégué dans son village, avant de prendre le chemin de l’exil à Bruxelles ; Antoine Gizenga fut attaqué dans sa résidence, menacé de mort, ses biens pillés et ses militants emprisonnés. Quant au peuple, il fut simplement massacré comme à Kikyo à Butembo en 1998. Face à cette chape de plomb, tout espoir semblait perdu. Mais il fallut des fils du pays courageux pour parler au dictateur le seul langage qu’il savait comprendre : celui des armes. Jean Pierre Bemba quitta le luxe douillet de sa villa à Rhode-Saint-Genèse, banlieue bourgeoise de la capitale belge, pour gagner le maquis. Dans la forêt d’Aketi, en proie aux moustiques, serpents, et autres bestioles de la jungle, entouré du major Second Karawa et du capitaine Mananga Solo, il sua sang et eau lors d’une rigoureuse formation par des officiers ougandais. Formation physique, apprentissage des fondamentaux du métier de soldat et de la vie militaire, infanterie, techniques d’état-major, il apprit tout sur le terrain comme d’autres dans l’histoire du monde, de Deng Xiaoping qui devint chef d’état-major de l’armée chinoise au maréchal nord-coréen Kim-Il-Sung, qui libéra son pays du joug colonial japonais, en passant par le général vietnamien Giap, considéré comme l’un des meilleurs stratèges militaires du 20ème siècle. Sa formation terminée, à la tête des jeunes recrues et d’un contingent des jeunes Banyamulenges ayant fait défection du RCD, il partait, en chef de guerre, à la bataille, risquant sa vie face aux bombardements zimbabwéennes, notamment à Lisala. Homme de poigne, abhorrant le tribalisme, il étendit sa zone d’influence en 2001 avec la création du Front de libération du Congo (FLC) par la réunion du MLC, du RCD/K-ML de Mbusa Nyamwisi et le RCD/N. C’est à cette période qu’il réussit un de ses hauts faits d’arme : mettre fin à la meurtrière guerre ethnique Hema-Lendu. Après son départ de l’Est, cette guerre a repris et s’est même amplifiée jusqu’à ce jour. Aujourd’hui, les CODECO, FRPI, FPIC et Zaïre continuent les massacres allègrement !

Pacifier l’Est

C’est grâce à la lutte armée qu’il a conduite, avec d’autres mouvements politico-militaires, que la classe politique et la société civile congolaises ont été convoquées à un dialogue à Sun City pour mettre en place cet ordre politique démocratique qui permet au pays d’organiser des élections à intervalles régulières.

En 2006, lors de sa campagne électorale, Jean-Pierre Bemba Gombo avait, lors d’un meeting à Goma, promis de pacifier l’est du pays en six mois. Il avait prouvé ses capacités en Ituri. Mais les gens du Kivu avaient préféré contribuer à la victoire de Joseph Kabila, le plus faible des candidats en présence. A l’issue de des deux mandats de ce dernier, l’Est du pays est devenu le plus grand producteur de groupes armés du monde : 120 au total !

Avec le récent remaniement ministériel, Jean-Pierre Bemba Gombo est désormais ministre de la Défense nationale, avec pour mission de pacifier la partie orientale du pays. Ce diplômé du prestigieux Institut catholique des hautes études commerciales (ICHEC) de Bruxelles en a les capacités. Le chef de l’État et le peuple congolais comptent sur lui.