Jets d’oeufs et échec sur le Sahara, le bilan de la visite de Tebboune au Portugal

Le président algérien Abdelmadjid Tebboune s’est fait huer et des œufs ont été jetés sur sa voiture à Lisbonne, lors d’une visite officielle de deux jours au Portugal. Le chef d’Etat algérien voulait faire de ce déplacement un événement diplomatique pour arracher une position favorable à l’Algérie dans le dossier du Sahara, mais in fine, mal lui en prit!

Des Algériens ont jeté des œufs sur la principale voiture du cortège présidentiel algérien où se trouvait Abdelmadjid Tebboune à la sortie de la mairie de Lisbonne, pour faire part de leur colère et leur dénonciation de cette présidence choisie par les militaires.

Impopulaire dans son pays et hors de son pays, le président algérien qui cherchait à redorer son blazon à l’étranger à travers ce déplacement au Portugal, s’est, au contraire, fait humilier une nouvelle fois avec ce jet d’oeufs, très symbolique de la rupture avec le peuple algérien et la diaspora algérienne.

Les Algériens sur place, ont scandé des slogans pro-Hirak et contre le régime militaire régnant dans leur pays d’origine, demandant un régime civil. « Tebboune mzouer, jabouh l’Aaskar » (Tebbune est une mascarade, ce sont les militaires qui l’ont ramené), ont-ils scandé appelant à la libération des détenus d’opinion.

A défaut de pouvoir se rendre en France ou en Russie, le chef d’Etat algérien s’est rabattu sur ce déplacement au Portugal, qu’il voulait être un tremplin pour cacher l’échec de ses deux déplacements reportés.

« Abdelmadjid Tebboune est parti au Portugal parce qu’il fallait qu’il parte quelque part au mois de mai. c’est aussi simple que ça », a indiqué le journaliste algérien Abdou Semmar dans une analyse de cet déplacement.

« Il ne pouvait pas aller en France », a-t-il indiqué en référence à la crise diplomatique entre les deux pays suite au vote d’une résolution dénonçant la situation des droits de l’homme et des journalistes par le Parlement européen et un refus par Paris de céder aux caprices de l’Etat algérien en termes de programme de la visite, ne voulant pas être un moyen pour faire du « marketing politique » pour Abdelmadjid Tebboune.

Quant à la Russie, « les relations avec Moscou se sont refroidies, ce n’est plus la grande amitié qu’il y avait avant et ça fait deux ans que l’Algérie fait trainer Moscou pour la signature du nouveau partenariat stratégique, pour l’achat d’armes, pour l’utilisation de la monnaie russe pour les échanges économiques », a énuméré le journaliste algérien.

Il explique par ailleurs que dès que l’Algérie a pris ses distances de la Russie à cause du « pressing » des puissances occidentales qui menacent les acheteurs d’armes russes, et que « dès qu’il y a un coup de froid avec Paris, (l’Algérie) essaie de revenir vers Moscou. La Russie a compris le double jeu du régime algérien ».

Avec ce déplacement inattendu au Portugal, le président algérien cherchait à créer la surprise en tentant de « torpiller » les relations entre le Maroc et les pays européens, dont le Portugal fait partie, en arrachant une position favorable à l’Algérie et au polisario sur le dossier du Sahara.

Aucune communication n’a été faite concernant cette visite officielle de deux jours, elle n’a été annoncée que lorsqu’il était à bord de l’avion, signe d’une visite se voulant discrète, qui a été organisée à la dernière minute.

La presse algérienne a expliqué les motivations derrière cette visite du président algérien au Portugal, elles se concentrent sur le Maroc pour l’isoler de ses partenaires régionaux et des tentatives de briser la dynamique de soutien au plan marocain au Sahara.

« Le président Tebboune est en mission pour endiguer les manœuvres du régime marocain », a indiqué le média algérien Echorouk online, ajoutant qu’elle « sera l’occasion pour l’Algérie de barrer la route au régime marocain, qui vise à attirer un autre pays européen dans le bourbier du soutien aux plans expansionnistes de Rabat dans la région du Maghreb, comme il l’a déjà fait avec l’Espagne ».

Le média algérien affirme que le but sera de « torpiller toute retrouvaille du Maroc avec ses anciens alliés du Vieux continent » et que l’Algérie serait « en train de s’armer des scandales du régime marocain » (en référence aux accusations du Qatargate) pour plaider les positions du polisario auprès du pouvoir et autorités portugaises.

Sauf que le président algérien revient les mains vides en n’ayant pas eu gain de cause. Le président portugais, Marcelo Rebelo de Sousa, qui a reçu Abdelmadjid Tebboune, a parlé d’une « solution politique à la question du Sahara avec la médiation des Nations unies et l’accord entre les parties intéressées », de quoi montrer qu’il ne s’agit pas du polisario dans cette affaire et encore moins du supposé « droit à l’autodétermination » que revendique Alger.

Le timing pour Abdelmadjid Tebboune est mal choisi, puisqu’il y a deux semaines de cela, le Portugal a réitéré son appui à l’initiative marocaine d’autonomie, présentée en 2007, qu’il considère comme une proposition réaliste, sérieuse et crédible en vue d’une solution agréée dans le cadre des Nations unies, selon la Déclaration conjointe ayant sanctionné les travaux de la 14ème Réunion luso-marocaine de haut niveau, organisée à Lisbonne, sous la présidence conjointe du Premier ministre portugais, António Costa, et du chef du gouvernement, Aziz Akhannouch.

https://fr.hespress.com