José Nawej : Un homme, une plume

Grand, tu l’étais. Pas seulement par la taille. Mais aussi et surtout par la qualité de tes écrits. Tu m’as donné le goût et l’envie d’écrire pour la presse écrite. Personne d’intelligent ne pouvait demeurer insensible à tes éditoriaux que je m’empressai de lire sur le lit chaque matin. Pour moi, Forum des As, c’était d’abord José Nawej. Puis le reste après. Des écrits profonds, piquants, interpellateurs et pleins d’enseignement. Tu m’as appris la face cachée des évènements politiques. Tu étais l’historien du présent, fouinant avec une dextérité sans pareille les méandres de la politique congolaise. Les expressions latines dont tu étais le seul à en avoir le secret servait d’épices à ta sauce épistolaire.

Je suis d’accord avec un confrère qui a dit que tu étais le dernier des mohicans. Cette race de très bons journalistes exigeants avec eux-mêmes, rigoureux avec les mots, sérieux, professionnels, humbles, attachants, qui est en train de disparaitre au profit de ces chercheurs d’honneur et de célébrité. Avec ton carnet d’adresses très riche, tu as eu des occasions sûres pour entrer en politique par la grande porte ou travailler dans les cabinets des ministres. Mais tu as préféré demeurer journaliste pur, dans la rédaction, au contact avec le factuel.

Quand tout le monde allait dans un sens d’une certaine information, José Nawej, mon vieux José, tu trouvais une manchette venant de nulle part. Des Unes attirantes, simples et efficaces. Un cerveau au service de son pays qui a fait de Forum des As un des meilleurs canards au pays. Oui, tu vas me manquer mon vieux José. Bientôt les élections et leurs méandres comme d’habitude, qui va nous les expliquer ?

Voici les nouvelles générations se lèvent pleines d’ambition, mais sans profondeur à l’heure où ta plume les aurait enseignées mieux que l’Ifasic. Tu ne méritais pas ces balbutiements que j’ai vécus de la part du maître de cérémonie lors de tes obsèques. Tu méritais un long poème rédigé dans les règles de l’art, démontrant que tu as été perfectionniste jusqu’au bout, toi qui ne pouvait pas laisser paraître un texte mal écrit.

Vieux José, as-tu vu combien les journalistes t’ont pleuré à cette morgue du cinquantenaire ? As-tu remarqué la présence des anciens Premiers ministres Tshibala et Muzito que le protocole a offensés en les appelant après un député du Kivu ? As-tu vu ton ami et ministre d’État Pius Muabilu venant personnellement sous la pluie pour te rendre les derniers hommages ? Es-ce que tu as eu le temps de voir d’autres hautes personnalités venues pour la circonstance ? Le président du Sénat Bahati Lukwebo, le ministre José Mpanda, le ministre Muyaya et tant d’autres députés.

Le temps me manque pour te rappeler combien d’Associations des journalistes étaient présentes : Unpc, Csac, Dynamique de Zongo, Toile d’araignée, sans oublier les églises. Vieux José, notre cœur a failli s’arrêter en regardant tes enfants pleurer. Tes cinq belles filles vêtues de blanc. C’était très émouvant. Elles ont fait pleurer toute l’assistance, rappelant quel bon père tu as été pour elles. Tu t’es donné littéralement pour ces cinq doigts de la main. Elles vivront désormais sans toi. Que dire de leur pauvre mère qui ne te verra plus. Elle était toute en larmes. Tu t’en va sans assister au mariage de ta fille, alors que cela te tenait à cœur.

Repose-en paix, Maître.