Kinshasa comprend-il Kigali ?

Douche froide. Camouflet. Témérité. Tels sont les mots qui doivent désormais faire réfléchir Kinshasa politique, après le revirement spectaculaire du Rwanda avec qui elle a négocié, sous l’égide de Luanda, pour mettre fin à la crise, surtout dans la partie Est de la RDC.

En effet, quelques heures seulement ont suffi pour que Kigali rabroue tout de Luanda. Après le compromis du samedi 12 octobre 2024, conclu entre les deux parties au pays de Savimbi, en Angola, Kigali s’est vite ravisé, en revenant sur sa position.

Comme pour narguer Kinshasa politique et tout son peuple, le Rwanda s’est « amusé » à brandir trois préalables à Kinshasa pour la mise en œuvre de ce qu’on appelle « plan de paix dans l’Est de la RDC et dont je n’y crois..

Signataire du compromis de Luanda, le chef de la diplomatie rwandaise, Olivier Nduhungirehe, qui avait en face de lui, son homologue congolais, Thérèse Kayikwamba Wagner, s’est amusé (le terme est moqueur, Ndlr) à livrer « la position officielle » de son pays dont le contenu est celui-ci : « Dans mon discours de clôture à la 5ème réunion ministérielle sous l’égide du Luanda, tenue en Angola, le samedi 12 octobre 2024, j’ai posé, au nom du gouvernement du Rwanda, trois (3) points clés qui seraient décisifs pour résoudre le conflit dans l’Est de la RDC : 1La RDC doit s’approprier cette crise, cesser de faire du Rwanda un bouc émissaire dans toutes les visites officielles et conférences internationales et trouver une solution durable au conflit. Cela devrait se faire par le biais d’un dialogue politique direct avec le M23, en s’attaquant aux causes profondes de la crise »…

Le Rwanda ajoute encore, dans ses griffoneries que la RDC doit, « de neutraliser, de bonne foi, les FDLR génocidaires, qui non seulement sont intégrés dans l’armée congolaise, mais propagent également l’idéologie du génocide au sein de la FARDC coalition et dans toute la région ».

Enfin, le pays de Kagame qui instrumentalise le 23 tangue que « les pays africains qui ont fourni des troupes pour combattre aux côtés de la coalition FARDC/FDLR (contingents Burundi et SAMIDRC), ainsi que les mercenaires européens, déployés en violation du droit international, devraient réfléchir à deux fois avant de se rendre dans l’est de la RDC, ce qui ne fait qu’aggraver une situation déjà tendue ».

Et de conclure : « Si la RDC avait la volonté politique de prendre ces mesures importantes, cela contribuerait de manière significative à la résolution du conflit de longue date dans l’Est de la RDC. Et le Rwanda est prêt à soutenir ce processus ».

Ces conditions coupe-gorge, en français, pas trop compliqué pour Kinshasa politique, a-t-il été analysé par les experts de la question ? Kinshasa comprend-il réellement les ambitions et les extravagances cachées de Kagame, coiffé de tous ses paravents ? Faut-il un dessin à Kinshasa ?

Telles sont des questions que des esprits avertis se posent, en attendant qu’un énième épisode ne vienne surprendre, une fois de plus, Kinshasa politique qui continue à croire aux gestes mielleux de celui qu’elle considère comme interlocuteur diplomatique. En tout cas, nous, non !

Willy Kilapi