Kinshasa comprend-t-il le jeu ?
Dans mon village natal, les sages nous disent toujours ceci: « lorsque le crocodile te montre ses longues dents dans le marécage, il faut s’empresser de gagner le rivage ».
Ce proverbe, que je dirige vers Kinshasa politique, doit être compris avec toutes les vertus alors qu’on évoque une seconde trêve entre les FARDC et les agresseurs de la République Démocratique du Congo, dont le Rwanda et l’Ouganda.
En effet, une seconde trêve vient d’être décrétée, une énième alors que la première a fait flop. Dans ce sens que profitant d’elle, le M23 et ses soutiens patentés se sont bien organisés pour trucider des populations entières dans le villages et territoires qu’ils ont récupérés, les FARDC ayant fait foi à la trêve, la première, à l’initiative des États-Unis d’Amérique, grande puissance. De quoi se demander si Kinshasa politique comprend ce jeu subtil et indigeste, malgré la bonne foi des USA qui veulent voir épargner des vies humaines, des déplacés internes.
En violant la première trêve et accepter la seconde, les agresseurs de la RDC jouent à la distraction pour conduire le pays dans l’abime. Pour autant que si Kigali et Kampala n’ont que faire de la médiation de Washington qui a exigé la première trêve, première puissance mondiale, que peut-on encore attendre de consistant de la seconde trêve ? Qui, selon des indiscrétions difficilement crédibles, chercheraient à faire fléchir Kinshasa politique et l’entraîner sur la voie des négociations.
Dans les salons huppés des avertis politiques, ils se sussurent que Kinshasa politique, faisant foi à la Communauté internationale, ne voit pas venir le danger. Le danger qui guette ses populations. Ses populations décimées par des armées étrangères qui profitent de la “naïveté” des autorités congolaises. Celles-là qui croient, une fois de plus, à une énième trêve. Au finish, lorsque le M23 et ses collaborateurs auront atteint leur objectif, ça sera le requiem. Un requiem dont un des refrains aura comme saveur: “nous avons réussi le plan de balkanisation de la République Démocratique du Congo”.
Et, comme ils auront réussi leur coup, ce sera trop tard! Trop tard pour “bifurquer”, même sur le plan diplomatique dont certains officiels s’amusent à évoquer en se frottant les mains, délicieusement , sans en mesurer le nombre de tueries, d’atrocités et de génocides des populations congolaises !
Ceci faisant cela, les esprits lucides, scrutant et analysant minutieusement cette énième trêve, insistent sur la nécessité d’anticipation. Loin d’eux de se substituer aux techniciens de guerre, ils exhortent le gouvernement à doter les FARDC des moyens logistiques et financiers conséquents pour bouter hors du territoire, sans ou avec trêve, les ennemis de la République. Ceux-là qui croient faire une autre promenade, une marche de santé sur le territoire congolais.
Le contraire s’apparenterait à une complicité et ferait que le crocodile dévore le pécheur dans le marigot, en prenant d’abord soin de renverser sa pirogue.
C’est juste un rappel.
Willy Kilapi