Kinshasa : La population lynche 9 « shégués » le long du Boulevard du 30 juin 

La population s’est mobilisée pour traquer des enfants de la rue, communément appelés « Shegués », jusque dans leur retranchement situé dans les égouts du Boulevard du 30 juin, afin de les punir pour un vol le matin du samedi 8 juillet, aux alentours de 09 heures. Une tension a régné au croisement du Boulevard du 30 juin et de l’avenue Kasa-Vubu, devant l’OCPT dans la commune de Gombe à Kinshasa.

Tout est parti du vol violent du téléphone d’un passant par un jeune délinquant qui, en un temps deux mouvements, s’est glissé dans le grand caniveau où est constitué leur « base » imprenable. Il faut préciser que 9 « Shegués » ont été déracinés de force des égouts du Boulevard du 30 juin, puis lynchés par la population !

Témoins de cet acte odieux, certaines personnes présentes sur le lieu ont entrepris de porter assistance à la victime en encadrant le périmètre en surface de l’égout par lequel le voleur s’était enfui. Durant près de 45 minutes, le « Shegué » s’est fait poursuivre et la traque a abouti par son extraction, ainsi que 8 de ses compagnons, dont une fille.

La population ne s’est pas empêchée de les lyncher jusqu’à l’arrivée des éléments de la police vers 10 h 15′. Ils ont été tous embarqués dans le véhicule des forces de l’ordre.

Les habitués du centre-ville de Kinshasa s’inquiètent au quotidien de la présence massive des enfants de la rue vagabondant le long du Boulevard du 30 juin, devant les grandes surfaces ainsi que des parkings de taxis et arrêts de bus.

Agés de 6 à 15 ans environ, ils opèrent en groupe pouvant atteindre dix unités, le plus souvent au niveau des séparateurs des bandes réservées à la circulation routière. Comme par le passé, ils sollicitent l’aumône auprès des automobilistes dès que le feu rouge neutralise le trafic des véhicules. Lorsqu’ils reçoivent des billets de banques de la part d’un bon Samaritain, cela se termine souvent par des bagarres au milieu de la chaussée, à cause des malentendus sur le partage.

Ce sont les mêmes garnements qui profitent de la moindre distraction pour dérober téléphones, mallettes, sacs à mains, bijoux, montres… et disparaître dans les égouts les plus proches. Dès que la nuit tombe, ces « maîtres » de la Gombe font régner leur loi et insécurisent tous les passants, surtout les jeunes filles et les femmes.

Jean-Luc Lukanda