La CASE donne les raisons qui justifient le non-respect du calendrier électoral

Dans l’une de ses tribunes, la Commission Africaine pour la Supervision des Élections (CASE) est parvenue à la conclusion selon laquelle le calendrier électoral confectionné par l’administration Kadima va souffrir de non respectabilité et ne sera pas tenu en raison de plusieurs facteurs endogènes et exogènes inhérents à sa mise en œuvre réaliste et régulière.

Outre son caractère inconstitutionnel, le calendrier programmatique des élections présidentielles, législatives, provinciales, municipales et locales a été activé dans l’inconscience électorale et sans mesurer ni évaluer le règlement à bon escient des différentes contraintes opérationnelles ci-après :

Primo: Le Gouvernement de la République n’a pas été exemplaire dans le financement du processus. Le Ministre des Finances ayant particulièrement excellé dans ses ingérences condamnables dans la gestion régulière des fonds électoraux. La CENI a accumulé de nombreux retards dans la mise à disposition des fonds, ce qui a considérablement affecté le fonctionnement normal de l’organe de gestion des élections. Ce disfonctionnement déplorable a occasionné plusieurs ARRIÉRÉS de salaire du personnel toujours globalement impayé.

Secundo : La sécurisation du processus électoral est toujours en panne. Deux territoires de la République échappent totalement au contrôle de l’État (Rutshuru et Nyiragongo), trois territoires sont partiellement sous menace sécuritaire aiguë (Masisi, Maï-Ndombe et Djugu) et plusieurs poches d’insécurité persistent à Kinshasa, dans les Haut-plateaux d’Uvira au Sud-Kivu et dans certaines agglomérations du Grand Katanga.

Tertio: L’inexpérience de l’équipe Kadima qui s’est montrée incapable de mettre en place des outils de suivi du calendrier dont le Plan de financement qui aurait dû prévoir un agenda de décaissement des fonds électoraux; le Plan de Sécurisation du processus et un cadre de concertation crédible. L’absence de ces mécanismes indispensables à tout déroulement normal d’un cycle électoral régulier a été à la base de l’accentuation de la méfiance des acteurs politiques et sociaux qui boudent toujours le calendrier mis en place pour ses faiblesses et ses aspects techniquement irréalistes.

Quarto: L’orgueil et la suffisance des quinze membres de la CENI, à la bénéficiaires et complices du forcing électoral et responsables du scepticisme répandu au sein de l’opinion publique congolaise. Dans leur jusqu’auboutisme prétentieux, ils ont bâti une CENI tribalisée et sous haute surveillance du pouvoir.

Quinto: L’échec du rapprochement de la CENI avec les leaders de l’opposition. Au lieu de rencontrer les attentes des acteurs majeurs du processus, la CENI s’est enfoncée en se fabriquant sa propre opposition qu’elle entretient et finance sans scrupules.

Sexto: L’insouciance du Président de la République, Chef de l’État vis-à-vis des revendications de l’Opposition est très préoccupante. Alors que des voix ne cessent de faire entendre pour exiger un début de décrispation honorable du climat politique dans le pays, l’Opposition est cloisonnée et ses leaders intentionnellement réduits au silence, sans compter les nombreuses restrictions et menaces dont ils sont l’objet au quotidien de la part du pouvoir. Si les circonstances de la mort de l’honorable Chérubin Okende Senga n’ont jamais été élucidées, la classe politique de l’opposition ne cesse de condamner les arrestations arbitraires devenues monnaie courante en République Démocratique du Congo. Certains acteurs politiques ont affirmé que l’audit administratif et financier tout comme celui du fichier électoral de la CENI seraient bloqués avec le consentement du pouvoir.

Septimo: Les missions d’observation des élections sont loin d’être écouter par la CENI.

Toutes les recommandations formulées sont foulées aux pieds, y compris celles exprimées par la MOE CENCO-ECC.

La CASE persiste et signe que seul le dialogue évitera au pays tout schéma dangereux de la crise électorale. La CASE propose au Président Félix Tshisekedi d’envisager une transition de 24 mois au terme d’un dialogue inclusif afin de permettre la mise en place des conditions dignes de confiance.