L’ambassade d’Espagne et l’Aba se souviennent de Pablo Picasso par une série d’activités

L’ambassade du royaume d’Espagne en République démocratique du Congo en collaboration avec l’Académie des Beaux-Arts (Aba), a élaboré un programme d’activités dans le cadre de la commémoration du 50è anniversaire de la mort de l’artiste Pablo Picasso.
Parmi les activités retenues, il y a eu un concours, qui a vu 25 artistes tous des étudiants de l’Aba, venus de différents départements à savoir la peinture, la sculpture et la céramique, compétir. 3 prix ont été décernés et un 4è prix offert par l’Académie des Beaux-arts.
S’exprimant à cet effet, l’ambassadeur d’Espagne en Rdc, Carlos Robles, agréablement surpris par la production des étudiants a dit ceci : « Je suis très content vraiment et étonné même par ce qui a été fait par les étudiants de l’Académie des beaux-arts, qui est une institution très prestigieuse. Nous avons pensé à l’occasion du cinquantenaire de la mort de Picasso comme il a été influencé à un moment par l’esthétique africaine, on pouvait essayer de voir comment interpréter ça ici avec les jeunes étudiants. On a eu cette idée de Picasso et Afrique, voyage aller-retour, Picasso devant la gare (…) on a organisé quelques classes, théorique pour expliquer Picasso, son œuvre, sa vie via des conférences et maintenant on voit les résultats du travail. Les résultats sont très encourageants. On a eu quelques choses de très haut niveau, de qualité (…) ». Avant d’ajouter ceci : « Nous, on est très content des résultats on voudrait répéter ça l’année prochaine peut être au tour d’un sujet par exemple Picasso est la guerre…C’est un projet. Ca été facile cette fois. Je suis sûr que l’année prochaine ça sera la même chose pour faire connaitre Picasso, pour faire connaitre aux jeunes ce qui était fait avant et nous pensons que c’est important pour leur carrière. Il faut ouvrir la mentalité et les étudiants se rendront compte qu’il y a tout un monde au tour d’eux. Le monde ne se réduit pas seulement à la Rdc, à l’Afrique mais il faut aller au-delà. De la même manière façon que Picasso a découvert l’esthétique africaine (…) C’est un chemin qu’ils doivent parcourir et nous, on doit leur donner les moyens de connaitre ce qui était fait et ils peuvent développer… ».
Même son de cloche pour le Directeur général de l’Académie des Beaux-arts, le professeur Henri Kalama, très content de la collaboration avec l’Ambassade d’Espagne. Il s’était exprimé en ces termes : « Ces cinquante ans que nous célébrons ont été un moment plus de réflexion avec beaucoup de jeunes sur le travail de Picasso, parce que lui-même disait : « Que les bons artistes imitaient et que les génies volaient (…).
Evoquant le parcours de l’artiste, le professeur Henri Kalama renseigne que Picasso était un artiste majeur, qui dans sa curiosité, dans sa recherche d’un souffle nouveau pour son travail a carrément changé culture visuelle africaine.
« Notre culture visuelle dans le sens où c’est quelqu’un qui a changé le regard des occidentaux sur l’art africain. L’art africain qui était traité comme étant un art qui n’était pas beau et dont les œuvres n’étaient pas belles non plus. Mais en intégrant la géométrie tirée des masques africains petit à petit la culture visuelle des occidentaux a changé. L’art africain ancien a commencé à être perçu différemment. Et donc du coup, après cette reconnaissance de l’art africain à travers l’art de Picasso a fait une sorte d’une flèche retour (…) », avait-il expliqué lors d’un entretien avec Efe, soulignant ceci : « A la veille des indépendances et des mouvements panafricanistes tous les artistes ont vu dans l’art de Picasso on dirait ce qui devrait être la peinture africaine moderne. Et c’est ainsi qu’il y a eu comme une réplique de son travail et dans un effet mimétique beaucoup d’artistes africains ont commencé à s’inspirer non pas de l’art africain mais de l’œuvre de Picasso ».
Pour ce concours, l’ambassade a travaillé en contact avec la Casa Museo Natal de Picasso à Malaga en Espagne. Celle-ci a facilité la tenue de trois séminaires la biographie, la peinture, la sculpture et la céramique de Pablo Picasso, donnés par les conservateurs Mario Virgilio Martanez et Carlos Ferrer, et le chercheur Pablo Miguel Salazar. Alors que le jury était composé du Directeur général de l’Académie des Beaux-Arts, de l’Ambassadeur d’Espagne, de l’Ambassadeur du Portugal et de la Directrice de la Symphonie des Arts.
Outre ce concours, soulignons qu’il y a une exposition, dénommée : « Picasso-Afrique » : Un voyage de retour, prévue du lundi 07 au 12 aout dans la grande salle d’expositions de l’Aba. Elle présentera les 25 œuvres de peinture, de sculpture et céramique crées autour de Picasso mettant en lumière le premier prix de l’artiste congolais Muhindo Muthangi Eraste. A regarder de près cette œuvre, c’est une peinture sur planche de bois qui réinterprète la photographie prise de Françoise Gilot et Picasso sur les plages Golf Juan sur la Côte d’Azur, où le visage de la femme est remplacé par un masque africain.
Rappelons que Pablo Picasso est né à Malaga en Espagne et mort à Mougins en France. Il a marqué l’art du XXème siècle et crée une nouvelle culture visuelle qui demeure et est reconnaissable sur tous les continents. Les deux œuvres les plus influentes de l’histoire de l’art contemporain sont : « Les demoiselles d’Avignon (1907) et Guernica (1937).
Une note de l’ambassade d’Espagne en Rdc à Efe renseigne que l’art africain est venu à Picasso par Henri Matisse et une visite au Musée Ethnographique de Trocadero à Paris en 1907. Là, Picasso a découvert des petites statuettes et des masques rituels des peuples africains et a compris ce que signifie vraiment la peinture. « C’est une forme de magie qui se dresse entre nous et l’univers hostile. Ce jour-là, j’ai trouvé que j’avais trouvé ma voie » peut-on lire sur cette note de l’ambassade.
Et donc depuis, plusieurs expositions unissent Picasso et l’Afrique parmi lesquelles celle du 1972 et de 2022 au Musée des Civilisations noires de Dakar au Sénégal et celle de 2006 à Standard Bank Gallery de Johannesburg en Afrique du Sud.
Prince Yassa