Lamine Ndiaye : « De la rigueur pour faire durer la réussite… »
Le technicien franco-sénégalais est resté humble pour la suite de la saison, où le plus dur est à accomplir avec la phase des play-offs en Ligue 1, la Ligue des champions même si cette équipe du TPM est encore dans une phase de reconstruction.
AFL : L’adversaire se nomme Espérance de Tunis, à jouer à l’extérieur. Avez-vous des regrets après cette double confrontation ?
Le seul pincement au cœur que nous avons, c’est de n’avoir pas offert ce match à nos supporters. Avec leur apport et la forme de nos joueurs, nous aurions pu nous en sortir beaucoup mieux. Malgré tout, nous sommes partis en Tanzanie (remerciements au président de Simba SC) où l’accueil était fantastique, avec les 3/4 du stade pour nous. Nous avons remporté le match aller. Au retour, nous étions trop lents sur les coups de pied arrêtés ce qui n’était pas encore arrivé auparavant. Des erreurs individuelles de marquage alors que nous avions préparé cela à l’entraînement.
Le but qu’on prend juste tombe avant la mi-temps. Au retour la pression s’est accentuée sur eux, on pouvait marquer un but qui allait nous mettre à l’abri. Nous avions la balle d’égalisation avec Glody LIKONZA qui rate. Mais la même occasion s’est reproduite face à Blessing à Kolwezi (il a cette fois-là marqué et corrigé l’erreur). Ce jour-là, on prend trois buts dont deux sur coups de pied arrêtés. C’était un jour sans qui arrive au mauvais moment.
Il y avait de la place pour se qualifier, étiez-vous dur avec vos joueurs ?
Je ne me cache pas. Je leur ai dit des choses en face. Il faut mouiller le maillot et savoir ce que ça représente. Je leur ai montré des exemples. Le président tient à Robert KIDIABA, à Pamphile MIHAYO ou Isaac KASONGO, ces garçons ont participé à la réputation de Mazembe. Ils ont hissé le drapeau très haut. Prenez ces exemples, ils sont là. C’est ce qu’on essaie d’injecter dans cette génération (bon état d’âme et d’esprit). Que chacun apporte sa pierre à l’édifice en pensant à l’autre, parce que sans l’autre, tu n’as rien. Il faut conjuguer nos efforts pour réussir.
Ligue des Champions : Qualification pour la phase de groupes.
C’était un bol d’air, un ouf de soulagement parce qu’il y avait une sacrée pression malgré qu’on ait gagné à l’extérieur. On savait que l’équipe de Big Bullets avait de la qualité. Il fallait se méfier et bien se préparer. C’était pour l’instant notre meilleure première mi-temps de cette saison.
Vous démarrez par une défaite en Egypte, comment vous vous êtes repris ?
Le match contre Pyramids au Caire, c’est le mauvais match. On était très moyen et moins, je pense qu’il y avait de la place pour ne pas perdre. C’est sur une faute d’inattention qu’on encaisse un but qui nous coûte.
Face à Mamelodi Sundows, l’enjeu était simple : si les joueurs voulaient passer pour des moins que rien, ce jour-là, il fallait juste courber le dos et se laisser taper. On devait faire mieux puisqu’il n’y a pas une équipe au monde qui ne perd pas.
Mamelodi restait sur une série d’invincibilité mais malgré son potentiel, il avait des failles dans tous les compartiments du jeu. On était sur notre terrain et notre public. J’ai discuté avec les joueurs et je leur ai parlé de nos adversaires d’avant, le Grand Al Ahly ou le Grand Zamalek, l’Espérance. Quand ils venaient, ils avaient la tremblote parce qu’ils savaient ce qui les attendait. J’ai fait comprendre aux joueurs qu’ils pouvaient, avec de la chance, renverser cette équipe sud-africaine. Après la mi-temps avec le poteau touché par Sundowns, les joueurs ont commencé à croire en eux-mêmes. J’ai entendu des réflexions des uns et des autres dans les vestiaires. Finalement, ils l’ont fait!
En phase de groupes : Mazembe premier et à un match de la qualification, ça vous plait ?
C’est le plus dur qui commence. Il faut confirmer la bonne première partie de saison. La confirmation est souvent difficile, avec les mêmes joueurs, le même contexte, c’est le money time. Maintenant, en gagnant des matchs, on avance de trois à quatre pas. Il faut se préparer, en vivant avec la pression, l’appréhender et l’apprivoiser surtout. Je pense que les joueurs sont conscients et croient en leurs possibilités. Si on travaille bien et dur, si tout le monde s’y met, nous atteindrons nos objectifs.
On est toujours dans la construction. Nous ne sommes pas encore au plafond, on élève le bâtiment. On n’est pas encore prêt, il faut continuer de travailler. Les choses importantes vont commencer maintenant avec les play-offs de la Ligue 1 et les deux matchs de la Ligue des Champions qui vont conditionner la suite.
Après les vacances, les joueurs sont revenus avec quel état d’esprit ?
Ils avaient besoin de souffle après six mois de travail intense. L’organisme avait besoin de ça, il y avait déjà une certaine lassitude qui allait s’installer si on ne faisait pas ce break. Il fallait prendre le temps de se reposer et se divertir un peu. Les choix se résument par la concurrence dans l’équipe. Je l’ai dit au début et ça va continuer comme ça. Personne n’est sûr de jouer sans travailler. Certains joueurs ciblés qui sont arrivés. J’ai eu mon mot à dire. Il y a ceux qui mettent plus de temps à s’adapter. Ce n’est pas facile de changer de pays et d’environnement. On a besoin de technique et d’engagement. Pour s’adapter à ce type football, ça peut prendre beaucoup de temps. Il faut être patient!
Qu’en est-il de la polyvalence ?
J’essaie des choses parce que demain, tu peux avoir un joueur malade, indisponible. Si tu n’as pas au préalable cherché un remplaçant, on peut être déboussolé. C’est pourquoi de temps en temps, j’essaie des combinaisons. Ça ne veut pas dire que c’est tous les jours que ça réussit. On apprend et on découvre les choses.
Quelle idée avez-vous de la suite de la saison ?
Quand tu fais la compétition, c’est pour gagner même si on est dans la construction. On ne manque pas d’ambition.
Plus de 50 buts sur 16 matchs, c’est fort ?
C’est une moyenne de près de 2,8 à 3 buts par match. Ces statistiques doivent donner conscience aux joueurs, surtout qu’ils soient confortés par rapport à ce qu’on s’est dit au début. A savoir que s’ils travaillaient bien, font attention à certaines choses, ils pouvaient aller loin. Maintenant, c’est à eux, ce sont eux les acteurs (on est là pour définir les choses) qui doivent faire la différence. Il faut aussi de la rigueur pour faire durer la réussite. Le travail paie. Il faut accepter de souffrir quand on aime les bonnes choses pour bien les savourer.
La Ligue 1, un commentaire.
Il y’a de la qualité dans ce championnat. Si ça pouvait être régulier, on obtiendrait de bons résultats. C’est sur ça que les dirigeants doivent travailler et on leur souhaite bon courage.
Face à Pyramids, les supporteurs peuvent s’attendre à quoi ?
Le 24 février, c’est un autre tournant de la saison. Tout sera conditionné par ce match. Nous travaillons pour avancer et comptons sur l’appui de toute la famille Mazembe pour atteindre nos objectifs.