Le bilan d’étape du PDL-145 T présenté par Mme la ministre du Plan n’est pas un succès

Chiffré à 1,66 Milliards d’USD, le PDL-145 T 2021-2023 avait pour objectif de promouvoir l’émergence d’une économie locale dynamique susceptible d’améliorer les conditions et cadre de vie de la majorité des populations congolaises vivant dans le monde rural. (Voir document officiel du PDL-145 T).

Une grande première depuis l’indépendance, ce programme avait vocation à ressusciter l’arrière-pays après les désastres causés par les mesures irrationnelles de zaïrianisation, ainsi que les effets néfastes de la gouvernance chaotique de la deuxième république, auxquelles il faut épingler les pillages des années 1991, 1992 et 1993 et la longue transition de 1990 à 2006.

Conçu comme outils de gouvernance à impact économico-social certain, aucun patriote épris de l’amour du pays ne pouvait l’assimiler à une démarche de propagande électorale. Il s’agit de la vie de tout un peuple qui attend depuis des années le retour massif au travail productif qu’induit la création des richesses en vue de résorber le chômage à tous les niveaux, ainsi que la pauvreté chronique en milieu rural.

Au cours d’une conférence de presse, la Ministre d’Etat en charge du Plan, Judith Tuluka a présenté le bilan d’étape du PDL-145 T de manière suivante. Selon elle, 305 ouvrages ont été totalement achevés et réceptionnés. Il s’agit de 178 écoles, 108 centres de santé et de 19 bâtiments administratifs. La ministre évoque les contraintes logistiques et sécuritaires comme défis rencontrés par certains entrepreneurs attributaires de marchés de construction de ces ouvrages.

Cependant, la Ministre perd de vue le fait qu’en RDC la capacité d’absorption des financements disponible reste toujours le point faible de notre gouvernance publique en raison des carences managériales de plusieurs ordre, dont le déficit moral. Si les exécutifs provinciaux et ceux des ETD n’ont pas été impliqués directement dans la gestion des marchés de ces travaux, certainement en raison de l’anarchie, de l’affairisme et de la maffia politico-financière qui y règnent en maitre partout.

Or, la meilleure approche de réalisation optimale et décentralisée de ces ouvrages aurait été de laisser chaque province mouiller ses propres maillots dans le cadre de la territoriale du développemen. A charge des exécutifs provinciaux, il leur reviendrait d’organiser le meilleur système d’approvisionnement en matériaux et intrants, de sélectionner les entreprises répondant aux meilleurs critères de qualification et suivre le contrôle d’exécution.

Mais hélas, Ce résultat minimaliste présenté par la Ministre est à mettre dans le compte de l’impréparation, d’absence d’analyse des données en présence, bref de l’inexpérience dans le mangement des grands travaux. Difficile d’expliquer pourquoi avoir inversé l’ordre de priorité d’évidence naturelle dans la planification de mise en œuvre du PDL-145 T. Gouverner étant prévoir, ce programme aurait dû démarrer par l’aménagement des routes d’intérêt régional et local, ayant assurément un effet d’entrainement probant sur son succès.

Enfin, la Ministre d’Etat du plan a laissé entendre qu’à cette étape de réalisation, le PDL-145 T a créé 60.000 emplois directs. Certes, mais elle n’a peut-être pas assez souligné que les emplois dont elle fait allusion sont ceux à durée de chantier. Pourtant, à bien analyser les enjeux du PDL-145 T, notamment son volet principal et le plus déterminant du développement à la base, c’est plus de 5 millions d’emplois permanents qu’attendent les laissés-pour-compte de l’arrière-pays à l’achèvement réussi de ce programme salutaire.

Selon le document de référence disponible, l’objectif global visé par le PDL-145T est de corriger les disparités de développement humain durable entre les milieux urbain et rural, de réduire la pauvreté et les inégalités croissantes et de transformer les conditions de vie des populations en améliorant significativement l’offre publique de services socio-économiques de base dans l’ensemble des territoires ruraux de la RDC.

De manière spécifique, il s’agit de :

• Améliorer l’accès des populations rurales aux infrastructures et services socioéconomiques de base ;

• Promouvoir le développement des économies locales et rurales, à travers notamment la promotion de l’entreprenariat rural, le renforcement de la productivité agricole, la valorisation de la production agricole et l’amélioration de l’accès des entrepreneurs ruraux aux services financiers. (Voir documents de référence du PDL-145 T)

Voici en détail ce que le programme prévoyait comme réalisations à l’horizon 2023, comparativement au bilan moins reluisant à mi-parcours présenté par Madame la Ministre du Plan:

•1212 écoles primaires et secondaires construites et équipées dans 145 territoires ;

• 500 000 d’enfants dont au moins 40% de filles sont scolarisé ;

• Taux brut de scolarisation d’au moins 50 % dans les territoires et secteurs cibles, dès la deuxième année de mise en œuvre du Programme.

• 788 centres de santé fonctionnels dans 145 territoires

• 5 millions de congolais supplémentaires ont un accès à un service de santé de proximité dans les terroirs d’intervention ;

• 90 % des établissements sanitaires dans les 145 territoires d’intervention du programme alimentés en eau en 2023. 38 000 kilomètres de routes de desserte agricole rurales ;

• 20 millions de congolais ont accès à un système de transport ;

418 microcentrales solaires ;

• 15 millions de congolais supplémentaires

• 471km éclairés dans les 145,

•1 million de m3 d’eau par jour est injecté dans les réseaux de distribution d’eau ;

• 15 millions de congolais ont accès à une eau potable ;

• 447 sources d’eau aménagées ;

• 3 071 forages et 1 085 dispositifs de captage d’eau réalisés ;

25 bâtiments administratifs des Administrateurs des territoires ;

• 471 bâtiments administratifs des Chefs des secteurs

• 1450 logements des autorités administratifs des Territoires

• 12 500 tricycles motorisés ;

• 43000 ha aménagés dans les 145 territoires pour 4 spéculations au moins ;

• 500 000 tonnes de semences sélectionnées et intrants par an et distribuées aux producteurs ;

• Au moins 1 incubateur créé par territoire ;

• 10 chaînes de valeur agro-sylvo-pastorales dans chaque province.

2 170 coopératives et Groupements d’Intérêt Économique (GIE) ;

• 435 réseaux microcentrales ;

• 217 associations socio-professionnelles seront mis en place

• 26 Systèmes de suivi-évaluation ;

• 26 chaînes de Planification -Programmation – Budgétisation-Suivi -Évaluation (PPBSE) ;

• 26 Cellules de passation de marchés publics

• Système de production d’informations statistiques ;

• 26 curricula (1 par province) de formation en maîtrise d’ouvrage ;

• 02 modules de formation dispensés par an dans chaque province ;

• 725 organisations communautaires prestataires de services de proximité ;

• 30% des jeunes formés en maitrise d’ouvrage/œuvre de travaux ;

• Sensibilisation par province et par an ;

• 4 campagnes de Communication

• 8 modules de formation (2 / an) sur les droits de l’homme dans chaque province

Daniel Makila, Nationaliste de Gauche, Fils de Lumumbiste