Le cinéaste Balufu fustige le manque d’une éducation nationale
Présent à la présentation de l’ouvrage intitulé : « Holocauste au Congo : l’Omerta de la communauté internationale » de Charles Onana, le professeur et cinéaste Balufu ne pouvait pas manquer cette occasion pour interpeller ses contemporains, dans ce qu’il a appelé « mon regard sur le monde et sur notre pays ».
Il a commencé par révéler qu’on était dans un pays sans éducation nationale, qui est une vision d’une société, d’une démarche sur elle-même. Car à l’en croire, tout commence par le foyer. « Le Congo belge fut un échec humain. La Belgique n’a pas colonisé le Congo, mais a fait de l’administration. Personne ne prendrait la Belgique comme modèle. Comment on rentre en interaction avec les autres ? C’est par les échanges », dit-il.
M. Balufu a affirmé que depuis le chaos de 1960, ce pays n’a jamais été gouverné. Il pense que pour mieux comprendre la situation de la Rdc, il lire l’histoire de la Rdc en anglais. « Ce que nous appelons les historiens en Rdc sont les enseignants de l’histoire. Nous sommes devant un problème d’un peuple non éduqué. Le Congo n’est pas une nation. De 1960, on nous a plongé dans le chaos. On ne construira pas l’Afrique sans le Congo. L’Afrique ne pouvait se faire qu’autour d’un Congo fort », dit-il. Il a soutenu que nous sommes dans un pays où on célèbre le diplôme qu’on a acheté.
Nous sommes dans un pays où 80% de notre imaginaire est fait des bruits. L’éducation nationale vous permet de vous poser la question, dans quel état naissent les Congolais et dans quel état on enterre les Congolais ? L’éducation nationale, c’est des piliers, d’où la nécessité de s’aimer soi-même. « J’ai produit un film qui s’appelle : « Congo, le silence d’un crime oublié ».
Dans ce film, informe-t-il, on s’est appuyé sur Charles Onana. Allons-nous continuer à danser au lieu de réfléchir ? On a copié notre film pour créer le point de vue des blancs. Le vrai projet est d’affaiblir le Congo. Tout a commencé avec l’assassinats de Lumumba, rappelle-t-il. Un des problèmes, dans notre chaos, on a amené Mobutu et aujourd’hui c’est Kagame. Mobutu a zaïrianisé le Congo. Heureux le peuple qui chante et qui danse, était sa façon d’abroutir le peuple.
De la zaïrianisation à la balkanisation, il n’y a qu’un pas. Heureusement que Tshisekedi lutte contre la dénationalisation. Le Congo est vu comme un pays qui n’est pas une nation. Depuis la guerre du Biafra, l’humanitaire est une façon d’introduire les mercenaires. Le Congo n’a pas d’amis, parce que les Congolais eux-mêmes ne sont pas des amis. Ce qui fait un pays, c’est l’éducation nationale, termine le cinéaste Balufu.