“Le coup parfait d’Augustin Kabuya” (Analyse du journaliste Ambroise Mamba)
J’ai lu plusieurs publications s’attaquant à la sortie médiatique de l’Informateur Augustin Kabuya. On lui reproche, avec une tonalité moqueuse “d’avoir invité les journalistes pour leur parler de la mission de l’informateur “. Pour ma part, tous ceux qui ont émis cette opinion manquent de clairvoyance de manière coupable.
Tenez! Tout celui qui est à la page de l’actualité politique en RDC, n’ignore pas le contexte qui a précédé la désignation de l’informateur par le chef de l’État.
1. Kamerhe crée le PCR au sein l’USN;
2. Sama Lukonde crée aussi sa plate-forme au sein de la même famille politique.
Les ambitions identifiées de ces deux personnalités sont claires: obtenir une grosse part dans la répartition des postes et continuer à se faire une santé financière.
Pourtant, ni Kamerhe encore moins Sama Lukonde, personne ne sera redevable devant les Congolais pour défendre le bilan de Fatshi à la fin de la mandature. Eux, auront seulement à bouffer de l’argent avec d’autres calculs de se rapprocher de quiconque gagnerait la présidentielle de 2028, alors Félix Tshisekedi sera le seul, à défendre son bilan, pour espérer faire gagner son dauphin.
Dans ce contexte, faudrait-il que l’informateur débute ses consultations sans sortir ses griffes ? Non. Augustin Kabuya a sorti ses griffes afin de se faire respecter et faire respecter le chef de l’État qui l’a désigné à ce poste.
Ainsi, ceux qui sont clairvoyants ont compris que l’informateur a, au-delà de parler de sa mission générique déjà connue de tous, a fait passer un message important avant d’entamer ses consultations.
Augustin Kabuya a annoncé la signature d’un acte d’engagement pour tout celui qui va oser adhérer à la nouvelle majorité parlementaire.
Depuis 2006 jusqu’à à 2018, les différents informateurs n’avaient fait signer à personne un acte d’engagement pour adhérer à la majorité parlementaire, différente de la majorité présidentielle pour laquelle on signe une charte.
En 2019, Joseph Kabila, qui ne jouait pas le rôle d’Informateur, avait tenté d’utiliser la contrainte de par sa position de “Ye Meyi” pour faire signer aux sociétaires du FCC, à Kingakati un acte d’engagement de loyauté à sa plate-forme. Mais le fait qu’il ne détenait plus les leviers du pouvoir l’avait affaibli.
L’acte d’engagement, dont la signature est annoncée par Augustin Kabuya, est différent de celui de Joseph Kabila de 2019. Ici, les rapports de force sont en faveur d’Augustin Kabuya. Il jouit de la confiance du chef de l’Etat, il est le chef du parti présidentiel, il venait d’être élu député national et son acte d’engagement qu’il veut faire signer à tout adhérent à la nouvelle majorité parlementaire, sera contraignant.
Augustin Kabuya l’a annoncé pour responsabiliser les partis et plates-formes qui viendraient à la nouvelle majorité parlementaire. Il l’a fait avant de débuter ses consultations pour les prévenir du sérieux avec lequel il va s’engager dans ce travail. Il a voulu juste leur dire que vous ne venez pas à la nouvelle majorité comme des ayants droit, puisqu’on peut se passer de vos services. Vous venez à la nouvelle majorité parlementaire pour donner et non pour recevoir, car le chef de l’État qui l’a désigné a un rendez-vous avec l’histoire. C’est pourquoi, mettez en tête qu’avant de pensez au poste ministériel que l’on pourrait vous donner, ce qui est légitime, pensez d’abord à l’engagement que vous avez à prendre pour travailler en faveur du chef de la majorité. En fin, il a voulu leur dire qu’après la signature de l’acte d’engagement, ne soyez pas surpris de perdre votre position, si vous ne servez plus les intérêts de la vision du chef de l’état.
Dès lors, Kamerhe ne signerait pas l’acte d’engagement à la place de Jean Lucien Busa, Julien Paluku et Tony Kanku. Ils seront obligés d’y aller chacun pour son compte.
A travers cette annonce, Augustin Kabuya met fin à la légèreté avec laquelle les partis et regroupements politiques iraient adhérer à la nouvelle majorité parlementaire. Augustin Kabuya se fera ainsi respecter et permettre au chef de l’État d’avoir une majorité parlementaire sérieuse, dont la signature de l’acte d’engagement, conduirait le pays vers l’éthique politique en vue de la réussite de la mandature en cours.
Ceux qui sont clairvoyants ont vu que l’informateur Augustin Kabuya a opéré un coup parfait. Il a placé directement la barre très haute. Contrairement à ceux qui le minimisait, Augustin Kabuya a su prouver qu’il est intelligent, stratège et mérite de diriger un plus grand parti comme l’UDPS.