Le Franc congolais, est-ce une monnaie de singe ?

L’expression monnaie de singe est tirée de la loi de Gresham pour désigner une monnaie qui ne remplit pas sa fonction de réserve de valeurs ou de l’épargne.
Voici pour vous l’énoncée de cette loi : « lorsque, dans une communauté de payement, circulent concomitamment deux monnaies, et que la population marque sa préférence pour l’une de deux monnaies, la mauvaise monnaie chasse la bonne ».
Dans le cas de figure, il s’agit du franc congolais devant le roi dollar. Beaucoup de Congolais aimeraient garder le billet vert et se débarrasser du franc congolais qui est devenu une monnaie de singe.
Pour John Maynard Keynes, la préférence pour la liquidité est dictée par trois mobiles à savoir : la thésaurisation, la spéculation et l’épargne. Si nous considérons les trois fonctions traditionnelles d’une monnaie (unité de compte, fonction de change et de l’épargne), le franc congolais ne remplit plus sa fonction d’épargne et pour cause : « beaucoup de Congolais préfèrent garder leur argent en dollar américain ». Il vous suffit d’échanger un billet de dix dollars contre 28.500 FC, pour que ces billets soient dépensés en un rien de temps. Tous les billets à faible valeur faciale ont disparu de la circulation. On ne les voit plus.
Le billet de 1.000 FC est affecté d’une très grande vitesse de circulation et même celui de cinq mille ou de dix mille. La vitesse de circulation d’une monnaie selon Irving Fischer, c’est le nombre de fois qu’un billet change de mains pendant une journée.
Perte de confiance et fuite devant le franc congolais. Le fait de voir sur la place publique, des briques de FC entre les mains de cambistes à travers la ville, montre que le FC n’a pas de valeur.
Cet argent n’a cours légal qu’en RDC autant se procurer le dollar.
Pourquoi ce phénomène ?
L’offre monétaire est la quantité des billets de banque mise en circulation dans une communauté de payement. Cette quantité des billets est en adéquation avec le niveau des prix sur le marché des biens et des services offerts.
A supposer que pour faire face à la demande de la clientèle politique ou des dépenses de souveraineté, la Banque centrale active la planche à billets, une quantité supplémentaire des billets frais entre en circulation, et l’équilibre entre l’offre et la demande monétaire est rompue en déclenchant la hausse des prix.
Sous d’autres cieux, la politique monétaire est très rigoureuse, on ne peut pas voir sur la place publique des briques d’argent, la monnaie circule dans le circuit bancaire. Les gens utilisent la monnaie électronique avec des cartes bancaires.
Le grand malheur est d’appliquer des politiques monétaires laxistes et liberticides.
Une économie n’a pas nécessairement besoin d’une abondance de liquidité pour bien fonctionner. Un fonctionnaire qui touche mille dollars par mois reçoit dix billets de cent dollars.
A supposer qu’il a un compte en FC, ce fonctionnaire aura 2.850.000 FC environ 8 briques de 500 FC dans un sachet. Que font les économistes congolais ?
Alex Tutukala, Journaliste économique