L’Episcopat sera-t-il entendu ?
« Consolider le front intérieur afin de décourager les alliances avec les prédateurs étrangers », la phrase fait-elle mal aux oreilles et « picote-t-elle » dans les tympans des Autorité du pays ? N’étant pas sortie de n’importe quelle bouche, mais des Prélats catholiques, réunis au sein de l’Episcopat congolais, nous restons dans ce questionnement. Néanmoins, notre appréhension nous amène à croire que les Calotins ne trouveront pas gain de cause pour des raisons que voici.
Primo, en date du 30 juillet 2024, la République Démocratique du Congo et le Rwanda, représentés par leurs ministres de Affaires étrangères, se retrouvent à Luanda, la capitale angolaise autour d’une table. Les deux parties procèdent au dialogue direct, du reste sanctionné par un communiqué, laconique soit-il. Elles signent un accord cessez-le-feu sous l’égide du Président angolais ; « très écouté », selon une « source ayant requis l’anonymat », dans le cercle de l’Episcopat congolais, donc de la Conférence épiscopale Nationale du Congo (CENCO) dont un délégué aurait été aperçu quelques jours avant l’arrivée de la délégation à Luanda. Pour quelle mission. Le silence est comme celui d’une carpe d’eau douce. Premier acte.
Deuxième acte et c’est là que caquette la CENCO. Elle indexe les belligérants à chercher et à trouver l’impérieuse nécessité pour permettre à toutes ces femmes, à tous ces enfants et tous ces hommes déplacés et en errance à la suite de l’insécurité récurrente, privés de vivre dignement et de vivre en paix dans leurs terroirs les uns et les autres. Situation que les Evêques et Archevêque ne peuvent accepter et avaler. D’un ton qui leur est propre, la CENCO dit apprécier « les initiatives observées ces derniers temps, précisément la trêve humanitaire suivi et l’Accord de cessez-le-feu ».
Mais, quant à nous, nous estimons que ce cessez-le-feu et la trêve observés par la CENCO est imaginaire. Ils sont respectés sur papier car sur terrain, les choses se déroulent autrement. Pour ça, les Prélats n’en évoquent pas, ne voulant pas remuer le couteau dans la plaie. C’est pourquoi, cela n’engage que nous. Oui ; cela engage Le Quotidien au regard du tableau peu reluisant sur le terrain des opérations. Ainsi, tout porte à croire que la rencontre de Luanda ne s’est limitée que sur papier. Rien de concret, rien de réel et rien de rassurant. Les armes continuent à crépiter, dans la partie Est, en proie à ces conflits meurtriers. Les morts se comptent par centaine ; les déplacés par milliers, à la merci de l’errance humanitaire ! La CENCO ne peut broncher sur ce décor. Elle recourt donc au deuxième acte pour exhorter les belligérants à mettre de l’eau dans leurs vins. Pour quels effets ? La question reste posée.
Le troisième enfin et le dernier, en de termes à peine voilés, la CENCO parle et évoque « la cohésion nationale ». Qui dit cohésion nationale voit le rassemblement de tous les Congolais autour d’un même idéal. Qui dit idéal voit cette détermination à ne pas voir la RDC basculer vers la balkanisation. Qui dit balkanisation suppose que les tenants du pouvoir actuel et ceux qui sont « hors-jeu », donc l’Opposition (dans sa diversité, Ndlr) doivent s’assembler et se rassembler. Ainsi, dans son communiqué diffusé mercredi 7 août 2024 par son Secrétariat général, à travers le terme « cohésion nationale », la CENCO goudronne déjà le plan d’un dialogue autour d’une même table. Même si, lors de son interview accordée mardi 6 août à la radio Top Congo, le Chef de l’Etat a rabroué ce schéma, estimant « qu’il ne sera jamais, alors jamais question pour lui, tant qu’il sera au pouvoir, de dialoguer avec le M23 et l’AFC ». Or, dans le contexte qui est le nôtre, la détermination des uns et des autres, selon la CENCO, doit consister à redresser les défis sécuritaires surtout dans la partie Est du Pays et éplucher le développement autocentré de la RDC. Par quel mécanisme y parvenir ? Si ce n’est qu’à parler le même langage en lieu et place de sections mono-colorées qui ne feront que liquéfier davantage la partie Est de la RDC.
Il est donc temps que le message de la CENCO soit compris très philosophiquement, au lieu d’en déceler des contenus parcellaires de manière à faire sonner le glas de la liquéfaction totale et l’émiettement du pays. Le seul pays que nous possédons. La seule République Démocratique du Congo qui à revient à nous tous: la CENCO, Vous et Moi.
Willy Kilapi