Les Algériens et le nouveau SG de l’UMA : un soutien de façade

Après le départ de Taïeb Baccouche de son poste de secrétaire général de l’Union du Maghreb Arabe (UMA), l’Algérie a annoncé qu’elle soutenait son successeur, Tarek Ben Salem. Cependant, l’attitude rétive de ce pays à l’égard de la construction et de l’intégration du Maghreb montre bien que ce soutien annoncé ne sera finalement que de façade.

Lors d’une réunion tenue à Accra le 21 juillet, le ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, a rencontré le nouveau secrétaire général tunisien de l’UMA, Tarek Ben Salem. Dans un communiqué officiel, la diplomatie algérienne a exprimé que Attaf a assuré Ben Salem que l’Algérie lui apportera son soutien dans l’accomplissement de ses missions au service des aspirations et des intérêts des peuples maghrébins.
Cette rencontre entre le chef de la diplomatie algérienne et le nouveau SG de l’UMA “n’est pas plus que protocolaire”. C’est l’avis du professeur d’études stratégiques au Collège de défense nationale des Émirats arabes unis, Mohamed Badine El Yattioui, qui indique à Hespress Fr qu’ “il y a eu une volonté algérienne, après que Nasser Bourita ait reçu Ben Salem, de le recevoir également et de l’assurer du soutien de l’Algérie, mais ce n’est qu’un soutien de façade, car on voit déjà qu’il n’a pas été reçu à Alger, ce qui témoigne d’un manque d’implication et d’une volonté affichée de soutenir l’UMA”.
“Nous savons que les officiels algériens, à leur tête le Président Tebboune, cherchent à créer une organisation parallèle à l’UMA sans le Maroc. Mais nous savons très bien que c’est irréalisable et clairement contre-productif pour l’UMA”, ajoute El Yattioui. Cette rencontre entre Attaf et ben Salem “est donc purement cérémoniale, car on voit bien qu’Alger a d’autres plans, qui sont d’isoler le Maroc et de jouer la montre comme elle le fait depuis 50 ans sur le conflit artificiel du Sahara marocain, en utilisant les instances onusiennes, africaines et même maghrébines”.
Et ce sont “ces visées algériennes qui empêchent l’UMA, depuis plus de 35 ans, d’avancer réellement et d’aborder des projets communs dans une région qui est tout à fait disposée à s’intégrer d’un point de vue géoéconomique”, souligne le professeur d’études stratégiques.
Un autre élément à prendre en compte, selon El Yattioui, est l’approche des élections présidentielles et la volonté de l’Algérie de montrer en interne que la division n’est pas imputable à son régime “ mais aux autres”.
Et d’ajouter que “l’UMA est un projet totalement bloqué par l’Algérie, qui soutient le mouvement séparatiste depuis près de 50 ans, et c’est là le fond du problème. Le reste n’est que protocole et activité diplomatique pour maintenir les formes et les apparences. Ainsi, tant que ce problème n’est pas résolu, il ne peut y avoir d’UMA, quelles que soient la personnalité et l’expérience du secrétaire général”.
Hicham Oukerzaz