Les mirages du Sahara : lucidité gauloise et stress algérien

Pour son Jubilé d’argent, notre Monarque a reçu un présent royal de la part de la France. Effectivement, le 30 juillet 2024, la Maison royale, destinataire, rendait public une missive reçue, comme le veulent les us et coutumes consacrés aux échanges épistolaires entre Etats. L’Etat français harmonise de jure ce qu’il pratiquait de facto, à savoir une reconnaissance franche et sans équivoque de la souveraineté marocaine sur le territoire du Sahara.

Cette reconnaissance qui s’est faite attendre, surtout après celle des Etats-Unis et, plus encore, de l’Espagne, ex-puissance colonisatrice, ouvre d’autres horizons en vue de clore cette aigre sauce algérienne » touillée » dès l’entame par le coup de louche libyen de l’ère de » fou » Kadhafi.

Pourtant, ce retour au bon sens, chez Monsieur Emmanuel Macron, n’était ni une évidence ni un coup de cœur pour le Maroc. Car le Président français, mû vraisemblablement par une fougue de jeunesse fort louable, par principe, ainsi que par des motivations, voire des raisons probantes : être, à l’instar de celui du récit posthume d’Albert Camus, le Premier Homme à » rabibocher » la France et l’Algérie au regard du fait que cette dernière est issue d’un montage gaulois tous azimuts : l’appellation, la superficie…

Faisant fi des conseils, recommandations et exhortations de toutes sortes, le Soldat Macron tentait, par tous les stratagèmes ainsi que maintes mises en scène, d’amadouer l’hydre algérienne … en vain ???

Face à des propositions françaises concrètes de coopération, le retour depuis Alger s’avérait être souvent un » niet » enveloppé dans une logorrhée sémantique binaire, tissant son narratif autour du méchant Français colonialiste qui se doit de faire amende honorable et d’exaucer moult vœux d’une Algérie hargneuse, laquelle est le seul pays au Monde qui continue de menacer un autre pays, à savoir la France, dans son hymne national, et cela, plus de six décennies après l’Indépendance.

La noble finalité de cette motivation présidentielle a fait long feu : M. Macron a fini par intégrer que la haine verbale du régime algérien, envers la France et d’autres pays encore, n’est pas prête de s’estomper puisqu’elle est le fonds de commerce le plus fructueux pour créer chez la plèbe le sentiment du troupeau qui subirait toujours les attaques d’une meute multiforme qui sont des puissances étrangères jalouses du niveau de vie des Algériens, de leur culture, de leur patrimoine, largo sensu… Ces puissances funestes sont parfois nommées:

1- Impérialistes/colonialistes pour la France et l’Occident global.

2- Sionistes Israël et toute personne de confession juive

3- Réactionnaires, expansionnistes et » makhzeniennes « . C’est nous

Dans des états d’extases révolutionnaires, les 3 hypostases sont invoquées pour exorciser le Mal.

M. Macron a compris, enfin et « à la malgré-nous » qu’il était en train de suivre à un régime irrationnel, sans aller jusqu’à dire… aliéné.

Parallèlement, la France avait bel et bien tablé sur l’Algérie, qui se présentait encore comme la 1ère force régionale donc incontournable, et ce, pour mieux gérer la situation des sables de plus en plus mouvants du Sahel et où les chevauchées de Wagner commencent à faire mal à un empire post-colonial devenu crépusculaire.

Mais, là aussi, le constat est implacable puisqu’avec le changement de régime, principalement au Mali et au Niger. Effectivement, il n y a pas si longtemps, l’Algérie, se plaisait à jouer au parrain, désormais, ce pays est non seulement décrié mais aussi rejeté et accusé de mille et un maux avérés dont le plus vicieux et l’entretien à sa solde , en marionnettiste, de quelques groupuscules terroristes . Au même moment, le Maroc, en contrepoint, offre à tous les pays du Sahel, Mali, Niger, Burkina Fasso, Tchad l’accès à l’Atlantique, via le futur port de Dakhla ainsi que des opportunités d’intégration et de prospérité économiques, ce qui constitue la meilleure arme contre l’exclusion, terreau de tous les extrémismes fanatiques…

» Last but not least « , avec tous les milliards engrangés grâce à l’envolée des prix des hydrocarbures, l’ Algérie n’offre aucune perspective économique de valeur, en termes de chantiers d’équipement et d’infrastructures hormis l’explosion du budget de la Défense ( appréciez l’oxymore !!) qui a quasiment triplé sous la houlette du tandem Tebboune/Chengriha et qui passe de 9 milliards de dollars à 26 entre 2019 et 2024.

Pire encore, l’existant en termes de projets communs comme l’usine de montage Renault en Oranie, bat de l’aile.

Algérie, morne plaine ; la stagnation règne partout. Et si au Maroc, il y a encore de la pauvreté ; chez ces gens-là c’est la misère malgré l’abondance des liquidités gazières.

A l’Ouest, il y a du nouveau : un Mondial 2030 et ses hypermarchés en stades, TGV, autoroutes, ports et aéroports, drainant de plus en plus de touristes…

Pour ces raisons et bien d’autres, la France a tranché avec justesse et justice – ce qui est une » violence heureuse « , comme on dit, à propos de ce que l’Algérie considère comme l’unique stratagème pour ralentir l’avancée inexorable du Royaume : le Sahara.

In fine, la nouvelle posture française était inéluctable et elle a été communiquée, d’après les révélations du Ministre algérien des affaires étrangères » M. Mathusalem « , depuis le 13 juin dernier. Cela rend ridicules les cris d’orfraie du 25 juillet, avec le communiqué d’indignation à la vierge effarouchée et l’alignement des » Forces vives de la nation » applaudissant le » retrait » de l’Ambassadeur de Paris (c’est le même qui a été rappelé de Madrid). Et ce serait de là que viendrait le stress algérien.

En effet, » Que faire ? » comme disait Lénine. Aller jusqu’au bout dans la rupture ? Perdre les privilèges des Accords de 1968 ? Obtenir moins de visas ? Obliger les émigrés algériens à passer par les ports espagnols (Quelle horreur !! l’Espagne reconnait la marocanité du Sahara) vers El Ghazouate, Oran ou Alger. Et se mettre à dos l’Union européenne ?

En logique grecque, l’Algérie avec le piège français, est en aporie : un raisonnement qui va de ses prémisses jusqu’au bout de ses conclusions et atteint, par là le non-sens, voire l’absurde… Car, pour rester cohérente et fidèle dans sa logique révolutionnaire, l’Algérie se doit de couper ou du moins réduire drastiquement ses relations diplomatiques et commerciales avec tout pays reconnaissant la marocanité du Sahara, à commencer par les Etats-Unis d’Amérique, les Monarchies du Golfe et les 29 pays africains ayant des consulats à Laayoune et Dakhla ?

Personnellement, je pense qu’il faudrait inviter les quelques vrais Sahraouis encore à Tindouf à porter plainte contre l’Algérie, avec demande d’indemnisation, et ce, aux motifs de tromperie et de vente de mirages…

*FPD Safi – Université Cadi Ayyad