Ligue des Champions Féminine : Thina, Lamia et Mbayang ouvrent la voie à un nouvel essor du football féminin

Pendant que la Ligue des Champions Féminine de la CAF 2024 se déroule au Maroc, trois entraîneuses remarquables attirent l’attention, non seulement pour leur savoir-faire tactique, mais aussi pour leurs parcours inspirants qui les ont menées au sommet du football africain. Thinasonke “Thina” Mbuli, Lamia Boumedhi et Mbayang Thiam ont vu leur vie transformée grâce au football, et aujourd’hui, elles motivent leurs équipes à relever les défis sur la plus grande scène. Leurs histoires illustrent la résilience, la vision et une profonde passion pour le football féminin en Afrique.

Thinasonke “Thina” Mbuli (Afrique du Sud) – University of the Western Cape

Thina Mbuli, connue sous le diminutif affectueux “Thina”, est l’entraîneure de l’University of the Western Cape. Elle a débuté son parcours sportif au niveau local et représente l’excellence du sport universitaire en Afrique du Sud. Sa carrière d’entraîneure a débuté en 2008, période durant laquelle elle a approfondi ses compétences et sa passion pour le jeu. Actuellement, elle occupe le poste d’entraîneure principale de l’équipe féminine de l’University of the Western Cape et est entraîneure adjointe de Banyana Banyana depuis 2017.

Thina affirme : “Si nous avons la conviction de ce que nous entreprenons, nous pouvons atteindre tous nos objectifs. Peu importe ce que pensent les autres, si vous êtes persuadé de vos ambitions, vous vous investirez pleinement pour les réaliser. L’acharnement est la clé. Dans le domaine du football en Afrique, qui reste largement masculin, les femmes entraîneurs doivent sans cesse prouver leur compétence et leur valeur.”

Sous sa direction, l’équipe de l’University of the Western Cape a régulièrement surpassé les attentes, s’imposant comme une véritable référence en matière de football féminin en Afrique du Sud. L’approche de Thina allie stratégie et empathie, un aspect fondamental qu’elle a intégré durant son expérience avec l’équipe nationale aux côtés de Desiree Ellis. “En tant qu’entraîneur, il est crucial de maintenir un équilibre dans la relation entre joueuses et entraîneure. Parfois, il est difficile pour les joueuses de distinguer les moments de travail des moments de camaraderie. Mon équipe, qui se connaît bien, sait qu’en dehors du terrain, nous pouvons être amies, mais quand il s’agit de travailler, nous nous concentrons. Je passe en mode professionnel, et même le personnel technique est conscient de ce changement,” explique-t-elle. Ses joueuses lui attribuent souvent le mérite d’avoir instauré un esprit d’unité et d’objectif qui stimule leurs performances tant sur le terrain qu’en dehors.

Mbayang Thiam (Sénégal) – Aigles de la Médina

Le parcours de Mbayang Thiam, qui est passé de joueuse à entraîneuse, illustre sa passion et sa résilience. Ancienne joueuse au niveau national, elle a su opérer une transition fluide vers l’entraînement, menant les Aigles de la Médina du Sénégal à se qualifier pour les qualifications de l’Union de Football de l’Afrique de l’Ouest (UFOA) A, ce qui témoigne de ses compétences en leadership et en tactique.

« Au départ, je n’avais pas du tout l’ambition de devenir entraîneur de football », raconte Mbayang. “Toutefois, en voyant un entraîneur exemplaire s’occuper de nous, je n’ai réalisé que nous, les filles, pouvions également relever ce défi. Malgré son épuisement dû à ses nombreuses responsabilités et aux problèmes constants qu’il rencontrait, j’ai pris la décision de devenir entraîneur. Je n’ai jamais regretté ce choix.” Ses joueuses la décrivent comme une personne disciplinée et motivante, capable de faire ressortir le meilleur de chacune d’elles.

L’entraînement de Mbayang a profondément transformé le paysage du football féminin sénégalais, car il stimule à la fois le développement personnel et l’esprit de compétition au sein de son équipe. Lorsqu’on lui demande ses aspirations, Mbayang déclare sans hésitation : “Mon rêve est de voir mes joueuses réussir et exprimer leur bonheur en atteignant de nouveaux objectifs. Je souhaite créer un héritage, et non seulement une liste de victoires.” Elle ajoute également à celles qui envisagent de devenir entraîneuses : “Je commencerai par les motiver, car ce n’est pas une tâche facile, mais il est essentiel de croire et de persévérer. Actuellement, il existe de nombreuses opportunités pour les entraîneuses. Elles savent bien évaluer les talents des joueuses et comprennent la psychologie du sport. Elles peuvent vraiment apporter une contribution significative tout en jouant le rôle d’entraîneuse, de mère et de grande sœur, favorisant ainsi les carrières professionnelles des joueuses.”

Lamia Boumedhi (Maroc) – Tout Puissant Mazembe (RD Congo)

Ancienne capitaine des Lionnes de l’Atlas, le parcours de Lamia Boumedhi dans l’entraînement a été une révolution. Après avoir été entraîneure de l’équipe U17 féminine du Maroc, elle a relevé le défi unique de diriger les TP Mazembe de la République Démocratique du Congo. Son parcours se caractérise à la fois par son succès en tant que joueuse et son engagement à repousser les limites en tant qu’entraîneur. « Depuis toujours, ma passion pour le football est présente. À mon époque, le sport n’avait pas encore cette dimension professionnelle. Nous jouions simplement pour le plaisir. Cependant, à l’âge de 26 ans, suite à une grave blessure aux ligaments croisés, le médecin m’a annoncé que je ne pouvais plus pratiquer. Refuser cette réalité était impensable pour moi, car je chéris le football. J’ai donc choisi de demeurer sur le terrain, mais cette fois en tant qu’entraîneur. Pour moi, l’entraînement signifie aider les jeunes talents et rendre au sport qui m’a tant donné », explique Lamia. « Actuellement, avec TP Mazembe, je me focalise sur l’élaboration d’une équipe compétitive qui incarne l’esprit du football congolais. Nous avons investi beaucoup de temps sur le terrain pour établir une école sport-études. Ce centre est unique en RDC, car il propose un programme de formation pour les jeunes talents féminins, couvrant diverses tranches d’âge. Je me sens honorée de participer à ce projet et j’ai hâte de voir les prochaines éditions arriver. » Ses joueuses la décrivent souvent comme une stratège méticuleuse, sachant insuffler un sens de la responsabilité à son équipe. Lamia voit son rôle comme un lien entre les nations, les cultures et les différentes visions du football. « Entraîner dans un pays différent a été un véritable cadeau », confie-t-elle. « Cela m’a dévoilé l’incroyable diversité du football africain. Peu importe nos origines, nous partageons tous une passion pour ce jeu et une volonté de le promouvoir. »

Ouvrir la voie

Pour Thina, Mbayang et Lamia, la Ligue des Champions Féminine de la CAF Maroc 2024 est plus qu’un tournoi : c’est une plateforme pour inspirer le changement, briser les barrières et montrer la force des femmes africaines dans le football. Elles sont plus que des entraîneures ; elles sont des modèles, guidant la prochaine génération de joueuses et ouvrant la voie à de futurs leaders du football féminin. Et avec des leaders comme elles sur les lignes de touche, le football féminin africain a assurément un avenir radieux.