Lutte pour l’hégémonie

L’article intitulé: “Dans une déclaration politique: L’UDS s’oppose à l’hégémonie américaine “, publié par le site internet www.lequotidienrdc.com, a attiré l’attention d’un de nos lecteur, qui n’a pas manqué de réagir.

A l’en croire, un patriote véritablement souverain ne pourrait se laisser tromper par un plus astucieux que lui. Il doit être en mesure d’éviter tous les pièges possibles. Il devrait être contre tout hégémonisme qu’il soit américain, russe, chinois, etc.

Celui qui accepte le nouvel hégémonisme naissant, que Vladimir Poutine cherche à incarner après la désintégration de sa nostalgique URSS et la tombée en désuétude de son idéologie totalitariste, ne pourrait jamais prétendre être contre toute forme d’hégémonie.

Vladimir Poutine est en train de captiver, par son discours anti- hégémonique américain, les sentiments de maints citoyens du monde. Mais, il n’est pas, dans le fond, contre l’hégémonie géopolitique mondiale. Son problème fondamental est plutôt que sa nostalgique URSS ne soit pas parvenue à renverser l’ordre mondial que l’Occident, conduit par les États-Unis d’Amérique à partir du 19ème, a instauré, maintient et perpétue depuis le 16ème siècle.

Irrésistible aspirant à la superpuissance mondiale

S’il faut résumer, en quelques mots, Vladimir Poutine, nous dirions qu’il est “un vertige de puissance”, selon Jean Radvagni, ou “un obsédé de la puissance”, d’après Françoise Thom, mais surtout, à notre propre humble avis, un irrésistible aspirant à la superpuissance mondiale. Car, il se caractérise essentiellement par la volonté obsessionnelle de dominer, de contrôler et d’influencer le monde. Il aspire, en permanence, à conduire, un jour, sa Fédération de Russie au statut suprême, très envié, de superpuissance mondiale. Il espère léguer à la postérité, à sa mort, une Russie maîtresse du monde. Tel qu’il s’affiche, pourrait-il vraiment se débarrasser de ses ardeurs hégémonistes afin de ramener sa Russie, l’actuelle deuxième puissance militaire mondiale, au rang de puissance géopolitique ordinaire, partageant l’hégémonie géopolitique avec plusieurs autres puissances ordinaires à travers le monde?

Les grandes puissances ne s’entendent jamais

En effet, l’histoire nous renseigne que les grandes puissances mondiales n’ont jamais réussi à coexister au même moment et à cohabiter dans le même enclos. L’une d’elles a toujours cherché à faire éclipser, à un moment donné ou à un autre de l’histoire, toutes les autres concurrentes en vue de se retrouver, seule, sur le piédestal. Et ce, très souvent, à la suite d’une victoire militaire. Ainsi, en a-t-il été des grandes puissances mondiales de l’antiquité, en l’occurrence, l’Égypte, la Grèce, l’Empire romain, et toutes les autres qui les ont remplacées. Or, les grandes puissances mondiales qui s’affrontent militairement en ce moment, par l’Ukraine interposée, les unes pour le maintien de l’hégémonie géopolitique mondiale unipolaire légèrement modifiée, les autres pour l’hégémonie géopolitique mondiale multipolaire, partagée et équilibrée, sont, toutes, hyper nucléardisées. Si l’une de ces dernières osait attenter à l’existence des autres, elle en aurait certainement pour son propre compte. Où voudrions-nous en arriver?

Mystification

À notre époque, nul État ne pourrait accéder au stade suprême de superpuissance mondiale en dénonçant et en injuriant tout simplement, à longueur de journées, le pays ou le groupe de pays qui détient l’hégémonie géopolitique mondiale et l’exerce au détriment de tous les autres. Nul État ne pourrait accéder au statut suprême de superpuissance mondiale sans avoir, au préalable, complètement maîtrisé tous les enjeux porteurs de l’avenir escompté. Autrement dit, sans avoir atteint et surtout dépassé l’autosuffisance dans tous les secteurs majeurs d’activités: politico-idéologique, politico-juridique, politico-administratif, politico-diplomatique, politico-économico-financier, politico-culturo-artistique, politico-scientifico-technologique, politico-industriel, politico-commercial, politico-militaire, politico-sécuritaire, etc, aboutissant au développement intégral, intégré et durable de l’enjeu politico-humain et social, le but ultime de tous les gouvernements responsables.

Plus que les États en général, les grandes puissances mondiales en demeurent, particulièrement et catégoriquement, les montres les plus froids des monstres. Chacun d’eux s’accroche, dans le fond, à la promotion, à la défense et à l’accroissement ininterrompu de ses seuls intérêts au détriment de ceux des autres et surtout des faibles. Dans ce contexte d’égocentrisme institutionnalisé et endurci rendu naturel, l’avènement de l’hégémonie géopolitique multipolaire, partagée et équilibrée, brandie comme la sortie du gouffre de tous les opprimés par les puissances actuellement étouffées et assujetties, risquerait de s’avérer plutôt être, au bout du compte, une grosse mystification qui n’aurait profité qu’au plus astucieux des bourreaux des faibles.
Musene Santini Be-Lasayon