Martin Fayulu, ni chef d’Etat, ni porte-parole de l’opposition, hier, aujourd’hui et… définitivement !”

Quatrième cycle électoral après ceux de 2006, 2011 et 2016 renvoyé à 2018, les élections de 2023 ont effectivement été chaotiques. La réaffirmation de la Cenco et de l’ECC dans leur rapport final rendu public le lundi 17 juin 2024. A la base, évidemment, le Bureau Kadima qui s’est même offert un bonus de très mauvais goût : susciter une bagarre de positionnement entre les deux patriarches de la République encore en vie : Jonas Mukamba (93 ans) et Pascal Kinduelo (86 ans) avec comme ring ou tatami le Bureau d’âge. Président national de l’Ecidé, Martin Fayulu a été le premier à bouder ce cycle, premier aussi à se rétracter en y rentrant, tout en étant pleinement conscient des conséquences de la participation. Si, jusqu’au 19 décembre 2023, il ne s’est pas désisté alors que tous les signaux de la tricherie étaient visibles, c’est qu’il a accepté de jouer le jeu jusqu’au bout. A la proclamation des résultats provisoires (confirmés par la Cour constitutionnelle faute de recours au contentieux électoral), il a réalisé le score catastrophique de 4,92 % contre 18,32 % pour Moïse Katumbi. Son parti n’a vraisemblablement pas plus de 5 députés élus sur toute l’étendue du territoire national. Et c’est là tout le problème. Mieux le drame…

Rien qui puisse bloquer Ensemble ou Katumbi

Comme relevé dans la livraison intitulée “Katumbi, allez-y ! Ça fait tout de même 17 ans que l’Opposition est sans porte-parole !”, sans électorat de l’Opposition au sein de l’Assemblée nationale (et peut-être) au sein du Sénat, il lui est impossible de se faire élire ou désigner porte-parole. Sauf si Moïse Katumbi, président d’Ensemble, donnait consigne à ses députés nationaux et ses sénateurs de se constituer une base électorale en sa faveur.

Or, là, Katumbi semble déterminé à prendre le poste.

De façon pratique et par pragmatisme, Martin Fayulu est pleinement conscient du fait qu’il n’a rien qui puisse bloquer Ensemble ou Katumbi ayant la majorité de l’électorat de l’opposition parlementaire.

A cause du poids de l’Udps au sein de l’opposition non parlementaire

C’est justement la raison pour laquelle il faut en finir avec le désordre entretenu par l’Udps depuis 1990 : celui de se comportait en Opposition non parlementaire et d’y évoluer avec pour conséquence normale la dilution de l’Opposition parlementaire.

Effectivement, si des partis politiques comme le Mlc en 2006 et l’Unc entre 2011 et 2018 n’ont pas su jouer pleinement leur rôle en tant que Opposition parlementaire, c’est à cause du poids de l’Udps au sein de l’Opposition non parlementaire. D’où la difficulté pour tous les Opposants (toutes tendances confondues) de se doter du règlement intérieur et d’un porte-parole.

Au fait, l’Udps ne voulait pas s’y soumettre de peur de voir réduite sa marge de manœuvres en termes principalement de devoirs énumérés à l’article 16, à savoir :

-Respecter la Constitution, les Lois de la République et les Institutions légalement établies_,

-Défendre les intérêts supérieurs de la Nation_,

-S’abstenir de recourir à la violence comme mode d’expression et d’accès au pouvoir_,

-Privilégier le dialogue et la concertation sur les grandes questions d’intérêt national et dans la résolution des différends politiques_,

-Promouvoir le pluralisme politique et reconnaître le droit de la Majorité à gouverner_,

-Promouvoir la culture démocratique notamment par la tolérance, la non-violence et le soutien du principe de l’alternance dans le cadre d’une lutte politique pacifique_,

-Concourir, par la libre expression, à la formation de l’opinion publique_,

-Former et informer ses militants sur les questions touchant à la vie nationale_.

En plus, il était impensable de voir l’Udps user des droits reconnus à l’Opposition dans la loi portant statut de celle-ci, entre autres :

-“Etre informée de l’action de l’Exécutif_

-Critiquer ladite action et, le cas échéant, formuler des contre-propositions, sous réserve du respect de la Loi, de l’ordre public et des bonnes mœurs_.

Qui pouvait imaginer Etienne Tshisekedi sortir sans casse d’une rencontre avec le Premier ministre Antoine Gizenga, Adolphe Muzito ou Augustin Matata Ponyo, sinon Félix Tshisekedi d’une rencontre avec Christian Badibanga ou Bruno Tshibala ?

L’Udps avait développé surtout depuis 1990 le discours d’un Pouvoir d’Etat satanique, infréquentable ! Mieux : ennemi !

Ainsi, à vouloir, voire tout exiger des autres

Martin Fayulu, à l’instar de Franck Diongo, a suivi Étienne et Félix Tshisekedi dans leur politique de la chaise vide, sans savoir que politiquement parlant c’est une voie suicidaire.

La preuve est qu’à la première occasion qui s’est présentée à lui pour devenir président de la République, Félix Tshisekedi, pied sur le starting-blocks, s’est lancé dans la course et remporté la présidentielle.

Résultat : Martin Fayulu a raté sa première et peut-être dernière chance de devenir chef d’Etat.

Or, sans base électorale dans les deux chambres du parlement, il est en train de rater aussi sa première et peut-être dernière chance d’être porte-parole de l’Opposition, terme adopté pour ne pas parler de chef de file.

Ainsi, à vouloir trop, voire tout exiger des autres, on finit par ne rien obtenir même de soi-même ! Exactement comme ce fut le cas d’Etienne Tshisekedi, son ” mentor “.

Pendant qu’on y est, une observation mérite tout de même être faite.

En effet, comment peut-on avoir dans un pays normal, d’une part, une Majorité parlementaire ayant pignon sur rue et fonctionnant conformément aux lois de la République (dont la Constitution) et, de l’autre, une Opposition parlementaire ne fonctionnant pas conformément aux mêmes loi, dont la Constitution !

Cette préoccupation suscite l’interrogation ci-après : comment un acteur politique de la trempe de Martin Fayulu considère-t-il normal de vivre dans un pays sans Majorité ni Opposition parlementaires !

Etienne Tshisekedi y trouvait son compte parce qu’il ne voulait pas exercer la fonction de Président de la République. Il voulait mourir Opposant indépendant.

Ses fils portant son ADN politique semblent vivre dans la même logique.

Martin Fayulu en porte les gènes !

 

Omer Nsongo die Lema