Meeting de l’opposition à Sainte Thérèse : Katumbi, Matata, Sesanga absents Fayulu, cavalier solitaire…

L’attente aura été longue. Prévu pour 12h00, le grand meeting de l’opposition au terrain ‘Sainte-Thérèse’, a effectivement démarré quelques minutes seulement après 16h00 avec l’hymne national. Finalement, seul Martin Fayulu Madidi de l’ECIDE était présent en l’absence de Moïse Katumbi de Ensemble pour la République et Matata Ponyo de LGD, sans oublier Delly Sesanga de l’Envol qui étaient représentés par les Secrétaires généraux de leurs partis pour les premiers cités et par le Secrétaire général-adjoint de l’Envol. Si ces leaders de l’opposition n’étaient pas présents à N’Djili, les militants de leurs partis respectifs étaient venus soutenir le meeting avec des calicots et banderoles très critiques contre la gouvernance UDPS au pouvoir. Ils sont montés au créneau pour dresser l’Etat des lieux de la nation, dénonçant ” un processus électoral biaisé, une CENI inféodée au pouvoir, la corruption institutionnalisée et des promesses non tenues par le régime actuel”. Tout cela était très lisible sur les banderoles et autres calicots déployés par les manifestants, comme l’était l’absence de Katumbi, de Matata et de Sesanga, faisant de Fayulu, le Cavalier solitaire du jour…

Initialement prévu pour le samedi 24 juin 2023, c’est finalement le 25 juin 2023 que les opposants ont été autorisés à organiser leur rendez-vous, sous fonds de conjectures sur la participation ou non de l’opposition au processus électoral en cours. « Nous ne boycottons pas les élections, nous voulons des élections crédibles avec le fichier électoral fiable. Si le fichier électoral actuel n’est pas modifié, ces élections-là ne se ferons pas dans ce pays », a dit en substances le leader de l’engagement citoyen pour le développement (Ecidé). Bien avant lui, le message du SG- adjoint d’Envol, sans zone d’ombre, a clairement été en désaccord avec la position de Martin Fayulu sur les élections de décembre 2023. Envol a annoncé, au cours de ce meeting de l’opposition, qu’il va aligner les candidats à tous les niveaux, ‘tout en exigeant le nettoyage du fichier électoral’ avait-il ajouté en bémol. Une démarcation a qui provoqué la désapprobation de l’assistance.

Pour conclusion de la manifestation, Martin Fayulu a donné la ligne de conduite à propos de prochaines étapes électorales : «  J’étais aux USA, en France et je leur ai dit que je n’accepterai jamais que mon peuple aille aux élections selon la volonté de Kadima ». Quant au parti de Sesanga, prenant quasiment à contrepied la voie de Fayulu, l’Envol a décidé de déposer les candidatures à tous les niveaux aux prochaines élections générales en République démocratique du Congo. Et Nicolas Langa, le Secrétaire général adjoint de l’Envol l’a martelé au cours du meeting de l’opposition de ce dimanche 25 juin 2023 à N’Djili Sainte-Thérèse alors que le leader du parti absent des lieux, s’entretenait avec la diaspora…

 

Rejoint-on l’idée d’une ‘transition pour la 4ème République’ de Marie Josée Ifoku’ ?

 

« Comme Kadima a annoncé qu’il veut discuter avec toute les parties prenantes, nous sommes d’accord pour définir les règles du jeu », a annoncé Martin Fayulu dans la suite de son intervention. Une approche qui n’a pas manqué d’éveiller l’idée d’une ‘transition avant les élections’ préconisée par Marie Josée Ifoku Mputa Mpunga.

En effet, au cours de l’émission ‘Maloba na base’ (entendez Parole à la base) du mercredi 12 avril 2023, sur les antennes de la radio RTGA, sous le thème « Comment briser le paradoxe ‘RDC pays riche à la population pauvre ? », la Gouverneure honoraire de la province de la Tshuapa, unique femme candidate à la présidentielle de 2018, Marie Josée Ifoku, préconisant la rupture du système de prédation instauré depuis la Conférence de Berlin en 1885 pour instaurer la Renaissance d’un Congo uni a parlé d’une période de révolution ‘éthique’ et citoyenne avant le élections. Pour elle, en vue d’une sortie de crise qui conduira à une 4ème République, il faut passer par une transition, reposant sur le respect de la Constitution, dont l’objectif est de ramener la cohésion nationale. Pourquoi donc cette renaissance devait passer par une transition selon  la Présidente de l’Alliance des Elites pour un Nouveau Congo (AeNC)? Explicitant au mieux sa pensée, la présidente du mouvement de pression ‘Ekoki, Inatosha’, (qui ne fait pas parti de la franche des politiciens se réclamant de l’opposition), avait affirmé que « Le fonctionnement des régimes politiques successifs depuis l’indépendance, avec les élections organisées jusque-là et celles prévues pour décembre 2023, présentent la même tendance. Elles n’ont eu que le résultat de conserver le système de prédation pour les intérêts de quelques congolais et des étrangers à travers des turbulences politiques, des conflits et la mauvaise gestion de la chose publique, sans que le peuple congolais ne se retrouve et ne sorte de sa misère».

De ce fait, Marie-Josée Ifoku avait donc estimé qu’  « il est impérieux de passer à un autre système de valeurs et de gouvernance, afin d’atteindre la renaissance de la RDC. Ce qui exige de savoir s’arrêter pour réfléchir, créer une cohésion nationale et se préparer à poser les jalons d’un nouveau Congo pendant une période de transition régie par la constitution en vigueur ; ce qui implique le maintien des institutions publiques en place et l’institution du Conseil National de Médiation pour la gestion de certaines questions politiques et autres épineuses et la Commission constituante pour élaborer la Constitution de la 4ème République », avait proposé Ifoku avant toutes élections. Tout en ayant quelques points d’harmonie avec ce qu’a affirmé Fayulu pour le dialogue de Kadima, l’unique femme candidate Président de la République 2023 a averti néanmoins qu’au cas où cette voie n’aurait pas l’adhésion des autres politiciens, son parti « prendrai ses responsabilités ».

Finalement, le message de l’opposition lors de ce meeting du de Sainte Thérèse ce 25 juin 2023 a semblé n’avoir pas été clairement celle de ‘clarification’ car, la réponse quant à la question sur la participation de l’opposition aux futures élections n’a pas fait l’unanimité mais, Fayulu est plutôt apparu comme étant un ‘Cavalier solitaire’.

Willy Makumi Motosia