« MOI, PRESIDENT », pont Ndjili et tracé frontalier…

« MOI, PRESIDENT », c’est le Groupe WhatsApp lancé le 27 septembre 2023. Plateforme se voulant d’expression libre, il nous invite à « faire des suggestions, donner des avis et émettre des critiques sans cependant basculer dans la violence ».

Pour sa première semaine d’existence, constat gênant, amer : les invectives ont pris le dessus sur le bon sens. Les Collègues se balancent les uns les autres des propos, voire des images n’ayant rien à voir avec l’objectif pourtant clairement affiché : améliorer la gouvernance institutionnelle au travers des idées novatrices.

« MOI, PRESIDENT » devient pour certains un exécutoire, pour d’autres un défouloir.

Pourtant, des sujets de haute importance attendent des debaters.

Juste un exemple : qu’est-ce qui justifie l’existence du seul pont sur la rivière Ndjili séparant, mieux isolant le district de la Tshangu des trois autres districts de la ville de Kinshasa.

Par comparaison, le fleuve Seine, à Paris, a 37 ponts !

Le constat est que même en agrandissant la largeur de ce pont (une bande x 1 à l’époque coloniale, deux bandes x 2 sous Mobutu et 4 bandes x 2 sous Joseph Kabila), le pont Ndjili reste un goulot d’étranglement dans la circulation sur le boulevard Lumumba. Les trois sauts-de-mouton (De Bonhomme, Liberté et Pascal) construits sous Félix Tshisekedi peinent à fluidifier la circulation).

Finalement, la solution réside dans l’aménagement des nouveaux ponts sur la rivière Ndjili soit du côté de Kingabwa, soit du côté de Kisenso. Ce ne sont pas des moyens financiers qui manquent. Peu importe ce qu’on en dit : le contrat sino-congolais peut être mis à profit car la réalité est que la sélection des infrastructures à aménager ne relève pas de la compétence de la Sicomines, mais du Gouvernement congolais ! Quand celui-ci ne sélectionne rien, celle-là ne finance rien non plus…

Pendant ce temps, de l’Est nous vienne une très mauvaise nouvelle : le piquet posé par l’Ouganda sur le territoire congolais. Vrai ? Faux ? Jusque-là, ni les autorités institutionnelles, ni les candidats à la présidentielle n’en parlent.

Serait-ce une fausse alerte ? Si tel est le cas, le silence de Kinshasa s’explique. L’idéal aurait cependant été de réagir pour rassurer la population congolaise déjà trop secouée.

Si tel n’est pas le cas, alors c’est grave en ce que l’intégrité physique de la RDC est une fois de plus attaquée et les Congolais excellent dans le Ndombolo.

Déjà, le pays – dont la population est dépourvue de pièce d’identité (la carte délivrée par la Céni fait des siennes en s’effaçant d’elle-même sous l’effet de l’humidité) – n’a aucune de ses frontières consolidées avec ses 9 voisins.

Avec l’Angola, la frontière est de 2.511 km. La Zambie 1.930 km, mais actuellement de 1989 km. Avec la Tanzanie 459 km ; le Burundi 233 km et le Rwanda 217 km. Avec l’Ouganda 765 km, le Soudan du Sud 628 km et la Centrafrique 1577 km. Tandis qu’avec le Congo-Brazzaville, la frontière est de 2.410 km.

La RDC n’a pas jusque-là réalisé la certification de ses frontières. La preuve est le contentieux sur le tracé frontalier avec la Zambie ayant deux longueurs différentes : 1.930 km et 1989 km.

En août 2021, des experts congolais et zambiens s’étaient retrouvés à Pweto pour résoudre une crise survenue à la frontière ; l’armée zambienne s’étant déployée dans le village Kaniaga, au Tanganyika. En 2020, elle avait fait de même à Kubanga, Kalubamba et Moliro.

Dans sa dépêche du 21 août 2021 intitulée « RDC/Zambie: réunion d’experts pour résoudre le conflit frontalier », aa.com.fr relève que «*Un traité signé en 1989 par la RDC et la Zambie avait résolu ce litige hérité de la colonisation par la délimitation des frontières sur environ 200 km entre les lacs Moero et Tanganyika. Mais des incidents à la frontière entre les deux armées avaient éclaté en 1996, en 2006 et en septembre 2016 autour d’une localité congolaise (Kaniaga) facilement accessible du côté zambien. Elle est cependant difficile d’accès du côté congolais à cause d’un marécage. Les travaux ouverts vendredi à Pweto sont censés revoir la question de ces frontières».

La même source signale les incursions dans les eaux territoriales congolaises de la marine angolaise à Muanda, pendant la même période.

Si, déjà, avec l’Angola, la Zambie, le Rwanda et l’Ouganda le tracé frontalier pose problème, on ne peut pas affirmer la non-existence des revendications du même type avec d’autres voisins. On n’en parle pas, mais entre les deux Congo, il y a les îles Mbamou dont se disputent Kinois et Brazzavillois.

Dieu merci qu’à l’exception du Rwanda (qui prend des armes pour s’emparer des terres congolaises) et de l’Ouganda (qui le fait subtilement pour le même résultat), les 7 autres voisins privilégient la voie des négociations.

Au moins une chose est vraie – et c’est là le sens du titre – la RDC occupée pour l’heure par le processus électoral a pourtant pour challenge premier la consolidation de ses frontières.

Si les choses ne dépendaient que du « MOI, PRESIDENT », nous décréterions – toutes affaires cessantes – le processus de consolidation des frontières, car l’Etat n’existe formellement que dans ses frontières reconnues au plan national et au plan international, et les élections ne sont valables que dans un tel Etat.

Puisse cela ne se produire : la population congolaise, dont les terres sont annexées par l’Ouganda, pourrait ne pas participer aux élections.

Voilà là, parmi tant d’autres, deux sujets pouvant intéresser les debaters.

Omer Nsongo die Lema