Nord-Kivu : La Rdc lance une vaste campagne de vaccination contre le choléra
La République démocratique du Congo a lancé aujourd’hui une vaste campagne de vaccination réactive contre le choléra visant à protéger plus de 364 137 personnes âgées d’un an et plus, réparties dans les différents sites des déplacés internes de la zone de santé de Nyiragongo, ainsi qu’une aire de santé également touchée de la zone de Karisimbi. Depuis le 14 décembre 2022, les autorités provinciales du Nord-Kivu ont officiellement déclaré l’épidémie de choléra dans la zone de santé de Nyiragongo, abritant des camps des déplacés internes, poussés à l’exode à la suite des violents affrontements armés dans le territoire de Rutshuru, plus au nord de Goma, la capitale provinciale du Nord-Kivu.
« Se faire vacciner contre le choléra, c’est vraiment efficace, mais nous devons également renforcer les mesures d’hygiène individuelle et collective dans tous les sites qui hébergent nos frères et sœurs déplacés afin de leur permettre d’y vivre en toute sécurité et en bonne santé », a déclaré M. Modeste Mutinga Mutuishayi, ministre des Affaires sociales, Actions Humanitaires et Solidarité Nationale.
Depuis début mi-décembre 2022, le choléra a coûté la vie à 16 personnes parmi les déplacés internes et dans la communauté, tandis que le nombre total de cas enregistrés s’élève à 3 706. Cette campagne de vaccination à dose unique, qui durera jusqu’au 30 janvier, bénéficie du soutien technique et financier de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), de Gavi, l’Alliance du vaccin et du Groupe international de coordination (ICG). « Notre priorité est de protéger toutes les personnes déplacées en situation de vulnérabilité. Cette campagne cible essentiellement les communautés de déplacés qui vivent déjà dans des conditions difficiles dans le territoire de Nyiragongo », a indiqué le Lieutenant-Général Constant Ndima Kongba, Gouverneur militaire du Nord-Kivu, dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC).
« Nous sommes très heureux aujourd’hui de constater que la RDC a pu bénéficier de ces vaccins oraux qui sont une composante majeure dans notre lutte contre le choléra, en dépit du contexte actuel des pénuries mondiales de ces vaccins », a déclaré le Dr Amédée Prosper Djiguimdé, Chargé du Bureau de l’OMS en RDC. Il a ajouté : « les vaccins oraux sont une mesure d’urgence vitale pour sauver des vies, mais ils ne suffiront pas à eux seuls pour enrayer l’épidémie en cours ; l’aspect le plus important consiste en l’amélioration de la situation en matière d’eau potable pour tous et au renforcement de l’engagement communautaire, pour permettre un accès aux services de santé aux plus vulnérables, afin de leur éviter le choléra ou d’autres maladies d’origine hydrique ».
Environ 614 agents de la vaccination – trois pour chaque équipe dont deux vaccinateurs et un mobilisateur social – sillonneront les différents sites abritant les déplacés internes pour leur administrer le vaccin oral jusqu’au 30 janvier.
Grâce au financement rendu disponible par le Fonds central pour les interventions d’urgence des Nations unies (UNCERF), et en coordination avec les autorités nationales et provinciales, l’OMS a intensifié ses efforts pour contrôler le choléra à Nyiragongo et une partie de la zone de santé de Karisimbi, en fournissant trois structures sanitaires d’urgence (unités de traitement du choléra) à MEDAIR pour la prise en charge médicale des patients atteints par le choléra ou d’autres maladies d’origine hydrique. Ces unités de traitement de choléra ont été érigées au site de Bushagara, permettant de désengorger les autres sites comme Kanyaruchinya, en surpeuplement.
Le choléra est endémique dans les provinces orientales de la RDC (Nord-Kivu, Sud-Kivu, Tanganyika etc.), avec des flambées épidémiques régulières. En 2022, la RDC avait enregistré un total de 17 355 cas suspects dont 285 décès (létalité de 1,6 %) dans 98 zones de santé appartenant à 17 divisions provinciales de la santé (DPS).