Nouveau Premier ministre: Kabuya et les enjeux de l’heure
Lors du dernier briefing avec la presse nationale, le 22 février dernier, le Chef de l’Etat Félix Tshisekedi avait rassuré quant à la nomination d’un nouveau « Formateur » du gouvernement. Ce n’était qu’une question d’heures, à en croire Félix Tshisekedi. Hélas, plusieurs jours sont déjà comptés et les Congolais s’impatientent.
Reconduit Informateur le 26 février dernier, Augustin Kabuya Tshilumba aura totalisé près de deux mois sans achever sa mission. L’homme qui attendait les résultats définitifs de la Cour Constitutionnelle pour les législatives nationales, trainent encore les pas, alors qu’il ne lui restait pas grand-chose.
L’ossature étant déjà définie, Augustin Kabuya n’avait qu’à constater et tirer les conséquences. A la surprise générale, l’Informateur a relancé les consultations, jusqu’à réveiller le scepticisme des Congolais dans l’opinion tout comme dans la classe politique.
Signalons qu’à la Haute Cour, parmi les 1.123 requêtes, seules 43 ont été jugées fondées. Au total, 43 députés parmi les 477 élus ont été invalidés. Avec au moins cinq sièges supplémentaires, l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (Udps) a confirmé sa place de principale force de la majorité. Il pourrait revendiquer le poste de Premier ministre. Même après avoir perdu quatre sièges, l’Union pour la Nation Congolaise de Vital Kamerhe garde sa deuxième place au sein de la majorité. Fenêtre ouverte pour réclamer la présidence de l’Assemblée nationale.
L’AFDC-A de Modeste Bahati qui a perdu six sièges n’est plus à la troisième position ; même chose pour AB50 de Julien Paluku qui s’est vu déposséder de trois sièges. L’opposition reste toutefois minoritaire avec moins de trente sièges sur les 477 pourvus à ce stade.
Kabuya qui a cette ossature, n’avait plus à s’inquiéter pour retourner à la Cité de l’Union Africaine.
Sama rassuré
Avec à son actif 47 députés nationaux, 75 députés provinciaux, la dynamique Agissons et Bâtissons (AB), conduite par le Premier ministre Jean-Michel Sama Lukonde, a été reçue mercredi 20 mars, dans la soirée, par l’Informateur Augustin Kabuya.
A l’issue des échanges, Jean-Michel Sama Lukonde est largement revenu sur le sens de cette deuxième phase des consultations de l’Informateur qui constitue une étape importante avant la formation imminente du Gouvernement, conformément à la vision et à la ligne édictée par le président de la République, Félix Tshisekedi. Les questions liées à la taille et au format du prochain Gouvernement ont été abordées.
“Nous sommes venus ici à la suite de la première rencontre que nous avions déjà eu avec l’Informateur dans sa première phase de mission. Et aujourd’hui, notre force politique, la dynamique Agissons et Bâtissons (AB), constituée de ses forces, l’ADA, l’AB et l’ANB, au total 47 députés, pour suivre d’abord les indications qui devraient nous être données dans cette deuxième phase. La deuxième phase comporte les éléments de cohésion gouvernementale et puis les axes programmatiques qui vont guider le travail de ce Gouvernement. Nous avons eu essentiellement à échanger sur la taille et le format du Gouvernement qui doit tenir compte de nos réalités actuelles qui doivent aller vers le sens de la rationalisation et ensuite sur les priorités qui avaient été édictées par le président de la République”, a déclaré Sama Lukonde.
Le numéro 1 de la dynamique AB a par ailleurs souligné avoir rappelé le poids de sa force politique, qui se place deuxième après l’Udps, à l’issue de la publication des résultats définitifs des législatives nationales.
Gérer les frustrations
Au sein de l’Union sacrée de la nation, l’ordre bouleversé a créé des frustrations. Ainsi, le pouvoir discrétionnaire du président de la République serait vivement souhaité pour éviter une implosion au sein de l’USN.
L’élément dangereux et à craindre serait Bahati Lukwebo, poignardé au dos avec l’invalidation d’abord de son fils biologique, mais également de ses 8 autres élus. Guy Richard Malongo, Secrétaire général de la formation politique AFDC-A, dans une brève communication au lendemain de la décision de la haute cour qui a rendu son arrêt dans le cadre du contentieux électoral, avait promis que l’AFDC va se battre pour faire prévaloir ses droits.
Des contacts sérieux sont actuellement menés par le président du parti, Bahati Lukwebo à ce sujet, avait rassuré le SG Malongo. Bahati a toujours rêvé grand, et il serait prêt à tout pour avoir de la place chez Fatshi. Dans le cas contraire, ce grand politicien sait décider sur son sort (l’on se souviendra de toutes ses manœuvres pour remplacer Thambwe Mwamba à la tête du Senat).
A l’Assemblée nationale, c’est la guerre entre Kamerhe et Mboso, cet octogénaire mobutiste qui s’accrocherait au pouvoir. Kamerhe se voit déjà speaker de l’Assemblée nationale.
L’homme qui aime laisser des traces positives, par son leadership, veut aider Félix Tshisekedi par l’orientation des débats à la chambre basse du Parlement. Ici, l’impossible n’est pas Kamerhe, et Tshisekedi qui veut corriger les erreurs du passé, sait qui choisir entre Kamerhe et Mboso. Pour le Senat, si Bahati n’en rêve plus, Tshisekedi sait qui y placer.
A Kabuya de déposer son rapport final, et laisser le chef décider !
Bernetel Makambo