Offensive (néo)coloniale en République démocratique du Congo : Solidarité avec le peuple congolais !

Conformément à sa lutte de longue-haleine contre le (néo)colonialisme et pour la libération des peuples du monde entier des chaînes de l’oppression, le CETIM exprime sa solidarité avec le peuple congolais, confronté à une offensive de milices paramilitaires directement soutenues par le Rwanda, un pays satellite des puissances impérialistes dans la région.
Après la prise fin janvier de la ville de Goma, chef-lieu de la région du Nord-Kivu, le 18 février l’offensive militaire a investi et conquis la ville de Bukavu, capitale du Sud-Kivu et deuxième ville la plus peuplée des régions orientales du pays. Il n’est pas étonnant de constater que ces deux régions abritent environ 80 % des réserves mondiales de cobalt, 20-30 % de coltan, environ 38 % des réserves mondiales de terres rares, sans mentionner les énormes réserves d’or, diamant, cuivre, lithium et uranium.
Les rebelles paramilitaires et les militaires rwandais présents dans le pays extraient ces ressources et métaux précieux dans les territoires congolais occupés, pour après les acheminer illégalement vers le Rwanda. De cette façon, ils nourrissent les chaînes d’approvisionnement contrôlées par les sociétés transnationales et le gouvernement de Kigali qui exportent ces richesses vers les pays occidentaux. À ce titre, il convient de souligner que la Commission européenne a signé un protocole d’accord avec le gouvernement rwandais pour la fourniture durable de minerais stratégiques, qui sont en réalité saisis illégalement en RDC. Comme si cela ne suffisait pas, le mémorandum alloue également des fonds pour la mise en place d’infrastructures de raffinage des ressources, tout en livrant les connaissances et les technologies de pointe en matière d’extraction et de traitement.
Dans les zones occupées, le prix des denrées alimentaires de base a grimpé de plus de 100% en raison de la pénurie d’approvisionnement qui résulte de la guerre. Au premier rang des populations plus durement affectées par les violences, il y a les femmes et les enfants. De façon plus générale s’y ajoutent les communautés paysannes et rurales qui vivent et travaillent dans les zones de convoitise. À ce sujet, nous vous invitons à lire le communiqué de La Via Campesina, le mouvement paysan articulé au niveau mondial, qui dispose d’organisation membre dans la région et en RDC également.
Selon les chiffres de l’agence humanitaire de l’ONU en RDC, environ 500’000 personnes ont été déplacées par la force à cause des exactions, et cela dans une zone qui abrite déjà presque 5 millions de personnes déplacées à l’intérieur du pays. Selon le Programme alimentaire mondial (PAM), 4,5 millions d’enfants de moins de cinq ans et 3,7 millions de femmes enceintes et allaitantes risquent de souffrir de malnutrition aiguë au cours des cinq prochains mois dans la zone.
Cette énième initiative prédatrice contre la RDC et son peuple s’inscrit dans la volonté des élites dominantes – de la région et internationales – de contrôler les riches ressources naturelles du sous-sol congolais. Des ressources, faut-il le rappeler, absolument fondamentales dans les processus d’accumulation capitalistes actuels, attisés par les sociétés transnationales et ses alliés politiques. Celaest d’autant vrai en ces temps de révolutions techno-scientifiqueset de course mondiale à la primauté technologique et commerciale. Il faut le dire, lesgrandes puissances impérialistes, et principalement les États-Unis et l’Union européenne, sont coresponsables de cette situation, des massacres et, de facto, de l’invasion d’un État (le Congo) par un autre (le Rwanda).
À noter que, l’interventionnisme rwandais n’exonère en rien la responsabilité du gouvernement congolais qui a laissé la situation pourrir depuis de nombreuses années. En effet, cette dernière administration, comme la précédente d’ailleurs, est caractérisé par une pratique politique anti-sociale et tout aussi prédatrice, protégeant les intérêts des élites locales corrompues et des sociétés transnationales étrangères.
Le peuple congolais a besoin de la solidarité internationale et de toute action de plaidoyer pertinente pour mettre fin à cette guerre de pillage (néo)coloniale et revendiquer son droit à l’auto-détermination. Les sociétés transnationales doivent rendre des comptes pour les violations des droits humains et pour leurs actions destructrices : il en va de la souveraineté étatique et populaire du pays. Leprotocole Union européenne – Rwanda, qui réglemente l’importation de terres rares en provenance d’un pays qui n’en possède pas et qui les pille dans un pays voisin, doit être abrogé, de manière immédiate et inconditionnelle. Et finalement, les instances onusiennes compétentes devraient agir et prendre des mesures effectives à l’égard du Rwanda. À ce sujet, voir entre autres la résolution adoptée par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU.
Genève, 26 février 2025.