Page d’histoire Judo: Dans une interview exclusive, Me Dady Bakoyene évoque l’actualité, la préparation des jeux de la francophonie et son cursus
Me Dady Bakoyene Biembe, surnommé à ses débuts ‘’Le Jeune Maître’’ et aujourd’hui coach Android ou coach international, a accordé une interview très intéressante à un confrère de la place que nous reprenons in extenso.
Coach, vous êtes coach ou entraineur de léopard/judo vivant en Europe, comment pouvez-vous encore vous présenter vous-même ?
Dady Bakoyene : ‘’Je me nomme Bakoyene Biembe Dady autrement appelé Le Jeune maître et aujourd’hui coach international Android. International, ce n’est pas pour vexer les gens, c’est juste par rapport à mon ami Giga Samuzu qui aime se faire appeler coach ya mboka et moi vivant en Europe, j’ai opté coach international. C’est par affinité entre moi et lui. Je suis judoka CN 4è Dan. Je suis entraineur de l’équipe nationale de la RDC de judo depuis 2018 au niveau de la diaspora. Et avec la coordination, je suis entre la diaspora et l’équipe nationale là-bas au pays’’.
Quelle est l’actualité du judo congolais au niveau l’international là où vous êtes ?
Dady Bakoyene : ‘’Au niveau international il n’y a pas que la France. J’ai d’autres athlètes qui viennent de la Hollande, Espagne j’ai un athlète de -66 kg qui combat ce week-end la Liga, une compétition par équipe en Espagne. Et au niveau de la France, mon athlète Ridy dans la catégorie -90 kg, ils ont gagné le championnat de France 2è division. Ils sont qualifiés pour accéder en 1ère division. Celui de la Hollande combat pour la Bundesliga. En ce moment il est ici parce qu’on a un stage de performance avec lui en France. Mbuyi Kalonji est aussi dans l’équipe. Il était blessé et va revenir. Il y a pas mal d’athlètes. Comme le club AJUCOOD, ils sont au niveau de la 3è division. Il y a des compétitions qui vont arriver et des compétitions individuelles aussi. A part les athlètes congolais, il y a aussi quelques athlètes des pays africains que j’encadre comme les congolais Tigana, Zulu etc. A côté il y a des gabonais etc’’
A trois mois des jeux de la francophonie avez-vous un plan pour préparer les athlètes congolais pour qu’ils raflent des médailles ?
Dady Bakoyene : ‘’Moi, ce n’est que le travail. Mais le travail va avec les moyens. Jusqu’au moment que je vous parle (nous on travaille en synergie avec le staff technique au niveau du pays) c’était prévu que soit organisés des stages, camps d’entrainement au niveau local et international. La francophonie, c’est un grand événement jusqu’aujourd’hui, la coordination fait des efforts avec ses propres moyens. Ça fait au moins cinq compétitions avec les propres moyens de la coordination. Le gouvernement ne nous a pas encore soutenus. On attend son soutien pour nous faciliter le travail. Tout le programme qu’on a fait, normalement on est en retard dans la préparation. Si vous voulez avoir des champions, un champion on le prépare au moins un an en avance. Nous on est à trois mois, on essaie de faire des efforts’’.
Pourriez-vous dire si vous avez les moyens de votre politique ?
Dady Bakoyene : ‘’On doit organiser un camp d’entrainement pour récupérer et regrouper tous les athlètes qui vont participer afin de créer une cohésion et un état d’esprit peaufiner le travail technique, tactique et mettre l’accent sur l’explosivité, la vitesse et tous les secteurs et les paramètres qui va suivre. Voir aussi côté endurance, cardio, il nous faut de l’argent car tout cela demande des moyens pour mettre en place tout ce qu’on veut faire. Il y a des athlètes qui sont ici, des athlètes qui sont là-bas au pays, il faut qu’ils se regroupent pour évoluer. Malgré que le judo est un sport individuel, on travaille toujours avec un partenaire. S’il n’y a pas des moyens, l’on ne peut pas prétendre gagner des médailles. Le sport en RDC c’est un peu compliqué. On a l’habitude de voir que le football. Bien que le football c’est le sport roi, il y a d’autres disciplines. Le judo c’est aujourd’hui la 2è discipline populaire en RDC. On est presqu’abandonnés à nous-mêmes. Vous vous imaginer on a 7 catégories en judo. Donc, on peut prétendre avoir 7 médailles en or, ou en argent ou en bronze. Et on a encore 7 médailles côté féminin. Sur 14 athlètes engagés, on a la chance d’avoir au moins 14 médailles. Alors qu’au football on n’a qu’une médaille soit en or, en argent ou en bronze. Pour faire évoluer les choses, on doit revoir la politique sportive de la RDC et mettre des moyens pour les sports individuels. On a les jeux de la francophonie et après, on a les jeux olympiques. Pour les J.O, il faut avoir des qualifications. Si on n’a pas des moyens d’aller chercher des qualifications, comment on aura des athlètes qui vont représenter le pays au niveau des J.O ? Donc, on a vraiment besoin des moyens et je pense que les autorités vont écouter cette émission et lire le journal ou en ligne tout ce que nous disons. Vous savez, depuis que la Coordination Nationale des Activités de Judo est mise en place, on a déjà ramené 6 à 8 médailles au pays lesquelles n’ont jamais été prises à leur juste valeur. On attend le nouveau ministre François Claude Kabulo Muana Kabulo qui vient d’arriver, on a ramené 4 autres médailles. On a un fort potentiel au niveau du judo mais l’on a un problème des moyens pour nous soutenir’’
Quid du parcours de Me Bakoyene Biembe Dady
Dady Bakoyene : ‘’Comme athlète j’ai un grand parcours. J’ai commencé à l’Institut Kinois de Judo ‘’IKJ’’, j’ai eu un premier transfert à Kodokan, puis passer à Geda et suis parti en international. J’ai combattu pour un club en Tunisie pendant 2 ans et suis allé en France. J’ai plusieurs titres de champion de Kinshasa, vice-champion du Congo, deux fois champion du challenge Me Kiwa, 2 fois champion 30 juin et 3 fois…Au niveau de la Tunisie, deux fois vice-champion de Tunisie par équipe et deux fois coupe de Tunisie par équipe. En tant qu’étranger je ne pouvais pas participer aux compétitions individuelles. Au niveau de la France, je combattais pour le JC Vincennes, 2è au tournoi st Turbo par équipe et en individuel, deux fois 3è au championnat de Paris et j’avais arrêté. Et j’ai repris fin 2021 et 2022 j’ai gagné beaucoup des tournois excllence et Label A ici en France, vice-champion de France vétérans en 2022 première édition. Je suis médaillé d’Afrique au niveau international. En 2002 médaille de bronze par équipe en Egypte’’
Comment êtes-vous devenu coach ?
Dady Bakoyene : ‘’Pour devenir coach, c’est d’abord une vocation. Quand on est athlète, moi j’avais toujours tendance à aider mes coéquipiers au niveau technique. J’estimais que je n’étais pas au-dessus d’eux mais j’avais la facilité de communiquer avec eux. J’avais aussi un entraineur qui m’a formé Nicolas Masakala qu’on appelait technique. Il était trop technique. Viendra ensuite Richard Nyawile, Biko Muzungu au JC Kodokan où j’ai appris préparation physique, mentale et détermination et en équipe nationale j’ai côtoyé Me Elim Tozo, Me Mutshipule Casino, Me Mike, Me Gika et le DTN Me Mangili Pinto. Tout cela m’a formé à avoir le bagage que j’ai aujourd’hui. Quand suis arrivé en Tunisie, il y avait un entraineur expérimenté plus l’expérience en France m’ont forgé. C’était une vocation que j’avais’’
Comment on peut résumer une journée d’un coach qui prépare une compétition avec les athlètes ?
Dady Bakoyene : ‘’Pour être coach aujourd’hui, c’est règlementé. Au niveau international et en France, pour être coach, il faut avoir le diplôme. Moi j’ai eu cette chance de faire une formation en tant que Directeur Technique, agent de développement et entraineur en 2021. Au niveau de la Fédération Internationale de Judo, ils ont règlementé aussi les choses. Il faut avoir une licence FIJ maintenant pour coacher qui sera mise en place en 2024. J’ai eu la chance d’avoir cette licence de niveau 1 et je vais faire pour le niveau2. Pour la préparation des athlètes, c’est un programme en fait. Quand vous avez un programme, c’est par rapport aux objectifs fixés. J’ai fait toujours mon programme par rapport aux objectifs. Et je fais toujours des objectifs intermédiaires. Par exemple, on prépare les jeux de la francophonie, mes objectifs, c’est glaner des médailles. Chaque athlète, je le prépare différemment des autres. Intermédiaires il y a des tournois ou open. Un mois avant je surcharge les athlètes, randori etc, ensuite je vais travailler l’explosivité, la vitesse, le déplacement, tactique de combat. La semaine avant la compétition, je vais travailler plus la tactique. Mais aussi une approche mentale qui est très importante’’.
Antoine Bolia