“Panama Papers et “Congo Hold UP”hier, “Rwanda Classified” aujourd’hui. Et demain ? Merci Colette Braeckman !

Rédacteur en chef du journal belge “LE SOIR”, Christophe Berti a publiquement désavoué Colette Braeckman pour son interview à ” AfrikArabia” intitulée ” Colette Braeckman, journaliste-impératrice du Congo belge, se raconte”, interview publiée le vendredi 7 juin 2024. De sa mise au point, le Rédacteur en Chef dit de Mamy Coco qu’elle ” était informée depuis le mois d’avril de l’existence de cette enquête, coordonnée par le consortium Forbidden Stories et dont Le Soir est partenaire. Elle a participé à plusieurs échanges internes sur le contenu de ce dossier. Elle a été interrogée par la RTBF, partenaire du projet, dans l’émission #Investigation consacrée à l’enquête « Rwanda Classified » (et enregistrée avant la publication). Elle était également présente à la dernière réunion interne détaillant le programme complet de publication des différents articles”. Il note que son journal “condamne les propos de Colette Braeckman, tels que rapportés dans l’interview, qui jettent l’opprobre sur le travail du consortium Forbidden Stories et de tous les médias partenaires”. Il soutient que ” Forbidden Stories fait un travail remarquable depuis plusieurs années pour poursuivre les enquêtes de journalistes menacés, emprisonnés, ou assassinés. Le consortium l’a prouvé avec le «Daphne Project», le «Cartel Project» ou «Story Killers» ces dernières années, pour ne citer que trois exemples. Forbidden Stories est également à l’origine du projet Pegasus, qui a révélé l’utilisation massive de ce logiciel-espion par des régimes autocratiques, dont le Rwanda. Un projet qui a reçu le prix Daphne Caruana Galizia 2021 du Parlement européen. Le professionnalisme et la rigueur journalistique de Forbidden Stories et des médias partenaires ne sont plus à démontrer et ne peuvent être remis en cause sans fondement…

De quoi rappeler deux autres affaires

L’information-clé est, toutefois, la rétractation de sa collaboratrice.

Ainsi, signale-t-il : “Dans un texte partagé sur son compte Facebook ce vendredi, Colette Braeckman a présenté ses excuses à tous ceux parmi mes amis et collègues du Soir et mes confrères de Forbidden Stories que j’ai blessés. J’ai toujours considéré que leurs enquêtes étaient la meilleure réponse possible au crime organisé et autres crimes et abus».

Qu’est-ce qui a valu à la consœur passant pour ” congologue ” de référence pareil désaveu ? Sans doute la réponse ci-après à une question : “J’ai découvert ma contribution lorsque mon article est paru en pages 4 et 5 dans l’édition du samedi 1er et dimanche 2 juin. J’ai alors vu que l’article était surtitré en rouge « Rwanda Classified ». Cette façon de faire m’a beaucoup surprise. Insérer mon article dans une enquête à charge contre Kagame en dénaturait le sens, lui conférait un impact que je n’imaginais pas. Le projet éditorial est clairement de diaboliser Paul Kagame. Je découvre tardivement, à mon détriment, ce monde de Forbidden Stories. J’ai été impliquée dans une opération qui n’a rien de journalistique, qui s’appelle une conjuration».

Ce qu’on sait avec précision, c’est que ce consortium est constitué de ” 50 journalistes de 17 médias internationaux aux réputations élogieuses, issus de 11 pays” et que “Le dossier s’est décliné en huit épisodes qui ont fait l’objet, durant une semaine, d’une couverture presse et média soutenue, avec une éditorialisation très travaillée, tant dans Le Monde qu’à Radio France, qu’au Soir (Belgique), que dans The Guardian (Grande-Bretagne), Der Spiegel (Allemagne), NRC (Pays-Bas) ou encore Haaretz (Israël)”.

De quoi rappeler deux autres affaires ayant défrayé la chronique au cours de ces cinq dernières années : “Panama Papers” et “Congo Hold UP”.

Pratique digne d’assassinat en douceur

Disons-le d’emblée : cette chronique ne prend nullement position en faveur de Paul Kagame. D’ailleurs, honni soit mal qui y pense. Elle alerte plutôt l’opinion congolaise sur une pratique digne d’assassinat en douceur. Patrice-Emery Lumumba aura été prophète à sa façon en révélant que l’histoire de l’Afrique sera écrite par des Africains et pour des Africains.

En effet, l’histoire du Congo depuis sa création est celle des crimes vrais ou faux révélés plus tard par des médias dits internationaux (comme) pour se faire bonne conscience.

Pour ne pas remonter au déluge, on peut se remémorer les ” temps forts” du fameux matraquage médiatique international au cours de ces 34 dernières années, successivement avec :

1. le massacre des étudiants de l’Université de Lubumbashi en 1990 ;

2. le massacre des Chrétiens lors de la marche du 16 février 1991 et

3. le massacre des réfugiés Hutu par les troupes de l’Afdl en 1997.

A l’analyse de tous les faits politiques, diplomatiques, sécuritaires et économiques suscitant l’intérêt des médias internationaux (en réalité occidentaux) formant des ONG du genre ” Forbidden Stories “,European Investigative Collaborations”, ” International Consortium of Investigative Journalists”, il s’avère que la préoccupation essentielle est la déstabilisation des régimes en place lorsque, en fruits mûrs ou pas mûrs”, ils sont programmés pour tomber quand même devant l’ouragan de l’Histoire”, dixit Mobutu.

En d’autres termes, se réjouissant de voir Paul Kagame et son régime en voie de tomber par le biais des mêmes médias qui l’encensaient jusque-là, les Congolais doivent commencer par admettre deux évidences :

– la première est que tous les prédécesseurs de Félix Tshisekedi ont subi à un moment ou à un autre cette épreuve. Ce qui laisse supposer qu’il n’y aura pas d’exception pour le chef de l’Etat actuel, ni pour ses successeurs ;

– la seconde est qu’en aucun cas ce matraquage, mieux ce ” génocide médiatique”, n’a résolu le vrai problème du Congo : le développement économique et social.

D’où la troisième évidence : le matraquage ou “génocide” médiatique a pour conséquence logique de bloquer le développement économique et social du Congo. Et de l’affaiblir aux niveaux politique et sécuritaire.

Se réjouir de cette épreuve revient à se condamner au sous-développement.

C’est une sentence implacable.

Sur ces entrefaites, Mamy Coco a, comme qui dirait, tiré la bonne sonnette d’alarme. Il arrive aux médias de se voir embarqués ” dans une opération qui n’a rien de journalistique, qui s’appelle une conjuration » !

 

Omer Nsongo die Lema