PARLONS-EN : Paul Kagame brandit Berlin II, le Parlement, les partis, les églises et les ONGs d’habitude loquaces se taisent !
C’est comme s’ils redoutaient les réactions des parrains et des poulains du président rwandais…
Hélas !, s’agissant du Parlement, la Constitution de la RDC n’a pas prévu le cas de figure pour une telle menace sur le pays. L’article 134 dispose : « Le Sénat et l’Assemblée nationale se réunissent en Congrès pour les cas suivants : l’adoption et, le cas échéant, la révision de son Règlement intérieur ; la procédure de la révision constitutionnelle ; l’autorisation de la proclamation de l’État d’urgence ou de l’état de siège et de la déclaration de guerre ; l’audition du discours du Président de la République sur l’état de la Nation et la désignation de trois membres de la Cour constitutionnelle, conformément aux dispositions de l’article 158 de la Constitution »…
PARADOXALEMENT, AUCUNE DES CHAMBRES N’A RÉAGI
A défaut du Congrès, chacune des chambres (Assemblée nationale et Sénat) est en droit de s’y prononcer en utilisant l’une des motions prévues dans le règlement intérieur, notamment la plus simple : la motion d’information.
Pour une question vitale tenant à l’intégrité territoriale et à l’unité nationale, la réaction spontanée du Gouvernement au travers de son porte-parole Patrick Muyaya méritait d’être appuyée par les deux chambres qui, toutes affaires cessantes, se devaient de consacrer une plénière radiotélévisée.
C’est déjà bon que l’Assemblée nationale, par exemple, ait voté une loi interdisant toute négociation avec le M23. Mais la gravité de la déclaration de Paul Kagame vaut plus que toutes les résolutions et recommandations jusque-là prises dans le cadre de la gestion de la question sécuritaire à l’Est. Cette déclaration est, du reste, de nature à mettre fin à toutes les revendications des groupes armés opérant au pays, en priorité celles de l’Ituri, de l’ex-Kivu et du Tanganyika.
Paradoxalement, aucune des chambres n’a réagi de façon conséquente, si bien qu’un député national a exprimé tout son désappointement lors de la plénière du 21 avril dernier, s’étonnant de voir l’Assemblée nationale se préoccuper des propositions et des projets de lois n’ayant aucune urgence par rapport à l’actualité brûlante.
HUIT EXTRAITS
Or, qu’est-ce que Paul Kagame a déclaré au Bénin ? Un média en a repris huit extraits repris ci-dessous in extenso.
PREMIER EXTRAIT
« Le problème de la RDC ou le problème de la région, ou même le problème du Rwanda, ce n’est pas le M23. Le M23 est le produit de beaucoup d’autres problèmes qui n’ont pas été résolus depuis une décennie. Si vous vous rappelez, le problème du M23 existait même avant que Tshisekedi ne soit Président. Il y avait un problème lié à cela en 2012. Si vous regardez dans l’histoire, vous le verrez » ;
DEUXIÈME EXTRAIT
« Concernant le M23, ce sont des Congolais mais qui ont un héritage rwandais. Les frontières qui ont été tracées durant la période coloniale ont découpé notre pays en plusieurs morceaux ».
TROISIÈME EXTRAIT
« Une grande partie du Rwanda a été laissée à l’extérieur dans l’est du Congo, dans le sud et l’ouest de l’Ouganda, etc. Nous avons des populations dans ces parties d’autres pays autres que le Rwanda qui ont des origines rwandaises. Maïs, ce ne sont pas des Rwandais ; ils sont citoyens de ces pays qui ont absorbé ces parties du Rwanda à l’époque coloniale. C’est un fait, un fait historique ».
QUATRIÈME EXTRAIT
« Vous pouvez faire des recherches et avoir plus de détails sur cela. Donc, ces problèmes sont beaucoup plus anciens que moi et beaucoup plus anciens que Tshisekedi et probablement ceux qui étaient là à l’époque ne sont plus en vie. Voilà donc l’origine du problème ».
CINQUIÈME EXTRAIT
« Ces personnes ont été privées de leurs droits au Congo, et le problème de 2012 auquel j’ai fait allusion, c’est lorsqu’ils avaient pris les armes contre leur propre gouvernement à cause de ce problème. Donc c’était mal géré et vous voyez que nous sommes en 2023, donc 11 ans après le problème revient. Cela signifie qu’il n’a pas été correctement géré ».
SIXIEME EXTRAIT
« L’ONU s’est impliquée, tous les pays se sont impliqués, y compris les grandes puissances, mais ils n’ont jamais réglé le problème. Donc, vraiment qualifier le problème de cette région de soit le problème du M23 ou le qualifier de problème du Rwanda, c’est faire une fuite en avant et ne pas vouloir trouver la solution au problème ».
SEPTIEME EXTRAIT
« Mais actuellement, au moment où nous parlons, toute la région de l’Afrique de l’Est, avec l’Angola, nous avons deux processus. Un processus de Nairobi et un autre processus de Luanda. Ils ont fait tout ce qu’ils pouvaient pour essayer de résoudre le problème, mais ce sont de telles plaintes qui empêchent en fait les gens de trouver des solutions parce que le processus de Luanda et le processus de Nairobi sont très clairs sur l’origine, les besoins et la façon de résoudre le problème. Maïs apparemment, c’est le pays qui a le problème, c’est-à-dire la RDC, qui rend difficile la résolution du problème ».
HUITIÈME EXTRAIT
« Encore une fois, ce que je dis, ce sont des faits. Vous pouvez les vérifier. Nous ne pouvons donc pas continuer à nous plaindre du problème sans avoir les faits clairs qui doivent être traités. C’est là où nous en sommes. Mais j’espère qu’avec la participation de la région, les choses seront réglées ».
NI PARLEMENT, NI PARTI OU REGROUPEMENT POLITIQUE !
Peut-on comprendre que le Parlement de la République Démocratique du Congo ne débatte pas des propos déclarés officiellement par le Président rwandais, c’est-à-dire agisse comme si « On répond à un imbécile par le silence » alors que le pays est menacé dans son intégrité et que sa population, déjà victime d’insécurité, est en train de servir de prétexte pour la Communauté internationale de coller à la RDC le statut de catastrophe humanitaire ?
Il n’y a pas que le Parlement. Même les partis et les regroupements politiques ayant réellement pignon sur rue ne convoquent aucune réunion du bureau ou du directoire politique, ni n’annoncent des manifestations publiques en guise de protestation. Ils se contentent de la prise de position individuelle du leader !
Pire, les forces vives de la Société civile – dont les églises et les ONGs des droits de l’homme d’habitude loquaces – semblent se réfugier dans l’amnésie, donnant l’impression d’avoir peur de frustrer les parrains de Paul Kagame et de redouter en même temps ses poulains !
Ce silence assourdissant trahissant le défaitisme est de nature à faire croire à certains décideurs que leur filleul ou bras séculier Paul Kagame a raison. Simplement au nom de l’adage « Qui ne dit mot consent ! ».
Un comportement à la fois triste et terrible…
Omer Nsongo die Lema