Plébiscité par la population congolaise pour avoir récupéré des localités occupées par le M23 : Actions des Wazalendo condamnés par l’EAC

Alors que les Wazalendo arrachent les unes après les autres des localités jadis occupées par les supplétifs de l’armée rwandaise, dans un communiqué de presse, le Communauté est africaine « EAC » emboitant le pas aux Etats-Unis d’Amérique,  déplore la perte de vies humaines, les blessures et le déplacement de civils et condamne les actions des Wazalendu  qui « contrastent avec la résolution pacifique » du conflit. L’EAC rappelle que les contingents du Burundi, du Kenya, du Soudan du Sud et de l’Ouganda déployés dans la région, ont respecté le code de conduite et les procédures établies décrites dans l’Accord sur le statut des forces et les lois internationales comme la protection des civils. Ce qui est également la position des FARDC qui observent scrupuleusement le cessez-le-feu, alors que la population souhaite les voir apporter un soutien aux Wazalendu. C’est dans ce contexte que  l’EAC demande à toutes les parties impliquées dans le conflit à respecter le cessez-le-feu et à faire preuve de retenue conformément aux directives et orientations stratégiques données de temps à autre par le Sommet des Chefs d’État de l’EAC. Cette prise de position fait suite à la déclaration en date du 12 octobre 2023, des États-Unis qui ont appelé les autorités de la Rdc, la Mission de l’ONU pour la Stabilisation en RDC (MONUSCO) et la Force régionale de la Communauté de l’Afrique de l’Est à renforcer leurs efforts pour protéger les civils de manière coordonnée.

Depuis le début du mois d’octobre, l’accalmie qui s’observait il y a quelques semaines sur les lignes de front, a été rompue avec la reprise des affrontements dans les territoires de Masisi et Rutshuru entre l’unité spéciale de l’armée rwandaise composée des terroristes du M23/RDF et les jeunes résistants regroupés au sein des mouvements d’autodéfense « Wazalendo ». Ces derniers récupèrent localité après localité et ont annoncé pouvoir lancer l’attaque pour récupérer Bunagana au plus tard ce lundi 16 octobre 2023. Le soir  du 13 octobre 2023, des sources sur place renseignaient que par la frontière ougandaise, les contingents de l’armée ougandaise, les UPDF de l’EAC, « viennent de franchir la frontière en direction de Bunagana avec plusieurs armes lourdes et soldats pleins dans 8 véhicules militaires en renfort » pour arrêter les Wazalendo dans leur progression vers Bunagana.

Pour l’EAC, « de telles actions contrastent fortement avec la résolution pacifique envisagée du conflit par le biais du processus de Nairobi sous la supervision du CCE », regrette Peter Mutuku Mathuki, secrétaire exécutif de cette organisation sous-régionale. Qui plus est, précise la même source, les opérations menées par la force régionale sont guidées par son mandat et ses orientations stratégiques donnés de temps à autre par le Sommet des Chefs d’État de l’EAC.

Cette prise de position est perçue par les observateurs comme une complaisance au M23en difficulté devant Wazalendo ce qui a fait réagir la force est africaine.

« Nous sommes profondément préoccupés par les allégations infondées et la propagande négative étiquetée contre les contingents de l’EAC, qui impliquent une collaboration avec des groupes armés », a posté l’EAC  estimant que  « de telles allégations visent à attaquer le travail acharné et les gains réalisés par la force régionale de l’EAC, qui déploie tous les efforts possibles pour rétablir la paix et la sécurité dans l’Est de la Rdc ». Si d’un côté on indexe les forces de l’EAC, sur les réseaux sociaux le respect du cessez le feu par le gouvernement congolais est perçue comme étant de l’indifférence qui frise la trahison.

 

Est-ce la réactivation de la diplomatie asymétrique contre la Rdc ?

 

Les Wazalendo justifient leurs actions par l’article 63 de la Constitution qui oblige tout congolais ou groupe de Congolais à protéger l’intégrité territoriale de la Rdc.  Mais en tant que partie prenante dans les accords de Nairobi et Luanda, les FARDC sont tenues d’observer le cessez-le feu. Mais, il s’observe  sur les réseaux sociaux des critiques sur «  l’indifférence et la léthargie » des FARDC face au succès des patriotes Wazalendo au front.

Toutefois,  considérant l’inefficacité de la force de l’EAC sur terrain, et des accusations de complicités avec le M23, la Rdc exige impérativement la fin de cette mission au 8 décembre 2023 afin, que les FARDC aient la liberté d’agir contre les forces Rwandaises et ses supplétifs M23. Mais en attendant, les FARDC sont tenues d’observer le cessez le feu. Et le message des officiels de l’ONU affirmant que les forces rwandaises de M23 sont mieux équipées que la Monusco, mais actuellement mises en débandades par des jeunes patriotes, semble n’avoir été qu’un discours pour démoraliser les FARDC et booster le moral de M23, soit un soutien psychologique au M23 contre la RDC.

Les États-Unis, en tant que premier donateur d’aide humanitaire en RDC, ne cessent de réaffirmer leur engagement à soutenir les populations vulnérables et exhortent tous les partenaires à faire preuve de générosité. Ce que ces observateurs estiment n’être  que « beaucoup d’hypocrisie. Le communiqué des USA et la réaction de l’EAC passent donc  pour une volonté de maintien du statuquo pour permettre aux agresseurs de continuer à occuper leurs positions et un déni de droit de légitime défense aux populations sous esclavagisme », sinon les USA et l’EAC  auraient pu « reconnaître aux populations locales leur droit légitime d’organiser la Défense de leur terre, conformément à l’article 63  de la Constitution. Cela à l’instar des ukrainiens et israéliens qui défendent militairement leurs territoires tout en n’abandonnant pas des approches ».

L’Ambassadrice des États-Unis auprès des Nations Unies, Linda Thomas-Greenfield, a également exprimé des préoccupations majeures lors d’un discours devant le Conseil de Sécurité de l’ONU le 28 septembre, mettant en évidence les actions du Rwanda dans la région. Elle a également appelé « les Forces armées de la RDC à mettre fin à leurs liens avec les FDLR, une relation qui préoccupait le Rwanda depuis longtemps ». Cet appel fait écho au discours du Rwanda et d’aucuns se demandent si c’est pour se  « justifier auprès du Rwanda après avoir imposé des sanctions à six individus pour leur contribution à l’escalade du conflit dans l’est de la RDC et avoir inclus le Rwanda dans la liste des pays visés par la Loi sur la prévention de l’enrôlement d’enfants soldats. Etant donné que cette  mesure entraînera des restrictions sur certaines formes d’aide bilatérale à la sécurité américaine ».

En même temps, la Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies en RDC, Bintou Keita, a fermement condamné l’escalade de violence dans le Masisi ( qui se solde par la récupération de plusieurs localités que Rwanda occupait). Elle a appelé à la mise en œuvre de la feuille de route de Luanda comme la seule solution viable au conflit. Une feuille de route que le M23 ne reconnait pas, tant que le gouvernement congolais refusera un dialogue direct avec lui. Mais, entretemps, les FARDC observent scrupuleusement et respectent le cessez-le-feu. Bintou Keita a souligné le soutien de la MONUSCO aux processus politiques et aux opérations militaires conjointes pour parvenir au désarmement des groupes armés.

Le gouvernement assure écouter son peuple

Face à tous ces discours qui font perdre en conjectures, le gouvernement congolais, lors d’un point de presse conjoint de son  porte –parole Patrick Muyaya avec Jean-Pierre Lihau, mercredi 11 octobre, affirme sans jambage que

” La position du gouvernement est très claire, nous souhaitons que la Force régionale de l’EAC quitte le pays à la fin de son mandat, prévu pour le 8 décembre, en raison du constat que cette force n’a pas obtenu les résultats escomptés dans les délais convenus. La population s’inquiète, notamment en raison des comportements observés qui ont abouti au changement de la direction de cette force “, a répondu Patrick Muyaya en réaction à une vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux où certains membres des Wazalendo, un groupe d’autodéfense, profèrent des menaces à l’encontre de la force régionale de l’EAC.

Et d’ajouter : ” Nous devons nous assurer que nous écoutons notre opinion publique en permanence pour maintenir une relation de confiance. Sinon, cette situation pourrait devenir un problème de sécurité. Nous avons déjà assisté à des incidents malheureux à Goma, où des manifestations étaient prévues, notamment contre la Monusco. Nous souhaitons donc attirer l’attention de tous sur le fait que nous traitons cette question au niveau diplomatique, et nous excluons fermement toute forme de violence à l’encontre de la force régionale “.

Patrick Muyaya estime que toutes les  campagnes de désinformation contraires à la position officielle du gouvernement sur les réseaux,  visent à détourner l’attention du public des revers subis par les rebelles du M23 face aux Wazalendo.

Willy Makumi Motosia