Pourquoi en veut- on à Vital Kamerhe ?

Le retour de Vital Kamerhe, président de l’Assemblée nationale sur la scène politique après sa condamnation suivi de son acquittement à la suite du célèbre procès 100 jours n’a pas été vit d’un bon œil par une certaine opinion dans la classe politique congolaise. Depuis, tous ses faits et gestes sont scrutés et passés au scanner par ceux qui ne jurent que par sa déchéance. Au moindre fait, ils ne manquent pas l’occasion de tirer à boulets rouges sur celui surnommé « Le pacificateur » tout en l’exposant à la vindicte populaire et à la clameur publique. Le dernier fait en date qui alimente la toile et fait l’objet d’un débat à la place publique est la présence d’un ordre de mission signée le 19 juin dernier par le président de l’Assemblée nationale relative à la participation de la Chambre basse du parlement à la 49ème Session plénière de l’Assemblée parlementaire francophone et à la 10ème édition du parlement francophone des jeunes du 5 au 10 juillet prochain à Montréal au Canada.

En effet, c’est une délégation de 22 personnes parmi lesquelles les députés nationaux et leurs assistants parlementaires, les membres de cabinet du président, les membres de l’administration de l’Assemblée nationale, et est prise en charge par cette dernière. Et pourtant, plusieurs pays censés participer à ces assises ont réduit sensiblement le nombre des membres de leurs délégations. Ce document administratif pourtant confidentiel qui a vite fuité dans la place publique via les réseaux sociaux, a été récupéré par les adversaires politiques de Vital Kamerhe pour le fusiller. Et du coup, les commentaires sont allés dans tous les sens jusqu’à sortir des calculettes pour évaluer ce que peut coûter en terme de dollars américains cette mission, la première de Vital Kamerhe à l’extérieur du pays après son élection à la tête de la chambre basse du parlement. 1.302. 000 dollars que Vital Kamerhe aurait sollicité en procédure d’urgence, c’est le montant global qui est avancé par ces derniers qui crie «  au début macabre de saignement des fonds publics de l’État alloués à l’Assemblée nationale ».

D’autres sont allés loin pour non seulement dénoncer ce qu’ils qualifient de légèreté dépensière dans le chef de VK, mais aussi l’interpeller à la prochaine session septembre pour donner des explications à la représentation nationale sur cette « gabegie financière  pour une rencontre qui ne va rien apporter au pays ». Même si les relations diplomatiques entre la République démocratique du Congo et le Rwanda dont une de ses citoyennes Louise Mushikiwabo occupe le secrétariat général de l’organisation internationale de la francophonie, ne sont pas au beau fixe, la participation de Parlement congolais à ces assises est importante. Aussi, les prédécesseurs de Vital Kamerhe ont eu à conduire d’importantes délégations à l’extérieur du pays pour participer à des rencontres où le pays est attendu et cela n’a jamais posé problème.

Et comme si cela ne suffisait pas, un autre document confidentiel dans lequel Vital Kamerhe sollicite auprès du ministre des Affaires étrangères les passeports diplomatiques de ses enfants a fait le buzz dans la toile. Alors que les articles 114, 115 et 256 du règlement intérieur de l’Assemblée nationale sont clairs sur les bénéficiaires de passeport diplomatique. «  Le député national a droit à une carte de légitimation, un passeport diplomatique pour lui-même, sa conjointe et les enfants à sa charge », dit le Règlement intérieur de la Chambre basse du Parlement. Et là encore, Vital Kamerhe n’a pas échappé aux critiques de ses détracteurs. Bien avant c’est une correspondance que l’ancien président de la chambre, Christophe Mboso a adressée à Vital Kamerhe pour réclamer les indemnités de sortie de membre du bureau provisoire qu’il a dirigé et celles du bureau pour la mandature 2019- 2023. Cette correspondance qui paraît normale et logique car c’est de droit que ces deux bureaux sortant rentrent dans leurs droits a été récupérée dans le camp adverse pour accuser Vital Kamerhe de vouloir détourner ces frais. Et pourtant, cela doit suivre la procédure normale dans la chaîne de dépenses.

Christophe Mboso au banc des accusés

Face à toutes ces attaques, le camp de Vital Kamerhe pointe du doigt Christophe Mboso, 2ème vice- président de l’Assemblée nationale et candidat malheureux à la primaire de l’Union sacrée pour la désignation de son candidat président de la chambre. Et depuis ce scrutin à l’interne, Mboso n’aurait jamais digéré son échec face au rouleau compresseur de l’électorat de Vital Kamerhe qui l’a battu à cette élection. L’opinion se rappellera de l’attitude affichée par Mboso juste après l’annonce de la victoire de Kamerhe, contrairement à Modeste Bahati qui a fait preuve de fair-play en le félicitant de vive voix. Quant à Mboso, il a préféré éviter de croiser son regard avec son challenger. C’était pour les observateurs avertis, le début de la gue- guerre entre les deux personnalités.

Aussi, le fait que Kamerhe n’ait pas accepté d’occuper le bureau dans lequel Mboso siégeait comme Président de l’Assemblée nationale et préférant occuper son ancien bureau quand il avait assumait ses fonctions, n’est pas un fait de hasard. L’interpellation par la sécurité de l’Assemblée nationale d’un groupe des personnes parmi lesquelles se trouveraient des proches de Mboso dernièrement, surprise en train de faire des incantations maléfiques devant le bureau de Vital Kamerhe n’est pas un fait à banaliser . Ceci sans compter l’attaque de sa résidence qui a causé mort d’hommes. Et tous ces faits mis ensemble, certains observateurs proches de Vital Kamerhe crient à l’acharnement contre ce dernier, une œuvre qui viendrait du camp Mboso avec l’objectif de descendre Vital Kamerhe et dresser la population contre lui. Ce qui ne fait l’ombre d’aucun doute que la guerre est désormais déclenchée entre Vital Kamerhe et Christophe Mboso, constate une certaine opinion tout en se demandant jusqu’où ira-t-elle ? Wait and see, disent les anglophones.

RSK