Premier cycle électoral Udps : 57 % d’électeurs privés du droit de vote !
S’ils pouvaient réagir de là où ils sont, Étienne Tshisekedi pour l’Espace Kasaï, Marcel Lihau pour l’Espace Equateur, Vincent Mbwakiem pour l’Espace Bandundu, Frédéric Kibassa pour l’Espace Katanga et Faustin Birindwa pour l’Espace Kivu auraient douché l’enthousiasme des fêtards du 31 décembre 2023. Ils auraient tancé et désavoué Denis Kadima, car ils ne seraient pas reconnus dans la manière dont cet homme a organisé les élections.
Celles dont ils voulaient pour la RDC devraient être différentes des scrutins organisés sous le régime Mpr et Mpr Parti-Etat à l’époque du maréchal Mobutu et même sous le régime Kabila.
Normal : le nom Udps ne peut, ne doit, ne devra être lié qu’à des élections réellement libres, effectivement transparentes, véritablement démocratiques.
Si on estime un succès le fait d’avoir enrôlé 44 millions d’électeurs et de ne réussir qu’à y faire participer 18 millions, c’est-à-dire laisser de côté 26 millions de compatriotes, alors nous n’avons pas un problème.
Nous sommes le problème.
Oui, comment a-t-on pu réaliser l’exploit – car c’en était un – d’enrôler 44 millions d’électeurs en moins de 9 mois, de déclarer fiable le fichier électoral au point d’envoyer paître tous ceux qui ont émis des doutes sur cet instrument, puis, le moment venu, se révéler incapable d’aller à leur rencontre pour l’objectif pour lequel on leur a pris temps et énergies : le vote.
Souvenons-nous-en !
Il a fallu avoir un moral d’acier pour se faire identifier et enrôler avec des encodeurs qui semblaient se retrouver pour la première fois dans leur vie face à un ordinateur. Les cartes ” biodégradables ” délivrées ont été une grosse source de tracasseries pour les requérants en ce que, faute d’identification visuelle, des centaines de milliers d’électeurs ont eu du mal, par exemple, à accéder à certains services vitaux comme les banques et les messageries financières.
Et voilà que le Jour J (20 décembre 2023), la Céni n’a pas été en mesure d’atteindre un grand nombre d’électeurs, même quand – au prix d’une violation délibérée de l’article 52 de la Loi électorale – le vote s’est étendu sur six jours. Ne pas dépasser la moitié de l’électorat pendant une semaine, c’est la preuve que même en l’étalant sur dix jours, la Céni n’aurait pas atteint le cap de 60 %.
Qu’on ne vienne pas prendre pour prétexte les élections organisées sous le régime Kabila.
Depuis la publication du tout premier calendrier électoral en 2004 par l’abbé Apollinaire Malu-Malu (dont une interview à Rfi avait occasionné la mort de plusieurs combattants ses rangs), l’Udps s’était mis dans la posture de contestation systématique de toutes opérations de la Commission électorale indépendante (CEI). D’où le boycott du référendum de 2005 auquel on doit pourtant la Constitution actuelle et des elections de 2006. D’où aussi la contestation des résultats des élections de 2011 auxquels avaient participé Étienne Tshisekedi et ses proches. Du processus électoral de 2018, on sait ce qu’on en sait.
Ainsi, le premier processus électoral pour le régime Udps (2018-2023) devrait être exemplaire aux plans de la qualité et de la quantité, entendez de loin supérieur aux trois cycles sous Kabila.
L’aura-t-il été ? Avant de répondre, inversons le rôle en supposant l’Udps à l’Opposition et Denis Kadima là avec où il est, à la tête de la Céni.
Ce parti aurait posé ces questions essentielles au lendemain du vote du 20 au 26 décembre 2023 :
– primo, combien étaient-ils, les bureaux ayant fonctionné réellement entre 6h00 et 17h00 le 20 décembre 2023 sur l’ensemble du pays, en précisant leur localisation, et
– secundo, combien de bulletins de vote avaient été imprimés, en précisant leur dispatching.
On pourrait ajouter cette troisième question : par quel miracle des machines à voter se sont-elles retrouvées entre les mains des privés, et comme par le fait du hasard des candidats “FCC”, c’est-à-dire USN !
On peut l’affirmer : le pays serait aujourd’hui à feu et à sang. Les drapeaux de plusieurs pays occidentaux seraient en train d’être brûlés…
Notons que jusqu’à ce stade de lecture, aucun lien n’est établi avec les résultats électoraux provisoires publiés par la Centrale électoral le 31 décembre 2023.
Figurons-nous, maintenant, que la Céni de Denis Kadima, pour se laver de tout soupçon, parvienne à identifier les personnes ayant détenu illégalement les machines à voter et les bulletins de vote, personnes qui, vraisemblablement, sont de l’Union sacrée de la nation.
Figurons-nous qu’elle les traduise en justice et que les instances judiciaires fassent correctement leur travail.
Que va-t-il se passer ?
En toute logique, la Céni devra procéder à la déduction des voix du candidat présidentiable “bénéficiaire” du produit de la fraude !
Et là, Denis Kadima va poignarder non pas que Félix Tshisekedi, mais l’Udps, au grand dam des 13 Parlementaires à la base de la Lettre du 1er novembre 1980 à laquelle ce parti doit son existence…
Quel est ce combattant de l’Udps qui l’applaudirait ?
On peut déjà le supposer : ce sera le début de la descente aux enfers pour Denis Kadima avec comme premier grief non pas la fraude électorale – car c’est trop gênant – mais la tentative de briser l’unité nationale via la partition de l’électorat dans des proportions inquiétantes : l’exclusion de 57 % d’électeurs qu’il a pourtant fait identifier et enrôler en bonne et due forme, et qu’il a délibérément laissés sur le bord de la route ! Des électeurs interdits de se plaindre au risque d’être qualifiés d’étrangers…
Omer Nsongo die Lema