Présidentielle 2023 en Rdc : Battre campagne avec sa femme fait responsable, glamour, identité, genre et familial
«Pas de Première Dame si je suis président de la République». C’est la profession de foi du candidat président de la République N°3 Moïse Katumbi Chapwe, singleton, au lancement de sa campagne électorale ce 20 novembre dans la ville de Kisangani. Ce, contrairement au président de la République sortant, candidat N°20, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, qui ne trouve pas encombrante la compagnie de l’encore Première Dame Denise Nyakeru depuis l’inauguration de sa croisade électorale le 19 novembre à Kinshasa dans le mythique Stade des Martyrs. Une polémique s’est alors enflée sur la toile où les pro Katumbi en réfèrent à Mzee Laurent Désiré Kabila qui n’avait jamais révélé la Première Dame jusqu’à sa mort, oubliant cependant que son fils, Joseph Kabila, qui lui a succédé au pouvoir, s’est mis la corde au cou avant d’aspirer démocratiquement au pouvoir en régularisant sa relation avec la future Première Dame Olive Lembe. Elle fut très entreprenante à ses côtés lors de la campagne électorale de 2011. En effet, battre campagne avec sa femme fait responsable, glamour, identité, genre et familial. Même dans un pays non démocratique et à tradition communiste comme la Chine, Xi Jinping s’affiche avec sa femme.
Candidat N°3 à la présidentielle 2023, Moïse Katumbi Chapwe a commencé la deuxième semaine de sa campagne par sa visite dans le Grand Nord de la province du Nord-Kivu. Il a harangué les foules à Oïcha, Beni et Butembo. Sans doute, ce lundi 27 novembre, il sera l’hôte de la ville de Bukavu après son passage dans celle de Goma quatre jours plus tôt.
C’est le lundi 20 novembre que le président d’Ensemble a lancé sa campagne électorale sur la place Grand poste à Kisangani, dans la province de la Tshopo. Après Kisangani, il est arrivé tour à tour à Buta (Province de Bas-Uélé), à Isiro (Province de Haut-Uélé), Bunia (Province d’Ituri) et à Mahagi (Province d’Ituri), avant de mettre le cap sur Goma. Jusque-là, le candidat N°3 s’affiche en singleton dans toutes ces pérégrinations. Pas l’ombre de la future Première Dame. Pas non plus de communion entre elle et les populations congolaises à travers toutes ces contrées parcourues.
L’absence de Madame Moïse Katumbi Chapwe à ses côtés pendant cette campagne électorale a donné lieu à une polémique qui enfle dans les réseaux sociaux. Anticipant sur cette situation, le candidat N°3 avait fait une profession de foi au lancement de sa campagne électorale à Kisangani : «Pas de première Dame si je suis président de la République». Il est soutenu en cela par ses partisans qui prennent comme exemple l’ancien président de la République Mzee Laurent Désiré Kabila qui n’a jamais révélé la Première Dame jusqu’à sa mort. Mais, le père a été démenti par le fils qui lui a succédé au pouvoir après son assassinat. Le 17 juin 2006, soit six semaines avant les élections générales de 2006 dont il était candidat à la présidentielle, Joseph Kabila s’est noué la corde au cou en convolant en justes noces avec Mlle Olive Lembe avec laquelle il avait déjà un enfant. Le mariage a été célébré solennellement au cours d’un office œcuménique avec comme officiants principaux le cardinal Monsengwo et Mgr Marini. Si la nouvelle mariée était novice en 2006, mais on l’a vue très entreprenante et combative lors de la campagne électorale 2011 aux côtés de son mari, candidat à sa réélection. Les partisans de Moïse Katumbi Chapwe ne peuvent donc prendre comme exemple Mzee Laurent Désiré Kabila qui est arrivé au pouvoir dans les conditions que l’on sait et qui n’a jamais participé à une campagne électorale pour la présidentielle.
En effet, battre campagne avec sa femme fait responsable, glamour, identité, genre et familial. Ça donne plus que l’entrain à la campagne électorale. Cela participe vivement aujourd’hui du marketing politique. Les compagnes, à l’exemple de François Hollande, et les femmes des candidats influencent l’image globale de ceux-ci. Ainsi, sans la présence de sa femme Marisa Leticia Da Silva, le candidat Lula n’aurait sans doute jamais pu renverser la perception d’une image rigide de l’ancien syndicaliste qu’il fut.
Le candidat N°20 Félix Antoine Tshisekedi Tshisekedi n’a pas donc tort de s’afficher avec sa femme tout au long de sa campagne électorale. C’est pour la deuxième fois qu’il s’attèle à cet exercice. C’est un message, une image qu’il transmet : l’image de la famille qui est la cellule unitaire de la nation. Autrement dit, si le candidat président est incapable de faire transparaître une harmonie au niveau de sa famille, cela voudrait dire que celle au sein de la nation à construire est déjà en péril.
La présence de la femme du candidat président de la République à ses côtés, voire des enfants, est une affirmation du «genre» et de la promotion de la famille. C’est la consolidation de l’identité du couple qui se présente uni et en un seul être devant la population dont il sollicite les suffrages.
C’est le président américain John F. Kennedy qui a utilisé pour la première fois la famille à des fins exclusives de communication politique. Il avait ainsi encouragé les journalistes, les photographes, les cameramen à venir dans sa sphère intime pour filmer et le photographier avec sa famille : sa ravissante femme Jackie Kennedy, ses frères et leurs enfants respectifs.
En 1974, l’affiche de campagne de Giscard d’Estaing était bonnement révolutionnaire. La raison : c’était pour la première fois dans l’histoire de la communication politique en France qu’un homme s’affichait avec un membre de sa famille. En effet, sur l’affiche de campagne, Giscard d’Estaing posait avec sa fille Jacinthe, 13 ans, dans le jardin de leur demeure. Aussi, à l’occasion de son investiture le 27 mai 1974, il est arrivé à pied à l’Elysée avec ses deux filles qui l’attendaient dans la foule (à vélo) et qu’il avait embrassées tendrement. Ce fut une façon de se montrer proche des Français. Il réussit à donner de lui une image d’un président moderne, glamour et, surtout, très familial.
Vu donc sous cet angle, le candidat N°3 accuse un retard par rapport à celui N°20. Ce dernier apparaît comme un homme qui valorise la femme. Champion africain de la masculinité positive, ce dernier se montre plus que jamais proche des femmes et donne l’image de connaître leurs problèmes. Malgré le grand écart d’âge entre eux, Emmanuel Macron ne cache pas sa Brigitte ! Il n’est donc pas tard pour Moïse Katumbi Chapwe.
Moïse Musangana