Présidentielle en Algérie: Entre ironie et sarcasme, un échec annoncé
Dans le Muppets show politique made in Algeria, Atmane Mazouz, président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), ne mâche pas ses mots pour décrire un climat de crise que même les plus grands dramaturges n’auraient su mieux écrire. Il s’érige en critique d’un système dans lequel la crise n’est pas un bug, mais plutôt une fonctionnalité.
A l’approche des élections présidentielles anticipées prévues en septembre, il dépeint une précipitation électorale non pas comme un signe de dynamisme démocratique, mais comme la marque d’un système en décomposition, désespérément accroché à ses reliques autoritaires. En effet, l’anticipation des élections présidentielles n’est, selon lui, que le symptôme d’une crise de gouvernance, révélant ainsi les tréfonds d’un système désespérément accroché à ses vieux démons.
Le chef de l’Etat algérien sortant, au nom imprononçable, ne serait, d’après Mazouz, qu’une figure dans un tableau de gouvernance incohérente et oppressante, où la liberté semble être le prix à payer pour un semblant de stabilité. Le nombre de citoyens ayant croisé la justice pour avoir osé exprimer une opinion en est une preuve flagrante. « De mémoire, je n’ai pas vu une gouvernance aussi problématique, » confie Mazouz dans un soupir presque théâtral.
Sur le terrain, ces élections devraient être un moment de célébration démocratique, mais pour le président du RCD, elles sont tout sauf cela. Préparer des élections dans ce climat est comparable à vendre des billets pour une comédie dont tout le monde connaît déjà la fin tragique : la fraude.
L’Algérie, décrite par ses propres citoyens comme un géant aux pieds d’argile, est un pays où la fraude électorale semble être devenue un art gouvernemental maîtrisé, un peu comme ces vieilles recettes de famille qu’on se transmet de génération en génération, mais qui ne font plus vraiment envie.
Interrogé justement sur les attentes des Algériens, Atmane Mazouz peint le portrait d’un peuple aspirant à la liberté et à la justice, fatigué des promesses non tenues et des opportunités manquées. La jeunesse algérienne, plutôt que de trouver son salut dans les bras de son pays, choisit l’exil, bravant des mers souvent plus accueillantes que leur propre gouvernement. Ce n’est pas l’eldorado qu’ils fuient, mais un labyrinthe de népotisme et de corruption.
Quant à la possibilité d’un candidat unique de l’opposition, Mazouz reste sceptique. Unifier l’opposition est une idée séduisante, néanmoins dans un théâtre dans lequel chaque acteur joue pour sa propre survie, les rivalités sont fréquemment plus attractives que les alliances. Le RCD a tenté, sans grand succès, de créer une dynamique collective pour un changement véritable. Cela, selon lui, nécessiterait non seulement un engagement, mais également un véritable miracle politique.
La crise algérienne, aux multiples dimensions, semble donc exiger un véritable processus constituant pour restaurer la confiance perdue entre le peuple et ses institutions. « C’est ce que j’ai développé, » précise Mazouz, soulignant l’urgence d’un dialogue politique sincère, loin des manœuvres et des manipulations habituelles. Bref, le tableau que brosse Mazouz de l’Algérie est celui d’un géant politique non seulement endormi, mais aussi enchaîné.
Pour Atmane Mazouz, le président du Rassemblement pour la culture et la démocratie, le pantin préféré des capos marionnettistes du Régime d’Alger occupe certes la position de chef de l’État, mais il ne devrait pas être considéré comme président de la République. La distinction ici repose sur la question de légitimité : désigné plutôt qu’élu. Le malheureux ne bénéficie pas, selon Mazouz, de la légitimité démocratique normalement requise pour un président de la République.
Bien que le sénile côté balcon du Muppets show made in Algeria tienne les rênes du pouvoir, et encore, il manque la légitimité fondamentale accordée par un véritable mandat populaire, faisant de lui plus un occupant du palais présidentiel qu’un véritable leader démocratiquement élu.
La faible participation électorale lors de son élection (moins de 7% selon les chiffres officiels) atteste d’une intronisation plutôt que d’une élection, soulignant ainsi son rôle de président de fait, mais pas de président de la République au sens où l’entendent les démocraties.
L’Algérie, dotée de ressources naturelles abondantes, d’un potentiel humain non négligeable et d’une diaspora compétente et dévouée, a tout pour réussir. La reconstruction du pays nécessite, cependant, une véritable volonté politique et un engagement envers la transparence.
Le portrait de l’Algérie que peint Mazouz est celui d’un géant, non seulement endormi, mais entravé. Et dans ce cadre tragique, semblable à une pièce de théâtre antique, le peuple algérien tient le rôle de Prométhée moderne, attendant encore l’arrivée de celui qui viendra enfin libérer ses chaînes.
Mohamed Jaouad El Kanabi