Prix Nobel de la Paix 2018 : Denis Mukwege, Candidat président de la République

Dans son  point de presse tenu dans la grande salle de la paroisse Fatima, à Kinshasa, ce lundi 2 octobre 2023,  le Prix Nobel de la paix 2018, Dr Denis Mukwege, a accédé à, « la demande faite par la population congolaise lui demandant de briguer la magistrature suprême » lors des élections générales de décembre prochain. Le Prix Sakarov 2014, affirme être un « citoyen révolté » par la misère et la mauvaise gouvernance qui le pousse à s’engager. Surnommé “l’homme qui répare les femmes”,  le célèbre médecin gynécologue de 68 ans qui soigne des centaines de femmes victimes de viols de guerre à l’hôpital de Panzi qu’il a fondé en 1999 dans l’Est de la Rdc saura-t-il relever le défi de « réparer la mère patrie » , si le peuple lui donnait mandat?

Affirmant n’être que dans la continuité de son action depuis 40 ans auprès de la population congolaise, le Professeur  Denis Mukwege ne pense pas salir sa blouse blanche de médecin par la crasse de la politique politicienne sans éthique,  « ceux qui sont attirés par le pouvoir pour le pouvoir sont dans l’Union Sacrée (soi-disant bon côté de l’histoire), c’est leur histoire mais nous, nous sommes avec le peuple », a-t-il affirmé. Et de préciser qu’il est un « citoyen révolté par la misère et la mauvaise gouvernance ».

Denis Mukwege affrontera donc le président sortant, Félix-Antoine  Tshisekedi, dont le premier mandat,  a été marqué par la crise sanitaire du Coronavirus, des difficultés économiques aggravées par la guerre en Ukraine, des conflits communautaires latents et une aggravation de l’insécurité dans l’Est depuis que le Rwanda qui se masque derrière le M23, pourtant  vaincu militairement en 2013, a lancé une offensive majeure en 2022.

Ainsi donc, pour changer le cours de l’histoire nationale, le natif de Bukavu qui affirme n’avoir  « ni or ni argent, je n’ai même pas des t – shirts et des casquettes à vous distribuer », promet de changer les choses par le travail et la discipline,  en s’appuyant sur 12pilliers de la gouvernance qu’il dépoilera d’ici la campagne électorale.

 

Nostalgie de la grandeur perdue de l’ère Zaïre ?

 

C’est en  « citoyen révolté » que Dr Mukwege affirme affronter la présidentielle de décembre 2023. Révolté par la grandeur perdue de l’ère Zaïre quand « le nom de Mobutu et du Zaïre inspiraient respect, contrairement aux réalités  actuelles où même le Rwanda est beaucoup craint que le géant RDC », estime-t-il.

« Nous ne sommes pas n’importe quel pays, demain nous seront le géant du monde », martèle le Prix Nobel qui en appelle à un  engagement collectif, pour « faire le choix entre l’esclavage et la liberté, de réévaluer mon engagement au service du peuple. Notre pays est malade de sa classe politique», estime-t-il.

« L’heure de la rupture est arrivée » , à en croire Mukwege et certains de ses partisans d’affirmer qu’  avec son «  ‘OUI’ à la sollicitation des mamans victimes  des viols et toutes sortes d’atrocités, qui lui avaient demandé de postuler, cela  fait non seulement trembler Kagame, mais aussi l’effraie tellement qu’il connaît le Dr Mukwege. C’est GAMER OVER pour lui au Congo de Lumumba/Kasavubu. Car avec une personne crédible, intègre et vraie diplomate comme Mukwege Président, les grands du monde  viendront investir chez nous ».

 

Qui est Denis Mukwege

 

Chirurgien gynécologue de renommée mondiale, Denis Mukwege, est le fondateur et  Directeur médical de l’hôpital Panzi à Bukavu. Fils d’un pasteur pentecôtiste, il a été soutenu dans ses études de médecine par la mission pentecôtiste suédoise. Le Dr Mukwege a décidé de se spécialiser en gynécologie et en obstétrique après avoir constaté que les patientes de l’hôpital Lemera n’avaient pas  de soins médicaux suffisants, ce qui entraînait des complications lors de leur accouchement.

Il  fonde son hôpital en 1999 en tant que clinique de soins gynécologiques et obstétriques, et s’attendait à travailler sur les questions de santé maternelle. Depuis 1999, le Dr Mukwege et son équipe aident à soigner plus de 50 000 survivants de violences sexuelles. Des soins holistiques soignant bien des blessures physiques et fournissant également des services juridiques et psychosociaux gratuitement à ses patients.

Le Dr. Mukwege s’efforce depuis belle lurette de renforcer la protection des femmes et de plaider pour que les responsables de violences sexuelles soient traduits en justice, « y compris le gouvernement congolais et les milices qui assiègent l’est de la RDC ».

En octobre 2012, il a été violemment attaqué et sa famille tenue en joue à son domicile lors d’une tentative d’assassinat. Cela plusieurs semaines après qu’il ait dénoncé le conflit qui dure depuis  années dans le pays et demandé que les responsables soient traduits en justice lors d’un discours aux Nations unies. Il sera dans l’obligation, avec  sa famille, de fuir le pays pour raison de sécurité, mais ses nombreux patients et collègues congolais l’ont exhorté à reprendre son travail de sauvetage à l’hôpital de Panzi. Ce qu’il a fini par faire en janvier 2013.

Avec Physicians for Human Rights (PHR), Denis Mukwege et ses collègues en danger en RDC, ont  travaillé en étroite coordination avec pour mobiliser une campagne mondiale visant à défendre et à protéger les personnes travaillant en première ligne pour aider les survivants d’atrocités de masse et poursuivre les auteurs de ces crimes de masse.

Mukwege fait également partie du comité consultatif de la Campagne internationale pour mettre fin aux viols et aux violences sexistes dans les conflits. Il a reçu de nombreux prix dans le monde entier, dont le prix Sakarov en 2014 et le Prix Nobel de la paix 2018, pour ne citer que ceux-là.

Dans ce cas,  en se portant candidat à la présidentielle, le réparateur des femmes s’engage à réparer la mère patrie ?

 

Willy Makumi Motosia