Propos de Kagamé : silence éloquent de l’UA, l’ONU… (Par José NAWEJ)
Un silence aussi assourdissant qu’éloquent. Difficile de faire l’économie de ce double oxymore à la suite de cette espèce de « motus et bouche cousue » observée depuis les propos « blasphématoires » du Président rwandais.
« Blasphème » contre les chartes respectives de l’ONU et de l’Union africaine. Ce bréviaire de ces deux organisations où est coulé dans le marbre le sacro-saint principe de l’intangibilité des frontières héritée de la colonisation.
Or, c’est ce dogme que le « nouveau Bismarck » des grands lacs veut remettre en cause en faisant part de ses prétentions territoriales sur une partie du Kivu ! Simple ironie d’agenda ou démarche préméditée ? C’est hors du Rwanda que l’homme fort de Kigali se rend coupable -en parole- de ce « crime de lèse-intégrité territoriale ».
La gravité des propos de Paul Kagamé contraste, cependant, avec le silence de mort dans les différents cénacles de la communauté internationale. Comment comprendre qu’aucune organisation sous régionale, régionale, internationale, aucun pays n’ait daigné sinon condamner à tout le moins exprimer sa préoccupation par rapport à ces velléités de révisionnisme voire de négationnisme du fondement de la souveraineté et de l’intégrité des pays du vaste monde ? Se mettre à redéfinir les frontières actées à l’accession de l’indépendance serait, en effet, la meilleure manière de déstabiliser l’Afrique avec, effet domino oblige, le risque des guerres à la pelle.
Pas la peine d’être géopoliticien pour le savoir. Pas même besoin d’un CQFD (Ce qu’il fallait démontrer) pour l’établir.
A partir de cette vérité d’évidence, on ne peut se poser moult questions sur à la fois les ressorts de la déclaration iconoclaste de Kagamé et de l’absence de réaction à ce « sacrilège ».
S’agirait-il d’un ballon d’essai étant donné que le Président rwandais est quelque part originellement en « mission commandée » en terre congolaise depuis le milieu des années 90 ? L’historique « on m’a poignardé dans le dos » lâché par le Maréchal Mobutu ou encore « le complot est vaste » dénoncé par la suite par 2Mzee Laurent-Désiré Kabila. Bref, cet arrière-fond de balkanisation sur laquelle travaillent des officines sous couvert de la très longue agression assortie de rébellions business.
Le « dérapage » apparemment contrôlé du chef de l’Etat rwandais ne procéderait-il pas d’une posture à l’effet de contribuer à l’entretien du statu quo ? Lequel permet à toutes les parties prenantes- y compris les nouveaux venus de l’EAC – ou intervenants visibles et invisibles de continuer à profiter de richesses du sol et du sous-sol de l’Est congolais. Ce, au nom du paradigme bien connu selon lequel « la guerre est plus rentable que la paix ». Le fameux « no war, no job ». Tout ceci pourrait expliquer cela.