Protection des droits humains pour mettre fin au SIDA: Le prof. Liévin Kapend explique les avancées réalisées
À l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le SIDA, le 1er décembre de chaque année, le Programme commun des Nations unies contre le VIH/SIDA (ONUSIDA) souligne à travers la thématique retenue cette année que le respect des droits de l’homme de toutes les personnes vivant avec le VIH ou exposées au risque d’infection est essentiel pour mettre fin à cette pandémie d’ici à 2030. Ainsi, selon le Secrétaire exécutif national du Programme national multisectoriel de lutte contre le VIH/SIDA (PNMLS), le professeur Liévin Kapend, les résultats programmatiques sur les 3X95, renseignent que 452 914, soit 87 % des PVVIH ont eu connaissance de leur statut sérologique.
Selon l’ONUSIDA), le monde a fait d’énormes progrès pour réduire l’impact du VIH au cours des 15 dernières années. 30,7 millions de personnes soit 77 % des personnes vivant avec le VIH ont été sous traitement en 2023, contre seulement 7,7 millions en 2010. Cette évolution s’est traduite par une baisse spectaculaire du nombre de décès liés au SIDA, qui a diminué de 51 % au cours de la même période.
« Au niveau de la République démocratique du Congo, les résultats programmatiques sur les 3X95 renseignent que 452 914 PVVIH ont eu connaissance de leur statut sérologique (87%), 444 592 PVVIH ont été mises sous traitement ARV (98%) et 151 188 PVVIH ont eu accès à la charge virale (46%) pour un taux de suppression de 89%. Aussi, faut-il souligner que 9 894 femmes enceintes et allaitantes sous ARV ont suivi le programme de PTME (40%) », a fait savoir le Secrétaire exécutif national du PNMLS, le Professeur Liévin Kapend.
Cependant, malgré la mise au point d’une série de traitements et d’outils de prévention efficaces, renseigne l’ONUSIDA, le monde n’est toujours pas en mesure de mettre fin au SIDA en tant que menace pour la santé mondiale d’ici à 2030.
« Les progrès sont trop lents. En effet, dans au moins 28 pays, les nouvelles infections par le VIH sont en augmentation », fait remarquer ce Programme des Nations unies.
Comment protéger les progrès déjà réalisés dans la lutte contre le VIH et continuer à progresser vers cet objectif vital de 2030 ?
A cette question, soulignons que le nouveau rapport de l’ONUSIDA publié à l’occasion de la Journée mondiale du SIDA, intitulé : « Emprunter la voie des droits », montre que le respect des droits est la voie à suivre pour une riposte au VIH qui soit solide et durable.
En effet, pour l’ONUSIDA, le monde peut mettre fin au SIDA en tant que menace pour la santé publique « si les droits de l’homme de toutes les personnes vivant avec le VIH ou exposées au risque d’infection sont protégés ».
Ainsi : « le respect des droits des femmes et des jeunes filles est essentiel pour mettre fin à la pandémie de SIDA », préconise ce rapport, soulignant que la violence fondée sur le sexe accroît la vulnérabilité au VIH.
En RDC, renseigne le PNMLS, le nombre de personnes déclarées vulnérables, y compris les PVVIH et SVS, qui accèdent aux services sociaux de base a évolué au fil du temps passant de 2.501en 2018 à 9.673 en 2021. Malgré, cette augmentation ne représente que 12% (83.314) de la cible de 2023.
« Le nombre de PVVIH et survivants des violences sexuelles (SVS) vulnérables qui accèdent aux services sociaux de base augmente au fil du temps passant de 1.260 en 2018 à 10.757 en 2021.Malgré une montée spectaculaire de 5.111en 2020 à 10.757 en 2021 Cette performance ne représente que 13% de la cible prévue (69.007) en 2023 pour les PVVIH et SVS », a indiqué le Secrétaire exécutif national du PNMLS, avant de de préciser ceci : De 2018 à 2021 parmi toutes les cibles, les PVVIH et les SVS ont plus accédé aux services sociaux de base, soit 55,3% (10.757/19.434), suivis des miniers environ 33,5% (6.515/19.434) ; 41% de la cible totale prévue en 2023 (331 populations clés) soit 165 PS, 94 HSH, 29 TG, 43 PID ont accédé aux services sociaux de base.
« La RDC met également un accent sur les droits de PVVIH à travers son PSN spécifiquement dans son axe 4 dénommé la réduction de la stigmatisation et discrimination. A travers cet axe, le pays prône les droits des PVVIH car cet axe devrait faciliter l’accès aux services de soins pour tous sans stigmatisation et discrimination », a-t-il ajouté.
Selon l’ONUSIDA, le refus de l’éducation et de l’information met les gens en danger. D’où, il est urgent, préconise l’ONU, d’investir dans l’éducation des filles et d’offrir une éducation sexuelle complète – un élément essentiel de la prévention du VIH.
Les obstacles à la santé doivent être levés. Par exemple, plus de la moitié des pays ont des lois qui empêchent les jeunes de se faire dépister pour connaître leur statut sérologique, à moins qu’ils n’obtiennent l’autorisation de leurs parents, ce qui fait fuir les jeunes et conduit beaucoup d’entre eux à ne pas savoir s’ils vivent avec le VIH.
« En RDC également les lois constituent une barrière au dépistage des mineurs sans l’autorisation de leur parents. Beaucoup d’efforts doivent être déployés par rapport l’accès à l’information et aux soins de services des jeunes adolescents en particulier la jeune fille », a plaidé le Professeur Lievin Kapend, qui s’est appuyé sur les résultats du rapport préliminaires de l’EDS 2022-2023 pour justifier cela. Selon ce rapport, le pourcentage des adolescentes et jeunes filles de 15 à 24 ayant une connaissance des moyens de prévention du VIH est de 21,8% ;
Le pourcentage des adolescents et jeunes garçons de 15 à 24 ayant une connaissance des moyens de prévention du VIH est de 25,7% ; 13,3% des femmes de 15 à 49 ans ayant déclaré qu’un condom avait été utilisé au cours des derniers rapports sexuels. 22,3% des hommes de 15 à 49 ans ayant déclaré qu’un condom avait été utilisé au cours des derniers rapports sexuels. 8,4% des femmes de 15 à 49 ans ayant effectué un test du VIH au cours des 12 derniers mois et ayant reçu le résultat du dernier test. 7,5% des femmes de 15 à 49 ans ayant effectué un test du VIH au cours des 12 derniers mois et ayant reçu le résultat du dernier test.
Le VIH pédiatrique constitue l’un des défis également pour la RDC
Bien que de nombreux pays aient réalisé des progrès considérables pour réduire l’impact du VIH sur les enfants, l’engagement de protéger tous les enfants vivant avec le VIH et affectés par le virus n’est pas respecté.
Un enfant sur trois ne bénéficie pas d’un test de dépistage du VIH au cours des deux premiers mois de sa vie, la fourniture d’une thérapie antirétrovirale à vie aux femmes enceintes et allaitantes vivant avec le VIH n’a pas augmenté au cours de la dernière décennie et la couverture du traitement du VIH est nettement plus faible pour les enfants (57 %) que pour les adultes (77 %).
« Le VIH pédiatrique constitue l’un des défis également pour la RDC avec 22 235 enfants seulement qui ont été mis sous ARV (44%) dans les différents sites de prise en charge. Mais la bonne pratique est que la RDC fait également partie de l’alliance mondiale pour l’élimination du VIH pédiatrique », s’est réjoui le Secrétaire exécutif national du PNMLS.
Soulignons que la criminalisation et la marginalisation de groupes de personnes, tels que les homosexuels, les transsexuels, les travailleurs du sexe et les toxicomanes, sapent également les efforts déployés pour mettre fin au sida. L’adoption d’une législation encore plus sévère à l’encontre de ces groupes dans de nombreux pays augmente les niveaux de stigmatisation et de discrimination et éloigne les gens des services de traitement et de prévention du VIH.
La réaction hostile aux droits qui menace de réduire à néant une grande partie des progrès accomplis dans la lutte mondiale contre le SIDA doit être combattue de front. Pour protéger la santé de chacun, nous devons protéger les droits de tous.
Il y a de l’espoir
Dans le monde entier, un certain nombre de lois qui entravaient la fourniture de services de santé publique à des groupes de personnes vulnérables ont été supprimées.
Aujourd’hui, renseigne l’ONUSIDA, deux tiers des pays ne criminalisent pas les personnes LGBTQ. On observe également une nette tendance à la suppression des lois contre-productives qui criminalisent l’exposition au VIH, la non-divulgation ou la transmission du virus.
A cet effet, l’enquête sur la cartographie programmatique et estimation de taille des populations clés réalisée en 2022 en RDC relève que :
La proportion des Professionnelles de Sexe qui rapportent avoir vécu un épisode de discriminations dans les 6 derniers mois est de 36.0 %. En effet cette proportion, explique le PNMLS, est de 28,5% de celles qui ont vécu un épisode de violence physique ou sexuelle dans les 12 derniers mois précèdent l’enquête ;
Un peu plus d’un Homme ayant de rapport sexuel (HSH) avec un autre homme sur quatre soit 28.2 % ont signalé avoir vécu un épisode de discriminations dans les 6 derniers mois suivant ; et que près d’un HSH sur cinq, soit 22,4% ont vécu une violence physique dans les 12 derniers mois de l’enquête.
Le PNMLS renseigne que la proportion des Transgenre (TG) victimes d’un épisode de discriminations dans les 6 derniers mois de l’enquête est de 39.0 %. Cette proportion est de 30% quant à ceux qui ont vécu un épisode de violence physique ou sexuelle dans les 12 derniers mois précèdent l’enquête ;
Enfin, retenons qu’environ 36.7 % des UDI ont rapporté avoir vécu un épisode de discriminations dans les 6 derniers mois et 20.0 % parmi eux ont rapporté avoir évité les soins de crainte d’être discriminé.
Le nouveau rapport de l’ONUSIDA fournit une feuille de route claire : Pour mettre fin au sida, il faut suivre la voie des droits.
Prince Yassa